L’ASSOCIATION POUR LA DEMOCRATIE ET LA JUSTICE (ADJ): Acteur éminent du débat démocratique

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L’Adj est, de mon point de vue, le germe qui contient l’unité future des partis issus de l’Adema – Pasj. Non seulement cette unité est nécessaire, mais sa réalisation est une question vitale pour l’existence même de l’Adema, du Rpm et de l’Urd, ou tout au moins de ce qu’il en restera avant et après les prochaines échéances électorales. L’Adj est, nul doute, le rassemblement démocratique et républicain qui sauvera ces partis de la marginalisation à laquelle ils sont condamnés.
es parlementaires de nos trois formations représentent 80 pour cent des élus à l’Assemblée nationale ; cependant, le pouvoir administratif a fait main basse sur l’appareil d’Etat et se passe volontiers des consultations de l’assemblée et des partis politiques. Si une concertation, un véritable dialogue, une considération réciproque étaient instaurés entre le Chef de l’Etat, le gouvernement et les partis, les accords d’Alger n’auraient pas engendré autant de mécontentements et de controverses ; de plus, l’ensemble des citoyens se seraient sentis solidaires des engagements pris à Alger.
Ce type de concertation fait partie des règles de fonctionnement d’une société démocratique. Depuis l’instauration de la Charte du Mandé, au 13è siècle par les enfants de ‘’Sanin’’ et ‘’Kontron’’, les décisions concernant la cité sont prises de la sorte dans nos sociétés traditionnelles. Cette charte est un exemple de démocratie qui devient une référence au plan international à travers la considération que lui portent certaines institutions progressistes.
Les raisons de la marginalisation des partis politiques ont été largement analysées et expliquées dans chacun des documents publiés par l’Adj. Mais je pense qu’il faut encore, et encore, revenir sur ce sujet pour des raisons pédagogiques. Une des principales raisons est le renvoi d’ascenseur devenu la règle de gestion des rapports et des intérêts entre les responsables de l’Etat et les dirigeants des partis politiques. C’est la règle du «je te tiens, tu me tiens par la barbichette».
Lorsque la politique et la gestion des affaires de l’Etat et de la nation tombent aussi bas, il est temps que les consciences se réveillent pour dire la vérité et mettre le doigt sur le danger qui fait plus que menacer la démocratie. Depuis 2002, les partis sont vacillants et répandent le doute au sein des militants.
Les sympathisants, à l’intérieur comme à l’extérieur du Mali, se font de plus en plus rares. Pour toutes ces raisons, l’Adj a la prétention de demeurer ferme dans sa volonté de redonner espoir et dignité aux militants et aux hommes et femmes qui pensent ne pas vivre une fatalité mais un abus de confiance.
 
Rêver ensemble
 
Lorsqu’un seul homme fait un rêve, ce n’est qu’un rêve, mais lorsque nous sommes quelques milliers à rêver ensemble à la même cause, c’est le début d’une nouvelle réalité. L’attitude des responsables politiques qui consiste à concilier de manière systématique, transiger à tout prix, «avaler toutes les couleuvres», est un excès de complaisance et un laxisme politique. Ces hommes nous mènent en bateau. Toutes ces considérations expliquent l’utilité de l’Adj.
Elle ouvre un espace de dialogue pour nous inciter et nous inviter au débat. Elle est le noyau, l’épicentre de la réponse à la question :’’ que faire ?’’ L’Adj nous autorise à rompre avec le cercle vicieux du rejet mutuel et de la suspicion, et à renouer des relations avec nous-mêmes, afin de redonner confiance et envie de travailler ensemble, tout en atténuant les peurs et les méfiances survenues avant et après les élections de 2002.
La démocratie directe exercée par l’Adj est la formule la plus dynamique adaptée à notre situation. Elle donnera au militant, à quelque niveau qu’il se trouve, la possibilité de renouer le dialogue avec toutes les composantes de sa formation, mais aussi avec les autres formations politiques. C’est en posant des actes et des actions concrètes que nous pourrons réaliser notre rencontre.
Dans l’espace créé par l’Adj, le débat sera dépassionné justement par cette interface, ce tiers inclus servant de modérateur et de médiateur. Pour qu’un projet, surtout d’envergure national réussisse, il est nécessaire de s’appuyer sur son passé, son présent et le futur qu’on envisage.
 Nous n’avons jamais cessé de dire que ceux qui entretiennent la division dans nos rangs entravent de la sorte notre réconciliation. Ils utilisent le pouvoir dont ils disposent comme un but et non comme un moyen de contribuer à l’harmonie et au bonheur du Mali et des Maliens. Rien ne mène l’homme autant que l’illusion et ses camarades sont dans l’illusion.
Les nombreuses adhésions reçues par l’Adj sont révélatrices d’un désarroi ressenti par les militants et une large couche de la population, ainsi qu’un sentiment de désaccord avec les pratiques des responsables politiques de la place. Il y a une véritable crise identitaire. Dans ce contexte, le rôle des intellectuels «empêcheurs de tourner en rond» est de revivifier l’effervescence vitale et de prévenir la sclérose.
Quand, en effet, l’intellectuel vend son cerveau comme d’autres vendent leur corps, quand le souverain du moment pourvoit généreusement à ses besoins, l’honore et lui assure prébendes et considération, alors, il ne peut que jouer sur les deux tableaux. Cet homme ou cette femme est incapable de règle.
Les initiateurs de l’Adj ont le mérite d’œuvrer pour lever toute ambiguïté sur le modèle politique garantissant notre démocratie parlementaire, républicaine et laïque. L’application stricte d’une telle politique, entretenue par le fonctionnement démocratique des institutions donnera de la crédibilité aux partis, à la chose publique et aux hommes qui nous dirigent.
Pour résumer mes propos, je vous invite vivement à rejoindre l’espace ouvert par l’Adj car, au bout du compte, il nous conduira à conjuguer l’éthique et la politique pour une gestion concertée du pouvoir.
     Le 26 août 2006
NASSE SANGARE

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