Depuis la tribune de la 2ème table ronde de la conférence Chine-Afrique : Le candidat IBK dévoile les axes majeurs de sa politique extérieure envers l’empire du milieu

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Le président du Rassemblement pour le Mali (RPM) Ibrahim Boubacar Kéita alias IBK, vient de participer en Chine, au second Forum de coopération Chine-Afrique, tenu dans la Province de Hainan, du 10 au 12 Novembre 2011. Invité comme principale personnalité de haut rang, l’ancien Premier ministre est intervenu lors de l’ouverture du Forum, au nom de l’Afrique, pour présenter, en probable candidat aux hautes charges de l’Etat malien, sa vision  du nouveau partenariat avec la Chine. C’était en présence d’autres invités de marque, dont des anciens Premiers ministres et ministres africains, le corps diplomatique africain, les anciens ambassadeurs de Chine en Afrique et plusieurs chefs d’entreprises chinoises opérant en Afrique.

Depuis plus d’une dizaine d’années et, de manière plus intense, depuis quatre ou cinq ans, les relations entre l’Afrique et le Chine font l’objet de vifs débats où s’entremêlent les motivations d’ordre économique et financier, politique, voire géostratégique. Au-delà des controverses ou des interrogations légitimes que soulève régulièrement ce qu’il faut bien appeler un tournant dans les rapports entre le continent et le reste du monde, la nouvelle relation sino-africaine est venue, sans conteste, bousculer des intérêts qui, jusque-là,  paraissaient être solidement enracinés“. C’est en ces termes que l’honorable IBK a introduit son discours à la tribune de ce Forum.

Pour IBK, le débat autour des relations entre l’Afrique et la Chine est d’autant plus riche et complexe que leur perception est différente selon que l’on privilégie le point de vue africain ou celui de l’Occident.

Parlant de l’évolution récente des relations entre la Chine et l’Afrique, l’ancien Premier ministre malien dira que, par delà les analyses qui divergent selon où l’on se situe et en fonction des domaines concernés, la présence de la Chine en Afrique est indiscutablement l’un des faits majeurs des relations internationales contemporaines. “On est loin des percées épisodiques, essentiellement à caractère diplomatique que Pékin enregistrait entre 1960 et 1990, sous l’impulsion des ses grands leaders Mao Zedong et Zhou Enlaï, envers lesquels je voue personnellement une admiration sans faille, car ils ont été à la base des progrès considérables accomplis par la Chine. Durant toute cette période, l’objectif de la Chine était avant tout de contrer l’activisme de Taiwan sur le Continent et de “battre campagne” contre sa reconnaissance internationale par un certain nombre de pays africains. Cette offensive diplomatique, à connotation pragmatique, était soutenue par une politique d’aide au financement et à la réalisation d’infrastructures de prestige … “.

 

 

Coopération chinoise dans les domaines sociaux

 

L’action de la Chine, a-t-il souligné, était alors d’autant plus appréciée que dans leur très grande majorité, les Etats africains étaient soumis à la thérapie de choc des institutions financières internationales qui, sous couvert de plans d’ajustement structurels, avaient considérablement réduit leurs interventions dans les secteurs sociaux.

Autant dire que les investissements chinois, souvent réalisés dans les secteurs sociaux (hôpitaux par exemple) au sens large, constituaient de véritables bouffées d’air pour les budgets des Etats africains, strictement encadrés pour ne pas dire surveillés par le Fonds monétaire international. Par exemple, lors de la rentrée scolaire de 1994 au Mali, nous avons pu gérer les flux scolaires grâce à la Chine qui a préfinancé la construction de plusieurs lycées.

 

 

Intervention chinoise salutaire

 

Pour le leader du RPM et plus que probable candidat à la présidentielle du 29 avril 2012, l’arrivée de la Chine comme partenaire, désormais privilégié, dans le domaine économique et financier, était d’autant plus perçue comme salutaire par les pays africains, qu’elle s’accompagnait d’une influence de plus en plus grandissante sur le plan international.

A partir des années 90 et sous l’effet de la mondialisation, de son développement économique fulgurant et, donc, de la participation active de la Chine aux activités des principales organisations internationales universelles (ONU – FMI – Banque mondiale – OMC), la relation entre l’Afrique et la Chine a revêtu progressivement un caractère stratégique. Elle s’inscrit désormais dans le cadre d’une alliance plus large destinée à défendre les intérêts des pays en développement …”. De partenaire privilégié sur les plans politique et diplomatique, illustré par l’appartenance, entre autres, à un même groupe au sein des Nations Unies (le groupe des 77) la Chine est devenue, a expliqué IBK, un partenaire économique comme les autres, dont les critères de sélection par les Etats africains sont fondés avant tout, sur des raisons financières (aides sous forme de subventions ou de prêts à long terme à des taux avantageux) voire de compétitivité ou de technicité.

Lancé par le Président Jiang Zemin, le Premier Forum de coopération Afrique-Chine (FOCAC) qui a enregistré la participation de 45 pays à Beijing en octobre 2000, a été le point de départ du “nouveau partenariat Chine-Afrique à long terme, sur la base de l’égalité et de l’intérêt mutuel“.

La parution du Livre blanc en janvier 2006 a également été, à en croire l’honorable député élu en Commune IV du district de Bamako, un moment fort, car cette publication a défini les principes d’actions de la diplomatie chinoise, basée sur “un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l’égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique et la coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan économique“.

Le 3ème FOCAC, qui s’est tenu la même année, en 2006, a-t-il rappelé, a, quant à lui, débouché sur l’adoption d’une nouvelle “Déclaration de Beijing ” et du plan d’action 2007-2009.

La nouvelle vision de la Chine des relations internationales a d’ailleurs été exprimée par le président Hu Jintao, lors de sa visite aux Etats-Unis en avril 2006, je le cite : “la Chine estime que face à un monde en profonde mutation et pour relever les défis innombrables, les divers pays du monde doivent travailler la main dans la main et œuvrer au progrès de la communauté internationale”.

Partant de là, les relations entre l’Afrique et la Chine se sont généralisées à tous les domaines, y compris les plus sensibles (celui de l’armement), et recouvrent les enjeux économiques, financiers, techniques et stratégiques… A titre d’exemple, en 2010, la Chine est devenue, pour la première fois, le plus grand partenaire commercial de l’Afrique, avec un investissement direct vers les pays africains de près de 1,44 milliard de dollar, et des échanges commerciaux qui ont dépassé les 125 milliards de dollars en 2010, soit plus 30% d’augmentation depuis 2000.

A propos des évolutions à souhaiter pour renforcer le partenariat Chine-Afrique, IBK dira qu’il est important de souligner la nécessité de situer le développement des relations dans une perspective à long terme. “Pourquoi ne pas envisager un Programme décennal de coopération, car le développement est une œuvre de longue haleine. De plus, les deux parties sortiraient de la dictature du court terme qui gouverne actuellement les relations entre l’Afrique et les institutions internationales. Ce Programme décennal de coopération ferait l’objet d’un réexamen chaque trois ans. Au bout de dix ans, les deux parties pourraient mesurer l’ampleur du chemin parcouru “.

Il faut par ailleurs, a-t-il poursuivi, éviter la tendance à vouloir tout faire. Les Etats africains ont perdu le sens des priorités à partir de la mise en œuvre des programmes d’ajustement structurel qui ont eu pour effet de les déposséder précisément du droit de définir leurs priorités.

 

 

 Des axes majeurs de cette coopération dynamique

 

 

 

La coopération devrait se concentrer sur quelques secteurs majeurs :

 

 

 

1)         le développement du commerce, des investissements et des infrastructures. Le commerce et les investissements sont indispensables pour générer la croissance ; pour booster leur plein impact, il faut bâtir des infrastructures structurantes qui relient l’Afrique avec elle-même (dans le cadre d’une intégration régionale bien pensée, l’une des ambitions de départ du NEPAD) et avec le monde extérieur afin de lui permettre de participer pleinement à la mondialisation.                                                                                                          2) Le développement d’une Agriculture commerciale moderne :        Les deux parties devraient envisager de forger les voies et moyens pour réaliser sur le Continent une sorte de “Révolution Verte” visant à transformer le monde rural, à permettre au Continent de nourrir ses populations et de devenir une puissance exportatrice, à l’instar du Brésil.                              

 

 

 

   3) Faire du Secteur Minier, un vecteur majeur du développement de l’Afrique :                                                                                                      Il convient d’élaborer ensemble un Programme robuste visant à faire du Secteur Minier un vecteur majeur du développement du Continent en favorisant les transferts de technologie, en permettant aux pays de créer de la valeur ajoutée afin qu’ils cessent d’être d’éternels exportateurs de matières premières brutes, en respectant la législation du travail ainsi que les normes environnementales. Les deux parties peuvent également inscrire leur action dans une perspective décennale, car l’exploration, l’exploitation et la création de la valeur ajoutée sont des processus de moyen et long termes.                            

 

 

 

 

 

  4) Développer et exploiter les immenses potentialités touristiques de l’Afrique :                                                                                       

 

 

 

 

 

 L’Afrique regorge d’énormes potentialités touristiques qui demeurent encore en jachère. Le défi consiste à les exploiter vigoureusement en faisant de ce secteur un moteur de la croissance économique continentale, notamment, à travers le développement des infrastructures d’accueil et la formation appropriée des ressources humaines.                                                           

 

 

 

  5) Éradiquer le paludisme, la tuberculose et le Sida d’ici à 2025 :    Il s’agira d’élaborer des programmes robustes de coopération permettant à l’Afrique de se débarrasser de ces maladies dont l’impact socio-économique et politique grève les capacités du Continent à faire face aux défis du 21e Siècle. Dans ce domaine, la Chine pourrait bientôt réserver au monde la plus belle des espérances.                                                                                      6) Aider l’Afrique à résoudre ses problèmes fondamentaux en matière de Sécurité :  Pour IBK, le soutien de la Chine est devenu déterminant pour l’Afrique, et particulièrement pour le Mali, depuis plusieurs décennies, notamment à travers la construction d’infrastructures.

«Récemment, la Chine nous a offert le 3ème pont de Bamako, a construit le plus grand hôpital de la ville et contribue désormais au secteur stratégique de l’agriculture, à travers les aménagements de terres. Tout cela dans le respect de nos valeurs, et de nos souverainetés nationales. Pour aller plus loin, j’encouragerais nos amis chinois à accentuer les transferts de compétences et la transformation sur place de certaines de nos matières premières…», a-t-il conclu.

Bruno D SEGBEDJI

 

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