Dialogue politique et social inclusif : Pour quels mobiles ?

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Nul doute que le président de la République poursuit des objectifs personnels bien loin de ceux dont le peuple malien a fortement besoin aujourd’hui: ‘’son dialogue politique et social inclusif’’ et sa volonté de révision constitutionnelle. Il est donc aisé de constater que derrière ledit dialogue se cache mal la détermination d’IBK de revenir à la charge pour remettre en selle son projet de révision constitutionnelle que notre peuple avait pourtant rejeté avec vigueur.

Certes, toute Constitution a besoin d’être révisée ? Mais il faut dire que toute révision constitutionnelle doit prendre en compte des préalables:

– la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire national;

– l’état de la nation en déphasage avec ses intérêts fondamentaux;

– la révision constitutionnelle avec une Assemblée nationale dont le mandat légal est en cours de validité;

– des concertations nationales des forces vives sur l’état des lieux dans le cadre de la gestion de la chose publique.

 

Que se passe-t-il donc au Mali ?

Tout homme sincère et aimant ce pays se rend à l’évidence que la gestion des ‘’démocrates’’ a plongé le Mali dans l’impasse totale, et pour cause:

– D’abord, au plan sécuritaire, par la faute de la gestion apatride des ‘’démocrates’’ maliens, le Mali est devenu un no man’s land, où tout est permis aux ennemis de notre peuple travailleur. L’occupation du Nord de notre pays par les narcotrafiquants et les criminels de grand chemin est la conséquence parlante de la politique de phagocytose de nos forces de défense et de sécurité par la fallacieuse gestion démocratiste de nos affaires sécuritaires: Alpha Oumar Konaré par sa fameuse ‘’Flamme de la paix’’, a brûlé nos armes à la grande satisfaction de notre ennemie historique en l’occurrence la France coloniale. Cette politique vise à faire de la France le pays fournisseur d’armes au Mali et pour mettre  entre parenthèses les amis russes et chinois qui nous ont toujours accompagnés dans les moments les plus difficiles de notre histoire. Ce colmatage politique d’Alpha Oumar Konaré a plongé le Mali dans le dénuement complet en matière de défense nationale.

Pour corrompre la nomenclature militaire, Alpha et ATT se sont livré à cœur joie à la nomination de dizaines de généraux. L’objectif visé était de faire de ceux-ci des remparts pouvant leur permettre de continuer à spolier le peuple et sa démocratie conquise au prix du sang de nos enfants. Sous Amadou Toumani Touré (ATT), l’avion qui a été brûlé dans la région de Gao n’a fait l’objet d’aucune enquête vraie, comme si le coup contre l’intégrité de notre territoire était en préparation !  Non seulement, nous assistons à la balkanisation à nouveau de notre territoire, mais aussi l’insécurité a malheureusement envahi tous les coins et recoins de notre pays. A Bamako, comme partout ailleurs au Mali, les Maliens vivent la peur au ventre et la mort dans l’âme.

–  Par rapport à l’état de la nation, il faut dire que c’est le désastre monstrueux dans toutes les sphères de la vie nationale. Ainsi:

+ Sur le plan économique, les Maliens vivent dans leur corps et dans leur âme les affres de la gestion calamiteuse de nos ressources nationales. Aujourd’hui, combien de fonctionnaires milliardaires foulent au pied les intérêts fondamentaux de la République pour se construire leur paradis terrestre avec le fort mépris de la décence et de la probité morale ! De plus en plus au Mali, ceux qui travaillent n’ont rien et ceux qui ne foutent rien du tout sont dans l’opulence insultante, dédaigneuse et arrogante. Cette dilapidation des biens de notre peuple passe par la corruption et la délinquance financière à tous les échelons de la vie économique nationale. Qu’on n’avance plus cet argument fallacieux selon lequel «nous sommes tous coupables» si l’on ne veut pas se moquer encore de ce peuple.

+ Sur le plan de l’éducation, il faut dire que notre pays dont les cadres étaient les plus recherchés en Afrique est aujourd’hui agonissant. En tout cas, dire que l’éducation nationale est en faillite n’est que pur pléonasme. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup dans les rues et dans les familles pour se rendre à l’évidence qu’il n’y a rien à attendre de bon de cette éducation en cours de nos enfants. Dans ce cimetière ahurissant de pédagogie éducationnelle quel bout tient l’école malienne ?

Point n’est besoin de l’analyser encore : notre système éducatif est tout simplement plongé dans une calamiteuse désertification intellectuelle. L’absence de tout débat scientifique à propos de nos programmes d’enseignement en est l’une des preuves parlantes. Dans ces conditions, nul besoin de dire que l’école malienne est vraiment malade par la faute de la gestion calamiteuse des pseudo-démocrates en mal de crédibilité et de créativité véritable.

Aller savoir le tableau des examens et cours, vous serez désagréablement surpris: la corruption, l’achat des notes et leur transmission au moyen du sexe, les fuites de sujets, les différents mécanismes de fraude défraient majestueusement la chronique dans nos familles, nos stades, nos lieux de cérémonies de baptêmes et de mariages pour le moins ostentatoires, et même dans les bars et les maisons de culte. Pendant ce temps on se refuse à admettre que la qualité de la formation de l’enfant a un coût.

De l’école, disons simplement que les démocrates sans repères l’ont spoliée, dépouillée de toute envie. C’est la preuve de l’ingratitude et de la trahison à l’égard des contribuables maliens qui ont financé les internats et les meilleurs enseignants pour les former à tenir tête à tout intellectuel quel que soit son origine.

– IBK envisage sa révision constitutionnelle au moment où l’Assemblée nationale et les élus communaux travaillent dans l’illégalité totale pour la raison toute simple que  les mandats que le peuple leur a confiés sont révolus depuis fort longtemps. Mais nos élus renonceraient difficilement aux meilleures conditions d’émoluments quand bien même leurs électeurs se meurent de tous les maux: la faim, la malnutrition, les disettes, l’affairisme, les détournements de deniers publics, la corruption, la surfacturation et la délinquance financière, sans compter les très mauvaises conditions de santé. C’est en s’appuyant sur ces élus dont les mandats sont arrivés à expiration depuis maintenant de lointains jours que le président entend poursuivre son projet. Pendant ce temps, il y a des cadres qui chantent les louanges des princes du jour pour qu’ils continuent à brouter paisiblement, à faire la cynique ponction dans les caisses de l’Etat et cela sans le moindre remord du monde ni la moindre sanction sérieuse.

–  Comment peut-on avoir pitié de ce peuple et envisager la révision constitutionnelle en vue de la mise en service d’un Sénat à la solde d’un président qui n’a visiblement réussi nulle part ? Vraiment, il ya problème !

–  Comment peut-on réviser la Constitution du Mali quand une partie du territoire reste impunément dans les mains des narcotrafiquants et rebelles de tout acabit ? Visiblement, là aussi il y a problème ?

Le problème est connu: contre la volonté populaire et en violation de la Constitution malienne, IBK veut et tient à l’Accord de paix qui ne fait pas l’affaire du peuple malien mais bien plutôt de la France coloniale et de ses représentants nationaux et africains. Si demain on demande à notre peuple de se prononcer librement sur ledit projet, il y a fort à parier qu’il n’aura nullement l’aval de ce peuple travailleur et cela en dépit des combines politiciennes dont il pourrait faire l’objet.

–  Aussi et enfin, il semble de plus en plus évident que notre peuple travailleur n’adhère nullement au dialogue politique et social inclusif auquel tient mordicus le président IBK. Surtout, selon certaines sources du dossier ‘’les gens peuvent discuter des thèmes prévus et même là c’est l’avis du président qui comptera en denier ressort’’.

On peut donc se demander: dialogue pour qui et pourquoi ?

En toute humilité, il convient de dire qu’il faut aujourd’hui des concertations nationales qui feront le diagnostic complet et sans complaisance de l’état du Mali et les causes de cet état défectueux que l’on voit hélas. Ces concertations auraient la latitude de proposer les remèdes les mieux indiqués et les plus adaptés.

Il est donc temps que les ‘’démocrates’’ maliens comprennent qu’à beau retirer la parole au peuple, il finit toujours par la prendre.

Fottorino disait: «La démocratie ouvre la porte à la liberté qui débouche sur la revendication. Une fois recouvré leur dignité, les hommes ne supportent plus l’insupportable. Démocratiser sans développer, c’est allumer une poudrière.» Il est temps que les ‘’démocrates’’ maliens fassent leur autocritique sincère et leur mea-culpa  en vue de mettre désormais le Mali au cœur de toutes les préoccupations. Pour le bonheur des masses travailleuses !

Fodé KEITA

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