Au contraire, bien naïf et malheureux est celui qui, dans sa cécité politique, tente de régenter l’histoire en se comportant en adepte fidèle et convaincu des méthodes désuètes de la défunte UDPM de triste mémoire ! Rien n’arrêtera plus jamais le rouleau compresseur du peuple du 26 mars qui marche inexorablement sur château de carte ADEMA en passe de s’éreinter. Plus qu’un parti unique constitutionnel comme l’UDPM, plus qu’un parti Etat, l’ADEMA ambitionne d’être un Etat parti. L’UDPM a fini par comprendre à ses dépens la véracité du proverbe portugais selon lequel «c’est le trop de cire qui met le feu à l’église». L’administration doit méditer là-dessus.
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Procès des ex- dignitaires du régime
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L’arrêt de la cour suprême rendu le 11 novembre 1996 sur le dossier crimes économiques des ex dignitaires Moulaye Haidara a été mis à la disposition de la Cour d’assises. Il était reproché à l’ex ministre de l’agriculture de Moussa Traoré le détournement de plusieurs dizaines de millions de nos francs au préjudice du ministère dont il avait la charge. Plusieurs missions fictives dont l’ex ministre de l’agriculture a empoché les frais de missions avaient été retenues contre lui .Ces missions n’ont jamais eu lieu en réalité. Moulaye Haïdara, comme la plupart des personnes impliquées pour crime économique, a bénéficié d’une liberté provisoire après paiement d’une caution de 20 millions de nos francs.
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Le dossier concernant le général Amadou Baba Diarra, Ousmane Diallo (tous deux anciens ministres du plan) et Niomby Sissoko, chef de cabinet au dit ministère au moment des faits retenus contre eux, ont répondu au détournement d’une somme de 53.033.438 F CFA au préjudice d’un fonds débloqué par le FED, le programme de lutte contre la faim et la sècheresse au Mali. Pour avoir tour à tour géré ces fonds, Amadou Baba Diarra et Ousmane Diallo furent invités à fournir des explications par rapport au trou décelé: Baba Diarra pour un montant 41millions et Ousmane Diallo 16 millions, car les fausses factures établies par leurs chefs de cabinet à l’époque M. Sissoko attestant que le montant détourné a servi à couvrir des frais de fonctionnement ont été contestées par le délégué de FED. Lequel avait officiellement élevé des protestations sur la base d’un rapport d’audit parce que co-signataire de toutes les dépenses relatives à ce fonds mis en rapport. Le montant détourné aurait été logé dans un compte parallèle à la BDM à savoir le compte n°267 221. Mme Diallo Lalla Sy a bénéficié d’un non-lieu, accusée d’avoir fait retaper sa maison personnelle aux frais de l’Etat d’un montant de plus 8 millions de F FCA. Elle a produit un contrat dans lequel l’Etat malien s’était engagé à lui accorder ce privilège.
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Rappelons que le ministre de la Culture Mohamed El Moctar est le beau- fils de l’ancien ministre Moulaye Haïdara, Celui de l’Environnement et de l’Assainissement Agathane Ag Alassaane fut médiateur de la rébellion touareg et un des acteurs de la Flamme de la paix. C’est l’ami de Ag Rhissa Ag Rathou.
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Aussi le mari de Mme Lalla Sy, Mahamadou Habib Diallo, est député élu à Sikasso. Il est le 7ème vice- président de l’Assemblée nationale. Ancien directeur national de l’Urbanisme et de la construction.
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Quant à Amadou Baba Diarra, sa fille est nommée, chargée de mission à la présidence de la République.
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La femme de Ousmane Diallo, ancien ministre du Plan, se voit confier le département de la Pêche et de l’Elevage. C’est ça la démocratie Malienne
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ADEMA : les cadres caporalisés
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Le jeudi 12 septembre 1996, sur convocation expresse du comité exécutif de l’ADEMA et en prélude au séminaire gouvernemental de la dernière chance, des cadres administratifs assumant de hautes responsabilités dans l’appareil d’Etat ont été réunis en conclave au siège du parti de l’abeille. Surprise : chez beaucoup de ces serviteurs de l’Etat qui n’ont rien à voir avec l’ADEMA dont ils franchissaient d’ailleurs pour la première fois le seuil du siège.
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Stupéfaction et révolte surtout quand ils se sont vus accueillir par le secrétaire national à l’organisation pour leur parler de «mise en place de groupe d’étude de reflection (GER), d’élaboration de bilan et de l’action gouvernementale de celui du parti et programme pour le semestre à venir» (sic) Décidément, le ridicule ne tue pas à la ruche.
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En effet, après avoir clamé sur tous les toits que l’ADEMA dispose de cadres compétents et suffisants dans tous les domaines pour gérer les affaires publiques, à la satisfaction générale, voilà que ce parti sentant sa fin inéluctable et après avoir abusé des moyens de l’Etat pour entrer en campagne avant terme, tente de faire un hold-up politique sur les ressources humaines de l’Etat pour enrober son échec et faire passer la pilule.
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Quelle fuite en avant échevelée ! Ce conclave a-t-il été conçu pour tester l’allégeance des cadres administratifs au parti au pouvoir ou bien comme tentative désespérée pour sauver le navire en naufrage des chantres de l’avenir ensemble, de la gestion concertée du pouvoir, de la coalition nationale pour la démocratie ? Les cadres présents n’ont pas été dupes.
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Au contraire, bien naïf et malheureux est celui qui, dans sa cécité politique, tente de régenter l’histoire en se comportant en adepte fidèle et convaincu des méthodes désuètes de la défunte UDPM de triste mémoire ! Rien n’arrêtera plus jamais le rouleau compresseur du peuple du 26 mars qui marche inexorablement sur château de carte ADEMA en passe de s’éreinter. Plus qu’un parti unique constitutionnel comme l’UDPM, plus qu’un parti Etat, l’ADEMA ambitionne d’être un Etat parti. L’UDPM a fini par comprendre à ses dépens la véracité du proverbe portugais selon lequel «c’est le trop de cire qui met le feu à l’église». L’administration doit méditer là-dessus.
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Boubacar Amadou Traoré
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La démocratie fille du consensus national
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Aujourd’hui au soir du XXème siècle, toutes les nations dites industrialisées se targuent de posséder un régime démocratique. Partout des élections, des partis, la séparation des pouvoirs, l’alternance politique. En Europe de l’Est, la remise en cause du vieux système politique. Mais laquelle de ces nations sépare l’élite dirigeante émanant du peuple, de ce peuple lui-même ? Qui est donc le peuple ? Qu’est- ce le parti ? Dans quelle mesure les agents chargés de la mise en œuvre des volontés du peuple, c’est à dire les agents du gouvernement agissent-ils ? N’oublions pas que le degré de liberté dont bénéficie le peuple dépend de la façon dont tourne la machine gouvernementale.
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Or, il n’est pas bien difficile de copier une machine simple, il suffit de présenter le modèle à des techniciens qualifiés et compétents. Mais il n’est pas possible à un peuple d’apprendre à copier un art de gouverner simplement parce qu il l’a décidé. Et comment un peuple peut-il faire l’apprentissage de la liberté que s’il est libre ? Comment peut-il rester libre s’il n’est pas maître des mécanismes qu’il utilise pour son autodétermination ? L’égalité politique peut s’octroyer par décret mais la liberté est insaisissable. De toute évidence une démocratie dite pluraliste faite d’alternance de partis, ne naît pas simplement du désir de quelques individus seulement, fussent-ils enfants prodiges ou messagers du bonheur à l’intérieur du pays, pas plus quelle ne peut être mise en place du dehors par des étrangers.
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La démocratie n’est pas exportable partout, à tout moment, vers tout peuple mais elle est le résultat d’une évolution historique interne. La démocratie véritable pour nous, monolithique ou non, est celle qui tient compte des valeurs culturelles traditionnelles, du degré d’alphabétisation, du compromis du degré de patriotisme et de civisme, somme toute d’un consensus national. Que de crimes commis au nom de la démocratie et de la liberté ! L’homme étant au début et à la fin de toute entreprise, l’éternelle inéquation que doit résoudre le responsable politique reste incontournable, à savoir : comment rester populaire en prenant des mesures impopulaires légales pour le bonheur de ce même peuple dont il est l’émanation
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Adama M. GUINDO
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Secrétaire aux Arts et à la Culture du BEN UNJM
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Actuellement Chargé de mission au ministère de l’industrie de du Commerce
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Source Sukaabè N° 7 Juin 1990
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