Si le dialogue politique inclusif est réclamé au Mali depuis les événements de mars 2012, l’histoire retiendra que lors du dernier quinquennat d’IBK, qu’il pourra se tenir. Il est annoncé pour les prochains jours, mais pour quels résultats concrets rectificateurs du fonctionnement de notre Etat ? Saura-t-il être véritablement refondateur comme le réclame souvent Modibo Sidibé des FARE Anka Wuli ? L’on peut en douter. Alors, on se demande si ces discussions sont une solution ou une impasse démocratique.
Les polémiques et la mobilisation, qui ont actuellement cours, pour ou contre le dialogue politique inclusif mettent à jour un malaise grandissant face à cet exercice, qui marque, depuis quelques années, l’actualité sociopolitique du continent et ailleurs. Il a parfois permis de trouver des solutions à des crises structurelles ou profondes comme ce fut le cas récemment en France après la troublante éruption des Gilets jaunes .
En revanche, sous le même couvert, des crises naissent ou s’exacerbent et des régimes politiques établis de longue date se retrouvent confortés. Le dialogue politique semble désormais frappé de suspicions, et pour cause !
« Le dialogue est une manifestation de la démocratie. Il intègre en effet inclusion, participation, appropriation et viabilité, qui en sont des corollaires » (UN, 2008). Il facilite la consolidation de la gouvernance démocratique. En cas de crispation dans la vie politique, les appels au dialogue traduisent alors un enracinement progressif de la culture démocratique dans les mœurs politiques.
Ces dernières années, les dialogues ou débats politiques ont en majorité porté sur des questions liées à l’organisation des élections ou aux dispositions constitutionnelles relatives entre autres au mandat présidentiel (RDC, Congo, Guinée, etc.), à la mise en œuvre de réformes politiques et institutionnelles et à des crises plus ou moins manifestes (Togo, Côte d’Ivoire, Tchad, Burundi, etc.).
En réalité, dans la plupart des pays, l’appel au dialogue politique n’intervient souvent que comme la solution ultime à une supposée «apocalypse sociopolitique» imminente ou avérée. Comme c’est le cas au Mali.
Pour anticiper et contribuer à la résolution des crises, des pays comme la Côte d’Ivoire, le Niger ou le Tchad, (ou encore le Bénin sous le régime de Boni Yayi) ont mis en place des institutions ou cadres dédiés au dialogue. Ces expériences montrent une certaine volonté des acteurs au pouvoir de l’institutionnaliser. Mais en dépit de ces institutions, ces pays restent confrontés à des crises profondes, ou bien y couve parfois un manque criard de confiance entre protagonistes. *
Crise de confiance entre acteurs ?
Or, pour réussir cette noble mission, il faut une confiance mutuelle, indispensable à tout dialogue sincère. Tel n’est pas le cas au Mali.
Pour preuve, lors de leur conférence de presse en date du jeudi 13 juin 2019 à la Maison de la presse, l’on a pu constater la divergence entre le pouvoir et l’opposition sur la question du dialogue politique inclusif. Cette dissension entre le pouvoir et les partis et associations de l’opposition tient sur le Dialogue national inclusif et ses éventuelles conclusions. La désignation « unilatérale » par le président de la République des personnalités chargées de conduire le processus du dialogue inclusif ne rencontre pas non plus l’adhésion du FSD (opposition) qui estime que cette décision est contraire à « toutes les mesures d’inclusivité et à l’esprit des discussions avec le chef de file de l’opposition politique ».
Au même moment, le président de la République, lors d’une cérémonie le mardi 25 juin 2019 au palais de Koulouba, remettait la lettre de mission, au Triumvirat chargé de conduire le Dialogue politique inclusif. Cette cérémonie consacre l’installation officielle dans sa mission du Triumvirat, composé de l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, de l’ancienne ministre de la Culture, Aminata Dramane Traoré et du Médiateur de la République, Pr Baba Hakib Haïdra. Ces trois personnalités seront épaulées par l’ambassadeur Cheick Sidi Diarra, qui dirige le comité chargé de la préparation matérielle et scientifique de ces discussions.
Pour le chef de l’Etat, ce dialogue politique doit « faire l’inventaire des problèmes auxquels notre pays est confronté avec l’ensemble des acteurs, et proposer des solutions avec un chronogramme et un plan d’actions de mise en œuvre ». De façon détaillée, dira-t-il, la mission consistera à assurer l’inclusivité du dialogue politique avec l’ensemble des forces vives de la nation ; assurer l’adhésion de l’ensemble des acteurs aux résolutions et conclusions du dialogue ; favoriser l’adhésion des acteurs aux réformes politiques et institutionnelles ; assurer l’orientation du dialogue politique inclusif. Cela implique de connaitre les attentes de toutes les forces vives de la nation ; contribuer à l’apaisement du climat social ; trouver un consensus politique en vue de l’organisation des élections ; s’entendre sur la loi fondamentale; renforcer la confiance entre les institutions de la République et les populations et encadrer le dialogue politique inclusif.
Or, il est de notoriété que certains ressentiments mal digérés orientent les prises de positions des acteurs sociopolitiques. Peuvent-ils alors s’accepter et privilégier l’intérêt de la nation tout en sachant que certaines décisions n’avantagent pas leurs ambitions électorales ? Le Médiateur de la République abonde dans ce sens. « Les Maliens parlent ; ils se parlent ; mais s’entendent-ils ? S’ils s’entendent, alors nous pouvons résorber nos aspérités psychologiques, nos scléroses partisanes, nos incohérences multiples. Nous pouvons nous épargner des agissements stériles qui défigurent le pays, affligent nos compatriotes, désolent nos voisins et nos amis, pour avancer dans le progrès et la modernisation de notre pays et nous retrouver dans ce qui fait que nous sommes et nous devons toujours rester, c’est-à-dire, ‘’Maliens Tout Court’’, digne fier de l’être », a indiqué Pr Baba Hakib Haïdara.
En réalité, par ailleurs, dans la plupart des pays, l’appel au dialogue politique n’intervient souvent que comme la solution ultime à une menace sérieuse sur la stabilité des institutions. Les différentes expériences montrent en effet qu’en amont et en aval des « événements » formellement qualifiés troubles menaçant les institutions, dans la pratique courante de la gouvernance politique, même qualifiée de « démocratique », le dialogue apparaît comme une exception.
Déphasage entre le discours et la pratique politique
De façon générale, s’observe un déphasage réel entre la pratique politique des gouvernants, leurs discours relatifs au dialogue et les attentes de l’opinion exprimées par différents acteurs sociopolitiques. Bien souvent, les lendemains de dialogue ont donné raison aux opposants, qui refusent de prendre part à des échanges dont l’issue est prévisible ou connue. A ce sujet, le cas de la RDC où la dynamique de l’opposition voit un « piège » dans le dialogue convoqué par Joseph Kabila, est évocateur.
Loin d’être un exploit communicationnel comme cela semble être le cas le plus souvent, le dialogue politique exige de nouvelles capacités et compétences des acteurs politiques de tous bords.
En définitive, l’étude des dialogues politiques aboutit à un dilemme ou à une impasse. Les expériences de pays tiers abondamment relayées par les médias internationaux conditionnent les réponses des acteurs sociopolitiques d’autres pays conviés à cet exercice. Au regard de leurs propres réalités, ils semblent poussés à choisir entre violences et dialogue, alors que l’idéal démocratique n’offre qu’une alternative de type tautologique « dialoguer ou dialoguer », qui apparaît ici comme une véritable impasse démocratique, les acteurs du système (et non le régime politique, la nuance est importante) politique étant les mêmes. Comme quoi, quel vin neuf peut être contenu pendant longtemps dans de vielles outres ? Et là gît le leurre.
Bruno & Paul N’GUESSAN
Ils sont tous comptables des bêtises que notre pays traverse actuellement du début de la démocratie d’Alpha Oumar KONARE à IBK d’aujourd’hui. Ils ont tous été laxistes dans les prises de décisions, dans le contrôle et le suivi des voleurs en bandes organisées. Le Mali est sous le coup des grands fléaux que sont depuis la première République: le clanisme, le favoritisme, la gabegie, le mensonge, la tricherie, la surfacturation des marchés publics, l’égo sans limite, la jalousie, la méchanceté, le clientélisme, le désamour total face aux deniers publics, la couverture totale des plus grands voleurs du pays par les ténors du pouvoir, l’injustice, l’impunité, la conjugaison de ces maux fait disparaitre un pays quelque soit sa richesse. Nous sommes dans une fourberie et un cinéma dont les casting sont très mal menés.
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