L’Officier Supérieur, Président du CTSP, qui déclarait que «seul un fou ou un taré pouvait rechercher le pouvoir au Mali» a manifestement changé de point de vue et d’ambition. Depuis qu’il a accédé au pouvoir suite à la faveur de la présidentielle, il l’a apprécié et y a fortement pris goût. ATT veut rempiler pour un second mandat de cinq ans. La prudence recommanderait d’ailleurs de parler plutôt d’un deuxième mandat – Nuance – Celui qui, avec d’autres militaires a, dans la nuit du 25 au 26 mars 1991 «apporté la brique de l’armée à l’œuvre du Mouvement Démocratique» pour renverser la dictature UDPM/ Moussa TRAORE semble décidé à faire feu de tout bois pour une prolongation. On peut le comprendre sans pour autant ne pas être révolté par les méthodes et les moyens utilisés.rn
Les méthodes et moyens aventureux
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En cette matière, le citoyen malien aussi bien que l’observateur extérieur est très largement édifié sur l’exploitation électoraliste de notre misère et de nos soifs. Surtout à travers la Fondation humanitaire créée par l’actuel locataire de Koulouba, et gérée par Madame son épouse. Des appuis de tous genres tombent quotidiennement dans l’escarcelle de la Fondation parce que, comme déclaré sur les antennes de l’ORTM par des délégations chinoise et arabe, «la demande en a été faite par la Présidente au cours d’une visite officielle du Chef de l’Etat dans notre pays et nous avons tenu à la satisfaire». La Fondation pour l’Enfance n’a désormais rien à envier au Ministère de la Santé. Au contraire ! Tout le monde constate qu’elle est loin d’être neutre dans le jeu politique pour la présidentielle d’avril 2007. La campagne ATT indirectement financée par les amis du Mali…. ?
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C’est la coutume nouvelle et illustrative, mais simple vétille en comparaison de l’instrumentalisation des cadres de l’Etat, des structures techniques, organes administratifs et l’appareil administratif tout entier.
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L’Etat c’est moi
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Aujourd’hui les DG et PDG des deux principales zones de productions agricoles ont suscité et pris la tête de véritables équipes de campagne pour la réélection de ATT. Il est même fait état de menaces guère voilées contre tous ceux qui seraient tentés de regarder ailleurs que du côté du Général Président. Pourtant les temps ont changé. Les Maliens sont conscients de leur droit constitutionnel à choisir librement leur Président, députés, conseillers, maires.
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N’Kourala, dans le cercle de Sikasso aura servi de déclic malgré les fanfaronnades assurant 1,5 million de voix à ATT.
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Bien sûr, à N’Kourala les médias d’Etat n’ont pas fidèlement rendu compte du rassemblement projeté par le camp présidentiel et permis à la nation de se faire une idée réelle de ce N’Kourala a été comme calvaire lors de ce rassemblement.
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A N’Kourala était présent un Ministre qui a dû regretter son déplacement. Deux de ses compères, qui devaient l’épauler dans la propagande, n’ont pas eu d’autres choix que de rebrousser chemin à partir de Bougouni, tant les nouvelles étaient mauvaises pour eux.
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Mais tous ces protagonistes sont coupables d’utilisation frauduleuse des moyens de l’Etat pour servir les intérêts d’un chef de l’Etat candidat non encore déclaré, et avant le début officiel de la campagne. Moyens de l’Etat au service d’intérêts partisans et non respect des dispositions legales par des hommes du président, pour tout résumer «…On est où là ?…».
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Prémices de violences à venir
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L’attachement des autorités maliennes à «l’organisation d’élections apaisées et transparentes» est fredonné comme une rengaine à longueur de journée. Mais le mauvais rôle joué par l’Exécutif Régional de GAO, dans un conflit interne à l’Adema-PASJ, montre bien qu’il s’agit très clairement d’une duperie et une tentative d’endormissement de nos consciences. C’est également un exemple inquiétant de la stratégie d’intimidation concoctée pour faire réélire le Général. Sinon pourquoi la force publique devrait-elle être utilisée pour empêcher les responsables élus de la section Adema-PASJ de se rassembler à leur siège, pour dire leur refus de s’aligner contre les textes fondamentaux de leur parti, derrière le futur candidat ATT ?
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Dans le même temps, un autre colonel de l’armée, collaborateur et réputé ami du président, n’a-t-il pas présidé une cérémonie de soutien avec force publicité à la télévision nationale ? Et ce avant le début de la campagne officielle, portant ainsi un double coup à nos lois. Doit-on être vraiment surpris lorsque Dioncounda Traoré, lors des rencontres CE Adema/sections du district, en commune IV précisément déclare «Si nous n’avions pas soutenu ATT, nous aurions eu l’Administration, la Justice, la Sécurité d’Etat sur le dos». Il sait probablement de quoi il parle. Mais cela n’est glorieux ni pour ATT, ni pour la Justice, ni pour l’Administration. Ni pour l’Adema PASJ qui a été un des fers de lance de la lutte contre la dictature UDPM, encore moins pour Dioncounda lui-même président du CE. Pauvre Adema !
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On a peine à imaginer ce que la machine présidentielle peut nous réserver au cours de la campagne et lors de l’élection prochaine. A croire que tous ces apprentis-sorciers n’ont rien appris des origines et des impacts de la crise qui déchire la Côte d’Ivoire depuis plus de quatre ans.
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Un démocrate français du siècle dernier (Jean-Jaurès) dans une période critique pour son pays, disait que «la seule présence de l’armée sur un champ de grève constitue une intervention en faveur du Capital contre le Travail». Concernant le Mali, les gouverneurs, préfets, sous-préfets, les forces armées et de sécurité et l’Administration sont et doivent rester au service de l’Etat et non aux ordres et au service d’un candidat, fut-il le chef de l’Etat en fonction. Notre peuple s’est longtemps battu pour qu’il en soit ainsi.
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Le 26 mars 1991 et la 3ème République ont couronné les sacrifices consentis. Ils ne peuvent être vains. Nul ne doit jouer avec le feu aujourd’hui.
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Peut-on suggérer au chef de l’Exécutif régional de Gao, qu’au lieu de s’attaquer aux démocrates jusqu’à l’intérieur du siège de leur parti, il serait plus utile de consacrer ses énergies à restaurer un climat de paix et de sécurité dans le Nord Mali, après la situation créée par les accords d’Alger, pour que des élections puissent se dérouler sur toute l’étendue du territoire. Là aussi attention au syndrome ivoirien.
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Que Dieu sauve le Mali!
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Adama DIARRA, Commune III Bamako
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