Les élections en Afrique : Un moment de peur et de douleur

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Serions-nous des non démocrates durant toute notre vie sur cette terre ? La question mérite d’être posée, mais mérite également une réflexion. L’ex-président français aurait-il raison sur nous en nous disant que: «La démocratie n’est pas faite pour l’Afrique ». Nos élections sont toujours des sources de tension entre le président sortant et l’opposition. Jusqu’à quand ?

Ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire doit nous donner des leçons pour que nous ne tirions le diable par la queue à chaque fois qu’il y a élection. La situation en RDC démontre parfaitement le danger qui guette ce pays. Sous l’angle du développement, mais aussi de la démocratie, que vaut le continent noir? Soit l’Afrique n’en a pas encore la détermination, préférant, comme voies d’accès au pouvoir, des réductions et des labyrinthes plutôt que des autoroutes rectilignes et dégagées. Soit l’Afrique n’en a pas encore la culture et qu’elle fait semblant d’acclimater un modèle de contrôle politique qui jure d’avec ses réalités propres.

Le Bénin a évité de justesse le chaos postélectoral. Même chose pour le Nigéria. Le Mali et le Sénégal sont sur la brèche. Pour la RDC, l’élection du jeune Kabila soulève la tension et montre que nous sommes tous des cobayes. Tout se passe comme si une paix des braves sans élection, conclue par les différentes factions, est préférable à la paix des cimetières avec élection, comme ce qui se profile à l’horizon. Le danger n’est plus loin. Les élections sont ainsi grosses de conflits et de guerres civiles, parce qu’on estime qu’il faut les gagner à tout prix, voire à n’importe quel prix. D’autres ce sont accrochés au pouvoir poings et mains liés. «C’est moi ou rien», point barre ! On s’accroche ferme. Il est alors rappelé l’antique et biblique précepte, à savoir que celui qui tue par l’épée périt par l’épée. C’est le cas de notre ami Blaise Compaoré qui cherche à ne plus remettre le pouvoir.

Le vieux briscard du Sénégal, qui tient à peine debout, est condamné à tenir le pays comme un «papa couche». Sa mainmise étouffante sur le pouvoir peut être à l’origine de toute dérive totalitaire. On peut ainsi multiplier des exemples qui ont la vertu de nous interpeller. Nous devons vraiment nous interroger sur le sort de notre continent. Il faut qu’on s’arrête un peu pour regarder les autres. Le pire, dans la gestion du pouvoir, est que ces opposants, dès qu’ils arrivent au pouvoir, ne lâchent plus. Nous verrons bien comment cela se passera en Guinée, avec le professeur Condé et en Côte d’Ivoire avec ADO. Chantres de la démocratie et de l’alternance par des élections transparentes, le resteront-ils après avoir goûté au succulent jus du pouvoir ?

 

Destin GNIMADI

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