Le tableau de la situation politique actuelle devient de plus en plus ambigu. Sa compréhension est aisée par l’homme de la rue qui au-delà des programmes et projets ne voit que la personne des leaders politiques; pour ceux ou celles qui identifient les différences sur la base des programmes et des formations politiques et de l’orientation économique, politique et sociale de ces formations, il n’y a aucun doute les repères sont brouillés.
Deux grands regroupements politiques viennent de naître au gré des récentes évolutions de la situation politique. Leur existence en tant que regroupements politiques est moins surprenante que leur composition prise individuellement.
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L’Alliance pour la Démocratie et le Progrès ( ADP) composée initialement de l’ADEMA/PASJ, l’URD, le CNID, le PSP, le MIRIA, le PCR, l’US-RDA, le PIDS, le PDJ, le MPR, le PDR auxquelles d’autres formations sont venues s’ajouter. Le FDR (Front pour la Démocratie et la République) composé du RPM, de Convergence 2007, du PARENA, du CDS et de l’ADJ, la COPP, le FASO auxquelles d’autres formations sont venues aussi s’ajouter.
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Chacun des deux grands rassemblements a l’avantage ou l’inconvénient de concilier le chou et la chèvre ! Ni gauche ni droite ! La politique c’est la politique ! Pourvu que les ambitions nourries se réalisent.
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Les méthodes et les choix comptent très peu ici. Les positions se sont cristallisées et chacun des rassemblements se retrouve autour d’un dénominateur commun et qu’ils partagent « la démocratie ». Cet idéal démocratique, l’Alliance pense qu’il est préservé et garanti autour du soutien de la candidature du Président ATT (qui ne s’est pas encore décidé publiquement) et le FDR pour sa part pense que le maintien de ATT au pouvoir après 2007 est une "menace pour la démocratie".
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Si on se comporte comme l’homme de la rue, on prend les effets, on les analyse en s’écartant des vraies causes des problèmes.
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Ces deux camps ont un point commun en ce qu’ils ont été tous aux affaires de l’Etat : soit ensemble dans le même gouvernement ; soit en étant dans des institutions différentes. Peu importe que les ruptures déclarées entre eux l’aient été sur la base des questions scrypto-personnelles ou claniques. Les différences dans les conceptions et orientations politiques sont si minimes que ce serait superflu de passer à la démonstration. En fait, c’est le président Konaré qui a passé le flambeau à ATT dans des conditions très controversées en bafouant la volonté populaire. C’est important pour ce débat aujourd’hui et demain. La leçon à retenir est qu’au Mali le peuple vote mais sa volonté n’est pas prise en compte. Il est marginalisé.
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Que le président IBK et le président Konaré se réconcilient aujourd’hui après 6 ans d’indifférence, c’est tant mieux pour leurs relations personnelles. Mais politiquement, il nous faut des explications crédibles et convaincantes. La question est de savoir si les raisons qui ont dicté au président Konaré son comportement qui a consisté à priver IBK ou Soumi de leur victoire, si ces raisons ont disparu. En revanche, les valeurs morales et politiques ou autres, peu importe, que Konaré avait décelées en ATT et qui ont valu que le premier ait transféré les rennes du pouvoir au second. Quelles sont ces valeurs? Existent-t-elles à présent ? Sinon ont-elles disparu ?
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Comment ?
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C’est ça le débat politique quand on veut construire ou reconstruire une nation.
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Il est clair que la profondeur des divergences entre les deux camps ne peut laisser aucun observateur politique indifférent à fortiori un malien vivant ou non au Mali. Autant nous avions écrit publiquement que c’est une erreur que le président ATT commet en réduisant la question de la rébellion du Nord à une affaire de " deux ou trois personnes ", autant nous pensons que IBK commet des erreurs graves en disant qu’il veut “rétablir l’Etat dont le Président Konaré et lui avaient rêvé “ (le challenge n°334/22/022007).
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Politiquement c’est grave dans la mesure ou l’Etat- Konaré n’a pas pu effacer l’image qu’il a laissée d’avoir permis la promotion de 22 milliardaires selon la Banque mondiale. Pas peut être pour les partisans de ATT, mais pour nous autres maliens et maliennes la clarification de cette question est fondamentale pour l’avenir de la démocratie malienne. Malheureusement des anciens ministres et anciens contrôleurs généraux d’Etat passés dans « l’opposition » gardent un silence absolu ou complice sur cette question. On nous dit qu’il ne faut accorder aucun crédit à ce rapport de la Banque mondiale, qui l’a même démenti ! Alors pourquoi devra t-on accorder un crédit aux rapports du PNUD ? Rapports de la BM et du PNUD ont une présomption de vérité et selon l’adage “ tous ce que dit le petit maure, il l’a appris sous la tante “.
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Cela dit, les questions sont là. Il nous semble que les conflits entre les deux regroupements vont au-delà de ce que nous lisons dans la presse privée.
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Politiquement gravitent autour des deux regroupements des secteurs de la moyenne bourgeoisie et de la grande bourgeoisie issus des rentes de l’Etat.
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Le pouvoir de Konaré a permis la mutation de bon nombre de moyens bourgeois en gros bourgeois et dont la fortune a été bâtie à travers l’appareil d’Etat.
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Les traits caractéristiques de cette mutation sont que, outre que la gestion des affaires sous le régime Konaré a été ouvert et accessible à un éventail large et diversifié des différents secteurs maliens, mais il faut ajouter que les principales reformes économiques initiées et réalisées sous Konaré ont bénéficié principalement à des acteurs politiques, intellectuels et non à des opérateurs économiques. Une mutation sociale s’est opérée. Les politiciens qui sont censés arbitrer les conflits entre les opérateurs économiques sont devenus eux même les opérateurs économiques dans certaines entreprises et sociétés reformées. Au contraire de son prédécesseur, ATT a une conception très restrictive de la gestion. Sa gestion menace l’opulence de certains secteurs de la bourgeoisie adémiste et autres partis ayant géré le pays avec Konaré (cf. P.S.P.R et autres ). La gestion de ATT est plus ou moins clanique. Son effet essentiel a été de provoquer le déguerpissement économique et social des secteurs de la bourgeoisie, du régime Konarien. En revanche, on voit des nouveaux riches, très repus qui font leur apparition. S’écarter de cette manière d’analyser les questions qui se posent à notre société revient à faire de l’aventurisme. Ce sont ces deux principaux secteurs de bourgeois intellectuels qui s’affrontent et qui ont pu entraîner chacun dans son camp de petits partis démocratiques ou de simples démocrates.
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S’il y a eu plus de bourgeois parasitaires sous Konaré par rapport à Moussa Traoré, l’explication se trouve dans l’évolution du régime économique du pays. Konaré a bénéficié de subventions et d’aides plus importantes que son prédécesseur GMT. Non pas qu’il est plus beau que Moussa, mais parce que c’est sous Konaré que les bases politico juridiques de toutes les privatisations ont été posées. A titre de rappel, la privatisation a commencé au Mali avec la mise en œuvre du PASEP (Programme de Reforme des Entreprises Publiques). Ce programme qui a couvert 35 Entreprises est arrivé à terme en 1992- Une loi n°41 du 22 février 1994 fixant les principes fondamentaux de la privatisation des Entreprises du Secteur publique a été votée. Puis l’ordonnance n°00-67 du 29 février 2000 a crée la Direction Générale de l’Administration des Biens de l’Etat (DGAB). En 2001 le décret n°026 du 02 janvier fut pris et fixe les modalités de liquidation des EPIC et sociétés d’Etat.
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En vérité, c’est l’adoption de ces textes qui ont permis d’attirer les capitaux étrangers et sont les bases sur lesquelles la moyenne bourgeoisie intellectuelle sous Konaré a bâti sa fortune pour passer dans la classe de bourgeois parasitaires.
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Si on prend la loi n°041 du 22 février 1994, outre qu’elle ne s’applique pas à la délégation globale de gestion (la technique de la concession et de l’affermage que l’ADEMA a inventée sans texte), mais pire les offres et leurs conditions étaient faites n’importe comment ! Pire encore, la possibilité est donnée à une autorité d’attribuer un marché sur la base de gré à gré alors même que cette autorité n’est pas précisée ? ! Mais il y a plus grave le compte “ ad hoc“ que cette loi impose comme préalable aux privatisations n’a jamais existé. Pourquoi ? Et pour qu’elle raison ? Plus grave encore, le décret d’application de la même loi n’a jamais vu le jour. Pourquoi ? Et pour qu’elle raison ?
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Il s’est constitué sur cette base des bourgeois rentiers. Des gens qui au départ n’avaient que pantalon et chemise. Aujourd’hui on en voit dont les moustaches et les cheveux sont blanchis par la corruption. Concrètement, c’est une partie de ces secteurs de la bourgeoisie qui est menacée par la gestion de ATT. Ceux qui ont vite compris se sont ligués derrière ATT. Les propos de Dioncounda TRAORE sont assez révélateurs. A la fois ils expriment les dix années de gabegie de l’ADEMA (1992 – 2000) à l’exclusion du MIRIA à l’époque, mais aussi la crainte d’être poursuivis ! A l’inverse et en revanche on apprend que “ le héros du 26 Mars (ne doit pas céder aux chants des sirènes) de << ceux qui l’incitent à briguer un second mandat >> (la nouvelle république n°004 du 22 février 2007) le fond des divergences n’est pas la bataille autour d’un idéal démocratique mais bien un conflit de positionnement et de succession. C’est à la fin de la 5 ieme année du pouvoir ATT que les maliens et maliennes apprennent que << des paroles données n’ont pas été respectées >> ? ! . A supposer qu’il y avait un deal entre ATT et IBK mais le mal est infini ! Pourquoi un deal pour falsifier l’histoire politique du Mali ? Qui est témoin du deal au Mali ?
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A supposer qu’il y ait un deal pourquoi n’a-t-on pas pris comme témoin du deal les autorités griotiques ou traditionnelles du Mali ?.
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Mais pourquoi un deal pour écarter la Constitution ? Les lois électorales ? La volonté du peuple ?
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Pourquoi et pour quelle raison Konaré a falsifié ou fait falsifier la volonté du peuple ? Dans cet ordre d’esprit, qui est l’auteur ou quels sont les auteurs de la dérive républicaine ? Pourquoi veut-on que les maliens avalent que " ATT est une menace pour la démocratie " alors que Konaré et IBK lui même ont participé à la falsification de l’histoire politique du Mali. A la vérité la seule menace que constitue ATT aujourd’hui, c’est qu’il est le chef de file des secteurs de la moyenne bourgeoisie et de gros bourgeois sur le point d’évincer économiquement cet autre secteur de moyens et gros bourgeois.
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Qui ne comprend pas cela doit cesser de faire la politique.
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Si les bailleurs ont nanti le Président Konaré de plus de finances que son prédécesseur GMT c’est que le régime de Konaré a mieux ouvert les secteurs économiques de son pays à ses partenaires. De même, il faut expliquer que les milliards et milliards accordés à ATT résultent du fait que lui aussi a encore mieux ouvert son pays aux partenaires. Les hauts milieux financiers tirent les leçons des placements financiers auprès des régimes dictatoriaux. Aujourd’hui, plus les barrières douanières tarifaires et même non tarifaires sont démantelées et harmonisées, plus on donne assez d’argent, parce que les conditions juridiques de remboursement existent. Le CIRDI est la juridiction internationale des investisseurs que ces derniers saisissent contre un Etat sans passer par les tribunaux internes en cas de différends.
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Si on est d’accord que le face à face FDR et ADP n’est pas une bataille autour d’un idéal démocratique, examinons maintenant les problèmes autour desquels les patriotes maliens peuvent fonder leurs actions présentes et futures.
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Seul l’examen des mutations intervenues dans le secteur industriel et au niveau de la paysannerie doit être un guide pour nous.
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Ce n’est pas en chantant l’hymne national du Mali que les problèmes seront réglés. L’enjeu des problèmes posés va au-delà.
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Je ne crois pas qu’il faut comparer ATT à Hitler ou Missolini. Cela n’est pas exact politiquement. Tout comme c’est faux, complètement faux de dire et écrire qu’il n’y a pas de reformes en profondeur. La question n’est pas de procéder à des reformes institutionnelles ou constitutionnelles pour que chacun trouve sa place. C’est cela le partage de gâteau inauguré par l’ADEMA (cf. P.S.P.R.). Chacun a pris sa part et tout le monde est rendu responsable de la gestion de la période.
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L’ADEMA qui a remporté les premières élections générales de 1992 sans difficulté n’avait nullement besoin de gouverner avec Samba ou Demba. Cependant si Konaré a gouverné avec les autres, c’est parce qu’il savait que ces élections n’étaient pas fiables et pour ne pas être renversé, en 1993 tout comme en 1997, il s’ouvrit et les intellectuels affairistes de son pouvoir l’ont vaincu. Ces faits sont là, Konaré a pris le pouvoir dans des conditions très ambiguës.
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La gauche de l’ADEMA a été vaincue par les affairistes sans foi ni loi. Et finalement tous ceux qui n’avaient aucune conviction de gauche établie se sont bien enrichis (surfacturations, décombres des privatisations, trafic d’influence, etc.).
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C’est exactement ce que nous voyons aujourd’hui. C’est Me Mountaga TALL qui nous apprend que la Constitution n’est pas appliquée. Que IBK et lui TALL n’auraient normalement pas dû être Président et Vice-président de l’Assemblée nationale si on respectait la lettre de la Constitution et j’ajoute s’ils avaient une éthique politique (cf. Le débat africain de RFI, la semaine passée).
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LES VRAIES QUESTIONS ECONOMIQUES ET SOCIALES A DEBATTRE ET LA QUESTION DE LA 3ième VOIE POLITIQUE A BATIR… (à suivre).
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Me Amadou Tiéoulé DIARRA
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Tél : 672-37-10
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