L’édifice public a été érigé en souvenir de ceux et celles qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes afin que la démocratie malienne soit. Sa direction ne se souvient que de quatre hommes.
Lorsqu’on connaît la carrure intellectuelle de Thierno Diallo, l’inamovible Directeur de la pyramide du souvenir, l’on s’étonne de son amnésie- ou sa mémoire sélective- quant aux acteurs et les actrices qui ont sacrifié ce qu’ils ont de plus précieux pour conquérir la démocratie malienne. De quoi s’agit-il ? Dans la cour intérieur de la pyramide du souvenir, se trouve un grand espace aménagé pour recevoir les débats et autres échanges politiques, intellectuels, culturels, etc. La place est barrée côté ouest par un colossal pan de mur qui porte quatre gigantesques portraits dessinés à la main. Ils sont censés, du point de vue de la direction de la pyramide, incarner les pères de la démocratie malienne.
Il s’agit d’Alpha O. Konaré, d’Amadou Toumani Touré, d’Abdoul K.Camara ”Cabral” et enfin d’Oumar Mariko. Ces portraits sont là depuis toujours, pour ainsi dire. De l’accouchement douloureux, périlleux et sanglant qui a abouti, le 26 mars 1991, à la naissance de notre démocratie, M. le Directeur Tierno Diallo ne se souvient que des quatre figures. C’était déjà anormal à la base, mais l’on pouvait considérer que c’était quelque chose de pas du tout réfléchi et qui est arrivé comme ça, sans autres formes de procès.
Persister dans l’oubli et signer
Hélas, et mille fois hélas ! Ce qui pouvait passer pour une erreur (certes monumentale) fortuite, s’est avéré une véritable volonté de la part de la direction de la pyramide de ne se souvenir que de certains acteurs sélectionnés et d’en oublier tous les autres. Comme qui dirait, il n’est pas plus aveugle que celui qui ne veut point voir. Fauter, cela peut arriver à tout le monde, mais persister dans la faute, c’est autre chose. Au lieu de se ressaisir, le Directeur Diallo a récidivé. En effet, ça n’est plus à l’intérieur de l’édifice, mais bel et bien sur le mur extérieur qu’il a fait repeindre ” les acteurs du 26 mars ”, avec leur nom et un qualificatif inscrit en dessous de chaque portrait géant : Alpha O. Konaré( ”le premier président démocratiquement élu’), A.T.Touré (” l’homme du 26 mars”), Oumar Mariko ‘ ” leaders estudiantin”) et acteur du 26 mars”) et Cabral ( ” leader estudiantin”). N’en plaise à la Direction de la pyramide du souvenir, la démocratie malienne est l’œuvre de tous les Maliens et Maliennes, des plus illustres inconnus aux leaders les plus charismatiques.
Le rôle particulier des femmes est si important dans cette aventure, qu’il est inadmissible d’en attribuer la paternité à quatre hommes sélectionnés, on ne sait sur quelle base et aucune d’elle n’y est mentionnée.
Amadou Tall