Le député Mahamadou Hawa Gassama de l’URD (opposition) : «Les trois d’IBK ont été terriblement décevants »

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Dans un entretien qu’il nous a accordé après une brève disparition des écrans radars, le bouillant député URD de Yélimané, Mahamadou Diaby Hawa Gassama estime que le bilan des trois ans d’IBK est négatif « avec rien de significatif à se mettre sous la dent ». Et d’expliquer que le chef de l’Etat aurait dû entamer son mandat par les consultations des acteurs sociopolitiques comme il venait de le faire.

Pour expliquer son silence de ces derniers mois, l’honorable Mahamadou Hawa Gassama reconnait que lui-même entend les gens dire qu’il a été acheté par le pouvoir, mais qu’il n’en est rien. « Je dois me taire un peu car, dans un pays où  l’on dit la vérité et cela n’aboutit à rien, il n’est pas facile de continuer à parler et critiquer la gouvernance et se faire traiter de traitre ou d’ennemi du pays, alors que c’est nous qui dénonçons les dérives qui aimons le plus ce pays ».

Et de préciser que l’histoire donne totalement raison à l’opposition par rapport tout ce qu’elle a décrié sur la gouvernance IBK. « La preuve, par exemple, avec la question des autorités intérimaires, l’on voit que le gouvernement rencontre d’énormes problèmes pour les mettre en place. Et aujourd’hui, aucune autorité intérimaire n’est mise en place. Il y a eu mort d’hommes par rapport à ces autorités intérimaires à Gao. L’arrangement secret conclu par le ministre Mohamed Ag Erlaf n’a pas non plus permis de dénouer le blocage », explique-t-il.

Pour ce député de Yélimané, quand le gouvernement parle d’organiser les élections communales le 20 novembre prochain, lui se demande si les autorités ont la volonté secrète de consacrer la partition du pays. Car, relève-t-il, « Il n’est pas possible de tenir ces élections à cette échéance, à moins de vouloir céder définitivement le Nord du pays et sceller son indépendance. On ne peut pas actuellement parcourir deux kilomètres dans le Nord ou dans le centre du Mali sans être attaqué par des groupes armés… ».

Et d’ajouter que ses prises de positions ont suscité des menaces de levée de son immunité parlementaire. « L’on m’a menacé d’emprisonnement et dans tout cela, je n’ai pas bénéficié du soutien du peuple malien. Je dois reconnaître que mes collègues députés, en particulier ceux de la majorité, m’ont soutenu et je les remercie pour avoir demandé l’abandon de la procédure de levée d’immunité… »

Quid du bilan des trois ans d’IBK à la tête du pays ? L’élu de Yélimané de répondre à cette question par une autre question : « Il y a, selon vous, quels résultats ? Quelles réalisations ? Quelles avancées ? Rien». Avant de souligner que les chantiers des routes et ponts dont on parle sont tous des programmes d’ATT.

Pour Mahamadou Diaby Hawa Gassama, l’autre situation qui écœure dans ce bilan, c’est la saleté de Bamako. L’assainissement est, à le croire, totalement oublié par le pouvoir actuel. « C’est une honte, l’état dans lequel Bamako se trouve aujourd’hui ! Et l’on va casser les hangars des petits commerçants qui cachaient un tant soit peu ces saletés. Je veux poser une seule question aux gouvernants : quand est-ce que notre capitale sera nettoyée ? Avec ça, le pouvoir dit que l’on va abriter le sommet Afrique-France ! », se désole-t-il.

Et le député de rappeler qu’avant la célébration du cinquantenaire, ATT lui, avait fait nettoyer proprement la ville de Bamako et installé des feux multicolores sur les chaussées jusqu’à l’aéroport donnant une vue splendide à la cité des trois caïmans. « Que le pouvoir actuel s’inspire de cet exemple ! », s’exclame-t-il.

Au plan sécuritaire, notre interlocuteur estime  que « l’accord signé devant le monde entier n’aurait même pas dû l’être. Car, la situation d’avant la signature de l’Accord semble encore mieux que celle d’aujourd’hui. Chaque jour, les gens sont tués et je me demande quand est-ce que ce problème du nord va prendre fin. On va continuer comme cela jusqu’en 2018 ? IBK a été élu par 77 % des Maliens pour qu’il règle la crise. Maintenant, cette crise s’est aggravée. C’est décevant », analyse-t-il.

Concernant les consultations qu’IBK vient de mener en échangeant avec des acteurs sociopolitiques, l’honorable Gassama assure que, pour lui, c’est le vrai début de sa gouvernance. Le locataire de Koulouba est, à le croire, en train de chercher des solutions aux problèmes de la nation. « Il aurait dû entamer son mandat par ces rencontres », déclare-t-il. Et de poursuivre en félicitant Soumeylou Boubèye Maïga d’être pour quelque chose dans cette initiative. « Je constate que depuis son arrivée, les choses bougent ».

Il relève « une erreur » que le président a commise en disant que son pouvoir n’est pas un partage de gâteau. « Or, IBK lui-même a goûté au partage de gâteau avec ATT. En 2002, la présidentielle a révélé le classement ATT suivi de Soumaïla Cissé et d’IBK. L’on a vu ATT a envoyé Soumaïla à l’UEMOA, IBK président de l’Assemblée Nationale avec au gouvernement des membres du RPM, de l’URD mais aussi de l’ADEMA, du MPR, du CNID, de SADI,  du PARENA. Cela avait énormément baissé la tension politique dans le pays et c’était un partage de gâteau !  J’accuse l’entourage d’IBK de ne pas avoir initié ce dialogue plus tôt ».

Et Gassama de confier avoir beaucoup d’estime pour le chef de l’Etat. « J’aime beaucoup IBK. C’est mon ami, mais je déplore qu’il n’a pas dans son entourage des gens en mesure  de lui dire la vérité, même si cela ne doit pas lui faire plaisir. Ce n’est pas bon pour sa lourde mission ».

Concernant sa présence avec écharpe et casquette aux couleurs du RPM à la finale de la coupe IBK à Sikasso le week-end dernier, l’élu de Yélimané se veut rassurant : « La politique n’est pas la confrontation ou l’animosité ». Et d’ajouté avoir été invité à cette manifestation par le président de l’APCAM (dont il est membre), Bakary Togola. Et qu’il compte de nombreux amis parmi les responsables du RPM, dont Mamadou Diarrassouba, Bokary Treta, Mme Sangaré Oumou Bah, Yacouba Michel Koné, etc. « La courtoisie voudrait que je respecte leur opinion en acceptant les écharpes et casquettes remises aux invités… Porter l’écharpe ne me fait pas adhérer à leur parti. Comme le dirait mon ami et ex-Premier ministre Moussa Mara, j’insiste, je persiste et je signe : je demeure URD. Je n’ai pas démissionné. Je ne démissionnerai pas…N’té, N’té ta yorochi (« je refuse, je ne vais nulle part ») (rires) », a-t-il conclu.

Bruno

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2 COMMENTAIRES

  1. Tu mérite vraiment d’être soutenu par le peuple malien mais les maliens ne supportent pas les hommes valables, ils préfèrent toujours ceux qui jouent avec eux….

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