" J’ai été pendant longtemps Directeur de la sécurité d’Etat ; j’ai 19 cantines remplies de dossiers que toute personne en quête d’informations peut aller consulter. Je suis le fils spirituel de Modibo Kéïta, le fils de Moussa Traoré et le formateur de Amadou Toumani Touré ".
A la faveur de la conférence sur le thème : ”la problématique de la réconciliation nationale à l’aune du cinquantenaire” organisée par le Mouvement patriotique pour le renouveau (Mpr), certains anciens caciques du régime de Moussa Traoré ont rompu d’avec la langue de bois. L’ancien ministre de la justice et Directeur de la sécurité d’Etat sous l’Udpm, le Colonel Sambou Soumaré ou encore Djibril Diallo, secrétaire politique du Bec ont ébauché certaines questions sensibles.
La rencontre qui a regroupé la présence de plusieurs personnalités du pays, entre autres : le colonel Youssouf Traoré, Choguel Maïga, Oumar Kanouté, Soumeylou Boubèye Maïga, Djibril Diallo, Sambou Soumaré…a permis de débattre du nécessaire besoin de réconciliation nationale.
Le but de ladite rencontre qui s’est tenue dans la salle de presse du Cicb était de lever les obstacles qui constituent une entrave à l’union sacrée des cœurs afin de bâtir un Mali uni tourné vers le progrès. C’est-à-dire, réconcilier les Maliens avec leur histoire politique. " Nous ne sommes pas venus pour nous accuser voire nous culpabiliser, il s’agit plutôt de faire le bilan de notre parcours, d’exalter nos forces et nos réussites et de tirer les leçons de nos faiblesses et de nos échecs pour consolider la cohésion sociale et l’unité nationale ", a lancé d’entrée de jeu le président du Mpr, Choguel Kokala Maiga. Pour lui, le Mali à l’aube du 3ème millénaire et à l’instar de plusieurs pays africains se trouve à la croisée des chemins. Beaucoup d’obstacles jalonneraient son parcours avec le risque d’hypothéquer toute volonté de réconciliation nationale. Et Choguel de poursuivre : " le parti du tigre qui se réclame de l’ex parti unique c’est à dire l’Udpm, est prêt à un débat constructif qui permettrait la tombée de tous les cloisons et de tous les tabous ". Pour Djibril Diallo, un ancien du parti unique, Udpm, tous les régimes ont d’une manière ou d’une autre commis des crimes sans parfois le vouloir. Chaque régime a des points positifs et des points négatifs. Que les héritiers de ces différents régimes acceptent de se rencontrer et d’échanger, constitue un pas de géant vers la réconciliation nationale.
La conférence a été jalonnée par une succession de témoignages, de contributions et de questions surtout sur certains crimes qui n’ont toujours pas été élucidés. Entre autres, la mort de Fily Dabo Sissoko et de Hammadoun Dicko, celle de Modibo Kéïta ou encore celle de Abdoulkarim Camara dit Cabral.
Tous les intervenants ont reconnu qu’il faut aller à la réconciliation même si les voies et moyens proposés sont différents.
" 19 cantines remplies de secrets d’Etat… "
L’ex garde des Sceaux de Moussa Traoré, le colonel Sambou Soumaré, dans son intervention, a déclaré qu’il a été pendant longtemps Directeur de la sécurité d’Etat et qu’il a 19 cantines remplies de dossiers que toute personne en quête d’informations peut aller consulter.
Il dit être le fils spirituel de Modibo, le fils de Moussa Traoré et le formateur de l’actuel homme fort de Koulouba. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le colonel Sambou Soumaré constitue une mine d’informations pour faire la lumière sur certaines zones d’ombre de la 2ème République. Quand il s’est permis de faire ces affirmations, il en a certainement conscience de l’enjeu que cela constitue pour l’histoire de notre pays.
Alors questions: que peuvent servir encore ces archives de la 2ème République ? Y aurait-il des dossiers chauds sur certaines personnalités du pays ? Pourquoi le colonel Soumaré garde ces ”dossiers d’Etat” chez lui à la maison ?
Badou S. Koba