Jeudi denier au siège de l’Union pour la République et la démocratie (URD), se sont rencontrés les cadres de ce parti de l’opposition et ceux du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti au pouvoir, pour dégager des pistes susceptibles de décrisper la situation sociopolitique.
Il ne s’agissait pas proprement dit d’une rencontre entre l’opposition et la majorité présidentielle, mais l’évènement augure, gageons-le, l’accalmie tant souhaitée sur la scène politique. Les deux formations politiques ont, en effet, convenu d’instaurer un cadre dialogue qui impliquera non seulement la classe politique, mais aussi la société civile de manière à ce que l’ensemble des Maliens se sente concerné par la situation difficile du pays.
L’initiative de cette ‘’retrouvaille’’ entre ces partis, quelque peu distanciés par des péripéties liées notamment à la dernière élection présidentielle, est venue du RPM dont le président, Dr Bocari Tréta, était au rendez-vous. Il conduisait une forte délégation comprenant notamment Issaka Sidibé, président de l’Assemblée nationale, Abdoulaye Niang, président de la Haute Cour de justice, le ministre Hamadoun Konaté, l’honorable Mamadou Diarrassouba… Ils ont été reçus, dans la plus grande convivialité, par le chef de file de l’opposition et président de l’URD, Soumaïla Cissé, et plusieurs cadres de son parti. A l’issue d’une entretenue de trois heures d’horloge, Soumaïla Cissé et Dr Bocari Tréta ont révélé à la presse la quintessence de la rencontre qui aura permis d’aborder la situation politique, les questions sécuritaires et les reformes en vue. «Des discussions très importantes », selon Tréta, puisqu’ils ont convenu de « conjuguer les efforts et œuvrer pour la décrispation de la situation politico-sociale ». A cet effet, une commission paritaire sera mise en place. Elle proposera un cadre de travail, au sein duquel les deux partis « identifieront les principaux défis à relever, en rapport avec toutes les forces politiques et sociales », a dit le président du RPM.
Le chef de file de l’opposition a salué cette belle initiative du RPM, précisant que ce fut une opportunité de passer en revue les différentes crises (sécuritaire, économique, sociale, politique) qui assaillent notre pays. « Ce qui est heureux, a-t-il relevé, c’est que nous sommes tous convenus qu’il y a une crise et que nous avons des responsabilités ». Des responsabilités que les deux partis se doivent d’assumer, face aux difficultés actuelles du peuple malien. Soumaïla Cissé s’est dit convaincu qu’il faut des reformes institutionnelles, mais qui passent forcément par un dialogue politique impliquant les partis politiques, la société civile… Ce dialogue, selon le chef de file de l’opposition, doit aboutir à un accord politique qui permettra de modifier nos textes et tout ce qui peut contribuer à renforcer notre démocratie. « Cette rencontre doit être un début de dialogue entre les Maliens pour que nous sortions de cette crise par le haut », a-t-il déclaré, rappelant que le Mali est un pays de dialogue.
Est-ce que vous acceptez enfin la main tendue du chef de l’Etat ? « Le RPM m’a tendu la main, j’ai pris la main du RPM. Le président n’est pas le RPM », a répondu Cissé. Dr Bocari Tréta, estime cependant que toutes les initiatives qui seront prises vont nécessiter une intervention de toutes les Institutions, y compris la présidence de la République. Et le RPM, en tant que parti majoritaire, portera toutes les préoccupations exprimées lors de cette rencontre à la connaissance du chef de l’Etat. Vers la fin des ‘’hostilités’’? Certains l’affirment volontiers, car ces deux formations politiques ne «s’étaient pas rencontrées de cette manière, depuis six ans », dit un membre de l’URD.
Issa DEMBÉLÉ