Selon nos sources, en prenant cette décision, le président de la République a voulu s’approcher des groupes armés séparatistes du nord, qui ont longtemps exigé le départ de l’ex-Premier ministre Moussa Mara, condition indispensable, du moins pour eux, au retour de la paix et la stabilité au Nord du Mali. D’autant qu’ils accusaient Moussa Mara dernier d’être à l’origine du chaos kidalois, avec sa visite mouvementée du 21 mai 2014 dans la cité de l’Adrar qui a provoqué la mort de plusieurs de nos préfets, ainsi que celle d’une centaine de nos militaires. À cela s’ajoutent des dégâts importants de matériels de nos forces de sécurité. Une situation qui va diviser, par la suite, les Maliens.
Les groupes séparatistes du Nord ont alors condamné ce qu’ils ont appelé le forcing de Mara à Kidal. L’opposition politique avait aussi exigé son départ et elle a même déposé une motion de censure. Ensuite, un bras de fer est né entre Moussa Mara et le parti présidentiel, le Rassemblement pour le Mali (Rpm).
Au regard de toutes ces raisons, IBK a pris la décision, qui semblerait être sage selon beaucoup d’observateurs, de limoger Moussa Mara. Au grand plaisir du RPM qui n’a jamais digéré la décision de prendre en dehors de ses rangs un Premier ministre. Surtout que le Rpm dispose de 70 députés et une demi-douzaine de présidents d’Institutions de la République.
Celui qui vient de remplacer Moussa Mara à la Primature, Modibo Keïta, occupait précédemment le poste de Haut représentant du chef de l’Etat aux pourparlers inter-maliens d’Alger. Son choix aurait été exigé par les groupes séparatistes du Nord. Car ils estiment qu’il est un homme de confiance, et politiquement, il pourrait bénéficier de la sympathie de la classe politique malienne dans la mesure où il n’appartiendrait à aucun parti politique.
Alhousseini TOURE
De la nécessité de mettre en place une institution nationale chargée du suivi des Accords d’Alger.
Les mouvements et groupes armés d’aujourd’hui ne sont pas des institutions durables mais des « générations spontanées », conjoncturelles et opportunistes qui disparaîtront, après l’Accord qui naitra du processus d’Alger de 2014-2015, comme après le Pacte National de 1992.
C’est de la pérennisation d’une institution nationale de suivi des Accords dont il faut se préoccuper, ici et maintenant.
Faut-il rappeler qu’entre 1992 et 1998, le Commissariat au Nord, qui avait Aghatam à sa tête, s’était occupé de la mise en œuvre du Pacte National de 1992 ; cette importante institution a disparu depuis lors du paysage politique alors que les hommes qui l’avaient “gouverné” ne sont pas morts :
– Aghatam (ministre sous ATT de 2007 à 2011) est actuellement en chômage… politique ;
– Zahabi (rebelle repenti), ministre de la Réconciliation depuis plus d’un an, n’est pas au-devant de la scène des négociations, ce qui ne préfigure pas qu’il sera dans la gestion des Accords à venir; pire, l’action gouvernementale dite « reconstruction du Nord » lui échappant parce qu’attribuée à un autre département, une aberration politique et technique ;
– Zéidane (le « Gardien du Temple » du Pacte National de 1992) est là sans être sollicité dans quoi que ça soit ;
– Sidi Mohamed ag Ichrach (personne-ressource aux pourparlers d’Alger en cours) est là aussi, cependant, rien ne préjuge qu’on le responsabilisera dans la gestion de l’Après-Accord.
Il reste aux autorités politiques, le nouveau PM en tête, de mettre en place une institution politico-technique dédiée au suivi des Accords dits de « la Paix au Nord du Mali », en la pourvoyant d’hommes et de femmes; si possible, en majorité des cadres issus des communautés du Nord du Mali, capables de pérenniser cette action de la plus grande importance.
Sincèrement
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