Malmenés par le pouvoir et les intrigues, galvaudés par l’opinion, pour beaucoup réduits à leur simple expression, menacés d’être battus et humiliés par les Indépendants même dans leur fief (cas récent du RPM et d’IBK en commune IV du District de Bamako) rn
les grands partis politiques maliens ont connu des fortunes diverses au sortir des législatives âprement disputées, controversées ; où les alliances tout azimut ont pris le pas sur les lignes idéologiques. Le réalisme et le pragmatisme des acteurs politiques se sont exprimés avec une célérité, stupéfiante dans un monde longtemps étouffé par la frilosité et l’attentisme : effets collatéraux du consensus tenu à la baguette par ATT, un chef d’orchestre très inspiré !
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Dans ces élections de proximité, on peut dire que malgré des circonstances extrêmement dé favorables avec un électorat qui se réduit comme une peau de chagrin, les grands partis politiques ont quand même réussi à jouer leurs partitions pour sauver l’essentiel.Ils devaient prouver qu’ils existent malgré tout, en dépit de tout. Ils se devaient de prouver que dans notre système démocratique il fallait toujours compter avec eux, parce qu’ils en sont les principaux acteurs et animateurs.
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Ces législatives ont vu le triomphe de l’Adema de Dioncounda Traoré (55 députés), la montée en puissance de l’URD de Younoussi (35 députés), le recul attendu du RPM d’IBK laminé par leurs erreurs stratégiques (11 députés), La progression du MPR ( 7députés), le sursaut inespéré du Paréna qui a fait plus que sauver les meubles en doublant la mise précédente (4 députés), faisant élire en plus son secrétaire général Amidou Diabaté dans le Mandé au contraire de la CDS de Blaise Sangaré sortie bredouille.
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L’acte de bravoure d’Oumar Mariko, l’éternel opposant élu à Kolondiéba et de son Sadi (4 députés) n’est pas passé inaperçu. Enfin, on a enregistré l’échec total (zéro député), annonçant l’enterrement de première classe de l’USRDA, le vénérable parti de l’Indépendance de Modibo Keïta et de Mamadou Konaté.Le triomphe de l’AdemaLe triomphe attendu de l’ADP, Alliance présidentielle, a été rehaussé par le score époustouflant de l’Adema qu’on n’attendait pas à une telle fête.
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Les partisans d’ATT à l’URD ont été bien inspirés de considérer avec suspicion et crainte toute éventualité d’un rapprochement de l’URD avec le parti d’Alpha, car une telle machine aurait remporté sans coup férir la majorité définitive aux législatives avec les conséquences que l’on sait au plan politique. On peut dire que les partis politiques et la démocratie malienne reviennent de loin en cette ère ATT. On avait bien cru que les partis significatifs de l’échiquier politique allaient s’étioler et mourir de leur plus belle mort, à force de laisser toutes les initiatives au maître du Palais de Koulouba.
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Que vaut en réalité une démocratie sans opposition réelle, sans contradicteurs institutionnels patentés qui obligent le pouvoir à rectifier le tir et à se remettre en question ?Sans jeu de mots, c’est là toute la question qui avait été occultée, minimisée tout au long des cinq dernières années, occasionnant des dérivés au plan politique au sein des partis, dans leur praxis et même dans la gouvernance politique.
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Une véritable opposition doit exister
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Désormais il y a une opposition, celle principalement du président du RPM, IBK qui avait conduit la locomotive du Front pour la Démocratie et la République, cette alliance électoraliste créée pour imposer l’alternance en cette année 2007 au détriment d’ATT.Laminé et revenu de ses illusions, le FDR mérite t-il encore d’exister, doit-il exister ?Pour toute démocratie qui se respecte, la question ne se pose même pas.ATT, conscient de cette réalité incontournable, n’a-t-il pas promis un véritable statut à l’opposition malienne, garant de son action et les moyens de jouer pleinement son rôle, sans entraves dans l’essor et l’épanouissement du processus démocratique ?
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Il y a, urgence au moment où on accuse notre démocratie d’avoir perdu la réelle légitimité du suffrage populaire auquel ont participé moins du quart des inscrits (1 800 000 votants sur 5 773 583 électeurs au deuxième des législatives).L’opposition, la minorité politique, pourra-t-elle devenir la voie de la majorité silencieuse qui a refusé d’aller aux urnes pour une raison ou une autre ? Encore faudrait-il qu’elle arrive à convaincre cette majorité qu’elle a changée dans le bon sens, pour la faire adhérer à son projet politique. Ce sera pour elle un long chemin de croix jalonné d’épreuves, parsemé d’épines. Mais elle doit y arriver à tout prix en rassemblant toutes ses forces, en travaillant cinq années durant, avec persévérance et courage, après avoir extirpé la mauvaise graine, pour redonner tout son sens à la politique et à notre démocratie chèrement acquise dans le sang des martyrs.
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Oumar Coulibaly
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