Enfin, le peuple malien s’est décidé. Il vient, à travers le Rassemblement des forces patriotiques (RFP), demander la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta, le digne représentant du groupe d’intérêts économiques et criminels qui a pris le Mali par sa gorge depuis le 8 juin 1992, date à laquelle le pillage en bande organisée du pays a commencé. C’était vendredi 5 juin, au cours d’un meeting, rassemblant des dizaines de milliers de manifestants au monument de l’Indépendance à Bamako.
Face à l’indifférence totale du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) d’être à l’écoute de son peuple, la Coordination des mouvements et associations de soutien à l’imam Mahmoud Dicko (CMAS), le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et le mouvement “Espoir Mali- Koura” (EMK), regroupés au sein du Rassemblement des forces patriotiques (RFP), ont purement et simplement demandé sa démission de la tête de l’État du Mali. Cette mobilisation des grands jours, qui a drainé des milliers de citoyens mécontents de la gestion clanique des affaires du pays par un groupe d’intérêts économiques et criminels, traduit l’expression d’un malaise social profond que traverse notre pays depuis le coup d’État du 22 mars 2012, mais aggravé avec l’élection d’IBK, en 2013. Il va sans dire que le pouvoir a du pain sur la planche pour donner une réponse satisfaisante à la demande des organisateurs du meeting du 5 juin.
Le départ de Koulouba, demandé par le trio et soutenu par une majorité de Maliens qui souffrent dangereusement de la corruption généralisée, de la misère, de l’affairisme, du népotisme, de conflit communautaire, du pillage du patrimoine national installés par le pouvoir actuel, va délivrer le Mali de la gestion du groupe d’intérêts affairistes qui a fait de notre pays sa propriété privée depuis l’arrivée au pouvoir, le 8 juin 1992 d’un des leurs en la personne du président Alpha Oumar Konaré. Ces femmes et hommes, animés de la seule volonté de s’enrichir sur le dos du peuple, sont passés par tous les plans diaboliques pour mettre à terre tout ce qui pouvait préserver notre honneur et dignité de grand peuple.
À commencer par l’armée. Ils ont détruit tout le système de défense de notre pays en mettant le feu à nos armes sous prétexte que dans une démocratie, on n’a pas besoin d’une armée forte. La suite est connue de tous. Depuis 2012, nous n’arrivons pas à organiser la résistance pour chasser de notre territoire des bandits armés d’autres nationalités et mettre au pas des séparatistes narcotrafiquants de Kidal.
Pire, la bande à Alpha Oumar Konaré s’est attaquée aux ressources humaines de cette vaillante armée. Les cadres compétents de l’armée ont été relégués au second plan pour faire la promotion des enfants recrutés à la va vite pour occuper sans compétence de hautes fonctions avec des avantages colossaux. Ensuite, ils ont mis le cap sur l’école, le fondement même d’une nation, sans laquelle on ne peut envisager aucun développement digne de ce nom. Elle a été privatisée avec comme conséquence la mort programmée de l’école publique devenue un laboratoire d’expérimentation de programmes d’études échoués ailleurs.
IBK tourne dos à son peuple
La démission du président Ibrahim Boubacar Keïta serait une délivrance pour le peuple malien à cause des griefs formulés contre lui par le Rassemblement des forces patriotiques. Il s’agit d’une gestion catastrophique de la crise multidimensionnelle au Mali; des atteintes à la souveraineté, à l’intégrité du territoire national ; des forces armées et de sécurité laissées à l’abandon; ’insécurité généralisée avec son cortège de morts, de villages détruits, et de populations déplacées; la mal gouvernance, la corruption et la gabegie financière, au détriment du monde paysan et du secteur privé; la détérioration sans précédent des services sociaux de base comme l’éducation, la santé, l’électricité, l’eau, les infrastructures routières ; la paupérisation croissante des populations laborieuses; les atteintes récurrentes aux valeurs et principes de la République; les droits et libertés individuels et collectifs en péril; l’impasse d’une voie électorale désormais hypothéquée.
La soudaine revendication de la demande du départ d’IBK de Koulouba est le fruit de sa gestion calamiteuse du pays. Profitant de l’euphorie populaire des premières années de son élection, en 2013, IBK, à la grande surprise de ceux qui croyaient à sa capacité d’homme d’État, met en place un système mafieux au cœur duquel se trouve sa famille qui distribue les marchés de l’État à la tête du client. Cette gestion familiale a pris le pas sur celle de l’État.
Ainsi, pour être recruté dans l’armée, la police, la gendarmerie et dans l’administration publique, il faut être parrainé par un membre de la famille présidentielle, mettant fin à la sélection des méritants dans notre administration.
Le recrutement à l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) est passé par là il y a quelques années. Ne parlons pas des recrutements clandestins des parents dans les structures financières de l’État comme la douane. Ce système mafieux fait aujourd’hui que la famille IBK décide qui va devenir militaire ou agent dans l’administration.
Comme si cela ne suffisait pas pour bien verrouiller le système de la main mise sur l’appareil d’État, Karim Keïta, le fils du président, est régulièrement élu président de la Commission de défense de l’armée. Jamais de mémoire de Malien, cette commission n’a eu autant de privilèges. Elle, à travers son président, négocie l’achat des armes pour notre armée. Du jamais vu sous la première et deuxième Républiques ! Elles ont doté l’armée sans que le président d’une Commission de défense ne soit au courant. Mais sous l’ère IBK, c’est le contraire. Son fils est au centre de la mafia qui achète les armes pour notre armée. La suite, tout le monde le sait: surfacturation des équipements militaires, achat des hélicoptères cloués au sol.
Conséquences sur le terrain: carnage des populations, militaires comme civiles. Tout ce qui compte ici, c’est l’argent qui tombe dans leur escarcelle et non les morts liés à leur mauvaise gestion.
Ensuite pour plaire à ses amis français, IBK signe un accord dit d’Alger qui divise le Mali. Le contenu dudit accord met en danger l’unité nationale. Ce qui fait que depuis sept ans, l’insécurité se déplace d’une région à une autre avec son cortège de scènes macabres de populations brûlées vives, de villages, greniers, animaux incendiés. Ajouté à cela le comportement même d’IBK. Il donne l’impression d’être sur un terrain conquis. Il a horreur d’être à l’écoute de son peuple affamé par sa gestion oligarchique, alors que de l’autre côté, il a une oreille attentive des revendications des séparatistes de Kidal. Leur désidérata est résolu à la minute.
Quand un peuple manifeste pour dénoncer la mauvaise gouvernance et demander le départ d’un tel président, il a fait preuve de patriotisme et de courage.
Yoro SOW