Dans un entretien qu’il nous a accordé hier dans son bureau, à l’Assemblée nationale, le 2ème Questeur de l’Hémicycle, l’honorable Belco Bah estime que seul un consensus politique national autour de la gouvernance peut permettre de sortir le pays de cette mauvaise passe, en cette veille de la reprise des pourparlers d’Alger. “Il faut que toute la classe politique et la société civile se donnent la main pour sauver le Mali. Cela ne veut pas dire qu’on doit cultiver l’impunité en fermant les yeux sur d’éventuels cas de mauvaise gouvernance “, a-t-il précisé.
Le député élu sous les couleurs de l’UM-RDA Faso Jigi (membre de la majorité présidentielle) à Niono formule, d’entrée, des vœux de réussite aux pourparlers d’Alger qui vont reprendre dans les prochains jours. Il s’est dit toutefois ” pas très optimiste “, dans la mesure où de nombreux acteurs du dossier du nord sont de mauvaise foi. Avant d’ajouter que certains médiateurs ne sont pas forcément impartiaux. D’où ses inquiétudes par rapport aux résultats de ces discussions.
Pour ce vice-président de l’UM-RDA, les groupes armés qui se disent maliens sont en train de perdre du terrain au profit des jihadistes qui, grâce à des mariages et autres liens familiaux et sociaux essaient d’étendre leur influence, s’implantant davantage. “Cela est une donne qu’il faut intégrer aujourd’hui dans la question du septentrion malien”, a-t-il souligné. Il a lancé un appel à tous les acteurs de ce dossier à ne voir que l’intérêt du Mali avant les leurs propres. “Ce à quoi, je tiens et auquel les Maliens tiennent c’est la sauvegarde de l’intégrité du territoire, l’unité de la nation, la laïcité de l’Etat et à sa forme républicaine. L’écrasante majorité de la population de Kidal tient aussi à ces principes “, a-t-il précisé. Il a, en outre, appelé à une entente et à une conjugaison des efforts entre les parties “afin qu’on ne reste pas indéfiniment dans ces pourparlers “.
A la question de savoir quel commentaire il fait de la récente rencontre que le président de la République a eue avec les députés de son parti, le RPM, le député de Niono dira que, selon les informations en sa possession, c’est sur demande de ses collègues du parti présidentiel qu’ils ont été reçus par le chef de l’Etat pour échanger sur les sujets brûlants de l’heure. “Cela va dans l’ordre normal des choses et je trouve que de telles rencontres sont très importantes. Peut-être que cette rencontre a pu permettre d’évoquer des questions touchant à la vie du RPM. En tant que membre de la majorité, j’estime que si nous à l’APM, nous voulons rencontrer le chef de l’Etat, nous en ferons la demande afin d’échanger autour des grandes questions du pays “, a-t-il ajouté.
Quant au renouvellement du bureau de l’institution, en cette rentrée de la session d’octobre, Belco Bah s’est dit serein. Il a expliqué que le bureau actuel, dont il est membre, a fait un bon travail en seulement neuf mois. ” Je ne pense pas qu’il y a nécessité de voir de grands bouleversements dans le bureau actuel. Je crois qu’il faut plus de stabilité à notre institution, qui joue un grand rôle dans la sortie de crise. Mais, si éventuellement, il y a une relecture du règlement intérieur avec élargissement de la taille du bureau, il est évident qu’on retrouvera de nouvelles têtes dans le nouveau bureau “, a-t-il expliqué.
En guise de conclusion, Belco Bah a invité tous les Maliens à mettre le pays au dessus de tout. Et d’ajouter que les problèmes liés à la tension avec le FMI, la Banque mondiale, le front social, le nord hypothèquent le développement du pays. “Aujourd’hui, ce n’est pas une question d’IBK mais de survie même de notre nation. Nous devons nous donner la main pour surpasser cette période difficile”, a-t-il plaidé. Tout en précisant que cela ne veut pas dire qu’il faut fermer les yeux sur ceux qui veulent s’amuser avec les biens de l’Etat, c’est-à-dire sur des cas de mauvaise gouvernance. “Il faut mettre fin à tout prix à l’impunité. Les pouvoirs publics doivent agir dans ce sens. Comme on le dit, la chose la plus grave dans le contexte actuel c’est l’injustice de la justice. Surtout pas une justice à deux vitesses”, a-t-il conclu.
Bruno D SEGBEDJI