Manifeste pour la Démocratie : Un combat flou

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  L’Alliance pour la démocratie et la justice (ADJ) a rencontré la presse le samedi 05 août à la Maison de la presse. La rencontre, tant attendue, a réuni l’ensemble des ténors de l’ADJ qui ont entretenu les hommes de média de leur concept et de leur conviction pour faire avancer la démocratie. Le consensus politique que vit notre pays est qualifié d’unanimisme politique. L’ADJ décrie la situation de capitulation des politiques, elle propose sa recette pour éviter le naufrage, pourtant elle n’entend pas conquérir le pouvoir en tant que groupe autonome.

            La confusion continue donc de plus belle après la sortie des auteurs du manifeste qui n’ont su éclaircir quant aux objectifs réels de l’ADJ. En effet, il est difficile de comprendre que des hommes politiques chevronnés de partis différents souvent adversaires se regroupent au nom d’une quelconque nécessité de faire avancer la démocratie.

            A croire que les auteurs du manifeste sont au Mali les seuls à même de disposer de facultés démocratiques. Avec plus de 4000 signatures, les auteurs du manifeste ont le vent en poupe et revendiquent la légitimité de leur combat et la justesse de leurs idées. Mais ce combat qu’ils prônent est celui du peuple malien tout entier ou du moins des acteurs de la vie politique nationale.

            Pour le principal conférencier M. Abdoul Traoré dit Diop, l’ADJ est un catalyseur pour rassembler les démocrates. Mais ce n’est aucunement un regroupement politique en gestation. Il faut rappeler que l’ADJ, selon M. Diop, a déjà rencontré 14 formations politiques, avec un degré de collaboration établi avec chaque parti. C’est pourquoi, pour les élections prochaines, il n’y aura pas de candidat avec le label ADJ. L’Alliance est l’expression de la conviction d’hommes et de femmes qui, en juin 2006, ont jugé utile de publier leurs idées pour le changement.

            L’Alliance ne s’attaque pas en particulier à un homme, mais à un système qui instrumentalise la démocratie. Dans le plan A de l’ADJ il n’y a donc pas de conquête, mais dans les prochaines étapes, bien malin qui pourra dire ce qui adviendra. Puisque si l’ADJ dispose des plus beaux textes et une adhésion massive et même l’opportunité de prendre le pouvoir, si elle ne crée pas de cadre approprié pour l’exercer, le combat restera vain. C’est à ce niveau que résident toute l’ambiguïté et le flou à faire croire au peuple qu’il n’y a pas de perspective de conquérir le pouvoir. Alors si la concrétisation dans la pratique des concepts défendus n’est pas à l’ordre du jour, autant arrêter le combat qui n’aboutira à rien, sinon berner une fois de plus le peuple. C’est-à-dire diagnostiquer le mal et avant qu’il ne guérisse, alors d’autres réalités interviennent et alors, c’est le silence qui s’instaure et plus jamais personne ne parle.

            L’Alliance décrie plus la renonciation des leaders politiques que de s’attaquer à un homme ou à un groupe comme étant l’instigateur de la dérive qui guète notre démocratie.

            Tapis dans l’ombre tel un sage, l’ADJ entend galvaniser les acteurs dans les partis à entamer la révolution à l’interne, pour aboutir à quoi ? Si ce n’est le générique flou de faire avancer la démocratie, un tel slogan est pourtant l’apanage de tous, difficile de s’en approprier.

 

Youba KONATE

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