La Mauritanie donne le bon exemple : Les opposants Maliens ont-ils un statut ?

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La semaine dernière le nouveau régime Mauritanien a octroyé à Ahmed Ould Daddah le statut de principal leader de l’opposition assorti d’avantages particuliers y compris le traitement équivalent à celui d’un ministre. En Comparaison voici ce que le Mali propose à ses opposants.

La gestion de l’opposition a toujours posé problème dans les démocraties émergentes d’Afrique. Les régimes du continent ayant assez longtemps évolué dans des systèmes qui ne tolèrent point la contradiction, les opposants des premières heures de la démocratie ont du mal à trouver leur place.

Certes, dans beaucoup de pays les opposants ne sont plus sauvagement réprimés, mais nous sommes encore loin de la fluidité des système occidentaux. Nous ne sommes pas encore totalement sortis du vieux cycle de la contestation répression imputable à des élections bâclées conduisant souvent au boycott de tout ou partie du processus. Le Mali a eu sa dose entre 1997 et 2002 et les opposants Sénégalais viennent tout juste de bouder les législatives en guise de protestation contre les conditions de la réélection du Président Wade.

Malgré tout, de belles initiatives en direction de l’opposition commencent à émerger, en tout cas dans l’ouest Africain. C’est ainsi que la semaine dernière, un statut clair a été octroyé à l’opposition Mauritanienne dont le plus illustre représentant, Ahmed Ould Daddah a désormais rang d’officiel et percevra une rémunération équivalente à celle d’un ministre. Notons que Ould Daddah était arrivé au second tour de la dernière présidentielle dans son pays et que son parti est l’un des mieux représentes à l’Assemblée.

Il s’agit là d’une bonne chose dont toute l’Afrique devra s’inspirer afin que nos mœurs politiques soient enfin adoucies et que nous rompions avec la mise à l’écart récurrente d’une partie des forces vives de nos pays.

Qu’en est-il du Mali ?

En la matière, notre pays n’est pas parmi les moins bien lotis. En effet, sans avoir l’air d’y toucher, le Mali dispose depuis 2000 d’un statut des partis politiques de l’opposition, suivant la loi N°00-047 du 13 juillet 2000. L’article premier de cette loi dispose que : “ la présente loi a pour objet de conférer à l’opposition un statut juridique dans un cadre démocratique et pluraliste au fins de contenir le débat politique dans les limites de la légalité et d’assurer démocratique au pouvoir ”. Aux termes de l’article 2, cette opposition est composée par un ou plusieurs partis politiques, représentés ou non à l’Assemblée, distincts du parti ou de la coalition de partis qui soutiennent l’action gouvernementale. Cette opposition peut participer au gouvernement, mais dès lors, elle perd sa qualité. S’agissant des prérogatives liées à la qualité d’opposant, l’article 8 de la loi stipule : “ les partis politiques de l’opposition ont un libre accès aux informations par voie d’audience spéciale dans les ministères et administrations publiques… ”

L’article 9 dit que les dirigeants des partis politiques de l’opposition peuvent recevoir, ou être reçus par les membres des missions diplomatiques, consulaires et des organisation internationales accrédités au Mali ainsi que les personnalités étrangères en visite régulière au Mali. Et l’article 10 de la loi dispose que : “ A l’occasion des cérémonies publiques, les responsables des partis de l’opposition ont droit aux considérations protocolaires et aux honneurs conformément aux textes en vigueur ” Il ressort des dispositions de l’article 12 de la même loi, que l’opposition a le droit de s’exprimer publiquement et qu’à ce titre elle a accès aux media d’Etat dans les mêmes conditions que la majorité.

Comme on le voit, notre opposition a aussi son statut même si la notion de principal leader n’est pas abordée dans le texte. C’est une opposition qui dispose de droits Républicains, même si elle ne peut pas encore prétendre à des avantages pécuniaires. En outre, l’applicabilité des dispositions de cette loi se pose si l’on sait que la notion d’opposition avait pratiquement disparu de notre langage politique depuis cinq ans. Nous avons cependant le mérite d’avoir un texte. Il suffit seulement de l’améliorer et chacun s’en portera mieux.

Malick Sy

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