Au nombre des questions évoquées lors de cette rencontre du 30 janvier, figurent l’insécurité galopante, les élections communales et régionales, la politisation de l’administration et des institutions, la censure de l’opposition à l’ORTM, l’impunité, mais aussi le prix du pétrole et le coût de la vie. Le Premier ministre et présidents des partis de l’opposition ont évoqué la situation sécuritaire préoccupante qui prévaut dans l’ensemble du pays. Modibo Kéita a fait la genèse des récents événements survenus à Tabankort et à Gao, avant de requérir l’analyse et les suggestions de l’opposition. De leur côté, les responsables de l’opposition ont souligné la responsabilité particulière des pouvoirs publics dans l’expansion de l’insécurité qui affecte le Nord, le delta du fleuve Niger et la lisière du Sahel occidental. Ils ont exprimé leurs profondes inquiétudes devant l’absence de stratégie et de réponses appropriées du président de la République et du gouvernement pour juguler l’insécurité et stabiliser le pays.
Les présidents des partis d’opposition ont formulé plusieurs propositions dont certains avaient déjà fait l’objet de communiqué de presse, lors de leur rencontre du mercredi 28 janvier au lendemain des tueries de Gao. Ces propositions sont de « tenir compte des nouveaux acteurs de l’insécurité dans les secteurs de Ténenkou, Ansongo et Ménaka ; redéployer les forces armées et de sécurité dans les régions affectées ; les doter de moyens conséquents à la hauteur des missions confiées ; veiller à ce que les ressources affectées aux FAMAS ne soient pas détournées, comme ce fut le cas ces derniers mois ; donner une sépulture décente et rendre les honneurs officiels aux soldats morts au front ; aménager des cimetières pour militaires tombés pour le Mali ».
Concernant le processus de négociations et la réconciliation nationale, l’opposition a renouvelé et insisté sur la nécessité de tenir une rencontre quadripartite (gouvernement-société civile-majorité-opposition) en vue d’élaborer une position malienne commune qui sera défendue à Alger.
Rejet des élections communales
Les leaders de l’opposition ont critiqué et refuser de donner leur onction pour les élections communales et régionales dans un climat sécuritaire dégradé, où il n’ y a ni administrateurs, ni juges dans la plupart des localités des 8è, 7è, 6è régions ainsi que dans des cercles des 5ème et 4ème régions. Le projet gouvernemental est d’organiser lesdites élections « partout où c’est possible ».
Mais pour l’opposition « dans les circonstances particulièrement difficiles que le pays traverse, organiser des élections dans une partie du territoire serait une caution à la partition du pays, un soutien au projet séparatiste », relèvent les leaders de l’opposition. La politisation rampante de l’administration d’État au profit du parti présidentiel, le projet de « nomination à la cour constitutionnelle des juges proches du RPM », la censure de l’opposition par l’ORTM, le traitement inégal des activités de l’opposition et de celles de la majorité ont été évoqués au nouveau Premier ministre. Les chefs de l’opposition ont aussi demandé des nouvelles du volet judiciaire des enquêtes conduites par le Bureau du vérificateur général (BVG) et la section des comptes de la cour suprême.
L’opposition n’a pas oublié les difficultés auxquelles les ménages sont confrontés. Les leaders ont souhaité que « la baisse du prix du pétrole sur le marché mondial soit répercuté au Mali afin de soulager les ménages qui n’en peuvent plus ».
B. Daou