ll ne s”agit pas d”un enseignement magistral sur la séparation des pouvoirs, mais la situation politique actuelle de notre pays est telle qu”il faut bien des consciences pour dire non à la mascarade, à la parade des officiers engagés pour la cause de leur "frère d”arme", "leur frère de chapelle", le Général Amadou Toumani Touré, dont la déclaration de candidature depuis longtemps rampante est entrain d”être enrobée pour n”être qu”une évidence. Encore que depuis Descartes, on sait que tout ce qui est évident n”est pas vrai.
Il faut le dire net, ce qui se passe actuellement , de la part de certains officiers, est inacceptable dans une démocratie. Et si, rien n”est fait, demain un lieutenant, ou un capitaine pourra se faire élire Secrétaire Général d”un parti politique.
Les Maliens savent qui est le Colonel Hamidou SISSOKO, galamment appelé "Man". Il est connu pour son goût prononcé du lustre, de l”argent, de la belle vie douillette. Il est aussi connu pour être l”autre face du Général ATT, c”est à dire son homme-lige, si ce n”est son majordome. Ce Colonel est aujourd”hui à la tête d” une association qui n”a qu”un seul objectif : faire réélire ATT.
Et l”homme se bat pour cela. En ville et dans les casernes. Il confectionne, à tour de bras, des gadgets et appuie des manifestations folkloriques auxquelles il prend part allègement. Que veut-on ? Hamidou Sissoko ne peut se satisfaire de la fanfare des armées.
Hamidou Sissoko et d”autres officiers ont quadrillé les garnisons. Ils n”ont pas fait que quadriller, ils menacent les hommes de troupe et les somment de n”avoir qu”une seule note : ATT est une chance pour le Mali.
Avant Hamido,u Sissoko, il y a eu le Contrôleur Général de police Niamey qui dans son Nara natal organise des coupes de foot-ball pour le compte de ATT. Récemment, c”est le Mouvement Citoyen qui organise une grande manifestation de "reconnaissance dans les garnisons de Kat!, sous la haute présidence du Chef d"Etat major général des armées. La bande annonçant l”activité a été abondamment diffusée sur les antennes de l”ORTM. Et pourtant !
Il est vrai que cette dérive n”est pas subite. Elle a été orchestrée par le Général ATT en personne. N"est?ce pas lui qui a militarisé l”administration électorale ? Le Ministre de lAdministration, chargé de la supervision générale des opérations électorales est un Général. Le Directeur Général de la Délégation Générale aux Elections, qui a la lourde tâche de mettre à point le fichier électoral et d”imprimer les cartes d”électeur est un Colonel. Les principaux collaborateurs de ce colonel sont tous des militaires.
Le Gouverneur de la région de Kayes est un militaire. Le Gouverneur de la région de Tombouctou est un militaire. Le Gouverneur de la région de Gao est un militaire. Et les actions posées par ces militaires ne sont pas de nature à conforter la sérénité du débat. On se souvient avec quel tour de magie, le Général Kafougouna Kone a pu exclure le RPM de la composition de la CENI, sur la base de courrier dont on ne peut pas ne pas évaluer l”impact final : le premier parti à lAssemblée Nationale et dont le Président n”a jamais caché son intention de briguer la magistrature suprême est absent de la supervision des élections.
Une énormité dont sont témoins tous les amis du Mali. Autre énormité ? Le Colonel en charge du ficher électoral ne veut pas entendre parler d”audit du fichier électoral ! Il l”a dit clairement au cours d”une conférence de presse spécialement conviée à cet effet. Ce fichier, dont l”audit n”est pas à l”ordre du jour est réputé d”après ce Colonel des plus fiables ! Et pourtant que de questions ? que de questionnements ? Le nombre de plus de six millions d”électeurs inscrits sur une population d”environ 12 millions ne lui paraît pas bizarre, à ce Colonel ? Pourquoi, y a t?il plus de 1008 familles dans la cité bien nommée des 1008 logements ? Pourquoi, la DGE a-t-elle commandé plus de cartes que d”électeurs inscrits ? Non, l”audit du fichier électoral n”est assurément pas à l”ordre du jour ! Approchez ces officiers, ils vous diront qu”ils sont au service des intérêts supérieurs de leur pays. Sûrement. Ils défendent aussi les intérêts supérieurs de leur chef et de leur corporation avant tout. Ils ont bâti un système qu”il veulent consolider.
Et ces militaires ont le toupet de dire qu”ils ne font pas de la politique. Quand même ! Ils font plus que de la politique. Ils font de la stratégie politique. Et cela, les démocrates et tous ceux qui ont souci de la République ne peuvent l”accepter. Les militaires, comme citoyens ont le droit d”avoir des idées politiques et de les exprimer par le vote. Mais ils ne peuvent être des acteurs de premier plan. Le droit de réserve, la pudeur même le leur commandent.
L”intrépide Capitaine Sankara n”avait-il pas dit de façon apodictique qu” "un militaire sans formation politique est un criminel en puissance " ? La formation politique dont parlait SANKARA n”a rien à voir avec cette percée politicienne qui détruit la charpente des armées. L”armée est une institution qu”il faut savoir mettre au dessus de la mêlée.
Hambodédio BARRY
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