Démocratie et gouvernance politique au Mali : Les premières leçons à tirer du coup d’Etat du 22 mars 2012

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La trace indélébile du putsch du Capitaine Amadou Haya Sanogo est sans conteste un recul de la démocratie malienne. Les admirateurs de la junte qui a pris le pouvoir salueront « un recul pour mieux sauter ». Les pourfendeurs de ce pronunciamiento y verront une annihilation de vingt ans de construction d’un processus en consolidation. Au-delà de ces aspects, l’ordre constitutionnel auquel le pays est retourné, sous une pression intense, est factice, avec une classe politique qui se cherche.

D’abord, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que le coup de force opéré par le Capitaine Sanogo et ses éléments suscite bien des interrogations. Quelles sont les raisons profondes qui ont poussé ces jeunes sous-officiers et hommes de rang à prendre les armes pour renverser le pouvoir du président Amadou Toumani Touré ? Un régime pourtant apparemment bien assis et qui était au crépuscule de son règne.

Officiellement, le chef de la junte évoque la mauvaise gestion et le laxisme de la hiérarchie militaire pour faire face à la crise au Nord, la corruption, la crise de l’école, la mauvaise préparation des prochaines élections et les autres maux dont souffre le peuple malien. Il faut reconnaître que ces problèmes ne datent pas que de la période ATT. La crise de l’école a commencé depuis les années 92 et s’est aggravée sous le président Alpha Oumar Konaré avant de s’intensifier sous ATT. Les vingt dernières années au Mali ont été meublées par des cas de corruption des élections organisées de façon approximative (telles celles de 1997), l’insécurité et d’autres défis.

Or, sous le président Alpha, certains acteurs politiques se sont assumés en dénonçant ces maux. Certains allant jusqu’à prendre leur distance vis-à-vis du pouvoir en place. D’où une opposition qui n’a point facilité la tâche au président Alpha. Des débats houleux étaient animés pour donner l’occasion à des voix autorisées tant au sein de la classe politique que dans la société civile de s’exprimer. Ce climat n’a-t-il pas été un facteur déterminant pour le président Alpha de, pour ainsi dire, sauver sa tête et sa peau ?

En outre, par rapport à la débâcle de l’armée dans la guerre au Nord, on se souviendra que sous Alpha, l’inventaire de l’équipement militaire avait permis de constater que la grande muette n’était pas au point pour assumer toutes ses responsabilités au plan sécuritaire et dans la défense de l’intégrité du territoire national.

La conséquence en est que tous ces problèmes se sont amoncelés sous la gouvernance d’ATT. Celui-ci, à son arrivée aux affaires en 2002, croyant certainement par naïveté bien faire, a opté pour un quasi-unanimisme. Le concept de la gestion consensuelle du pouvoir venait de faire son apparition. Tous les courants politiques se sont alliés au pouvoir et, de ce fait, ont été muselés. Les deux quinquennats d’ATT seront menés dans la léthargie du consensus politique. Si ce n’est une opposition terne et sans envergure animée furtivement par le RPM, le PARENA et plus sérieusement par la SADI.

Il en est ressorti – du moins, on s’en rend compte aujourd’hui – que certains ressentiments ont été refoulés. Il en résulte que des responsables politiques courtisans assidus du prince ont tourné aujourd’hui casaque. «Nous soutenons l’esprit qui est derrière ce coup d’Etat portant sur la lutte contre la corruption, la restauration de l’Etat, le redressement de la démocratie », déclarait récemment Housseinou Amion Guindo de la CODEM. Pour le président du PCR, Ousmane Ben Fana Traoré (un chargé de mission à la présidence de la République), le changement prôné par les putschistes est à saluer même si un coup d’Etat est toujours condamnable. D’autres leaders comme Me Mountaga Tall, Moussa Mara, tous membres du regroupement Convergence pour sauver le Mali (CSM) tiennent à peu près le même discours. Comme pour dire que le coup d’Etat qui a chassé ATT du pouvoir était un mal nécessaire.

Ainsi, le putsch du 22 mars a révélé que les partis politiques alimentaires ne soutenaient les actions du président Touré que du bout des lèvres. Ils étaient nombreux à lui tourner le dos dès le premier pépin. La preuve, même au sein du Front anti-putsch, aucun leader n’a exigé le rétablissement du président déchu dans ses fonctions. Au contraire, ils se sont tous échinés à réclamer un retour à « l’ordre constitutionnel normal ». La plupart de ces politiques ont simplement hâte que la junte se retire, que le Nord soit vite pacifié pour dégager l’horizon des élections.

L’autre leçon à tirer du changement de cap intervenu le 22 mars porte sur la versatilité des hommes politiques. Il en va ainsi des hésitations et des contradictions au sein du PARENA, du CNID et de la CODEM. Si Tiébilé Dramé du parti du bélier était au départ satisfait du coup de force lorsqu’il disait que que si le Capitaine Sanogo n’avait pas renversé le régime ATT, d’autres militaires l’auraient fait, Me Mountaga Cheick Tall du CNID et Housseinou Amion Guindo dit Poulo de la CODEM ont eu du mal à convaincre leurs principaux lieutenants de leur centrisme par rapport au putsch. Les groupes parlementaires de ces deux partis pourraient se lézarder du fait de la gestion de cette crise. Les députés Hady Niangado, Yaya Haïdara, Oumar Moussa Diawara dit Bathy du CNID se sont affichés à la Bourse du Travail au sein du Front anti-putsch, se désolidarisant ainsi d’un leader mi-figue mi-raisin. Du côté de la CODEM, certains députés et cadres comme le ministre David Sagara, son chef de cabinet Issa Fahiri Koné, Amadou Ombomtimbé ne soufflent pas dans la même trompette que Poulo et ses amis. Idem pour le PCR. Toute chose qui montre que l’opportunisme politique a encore de beaux jours devant lui au bord du Djoliba.

Bruno D. SEGBEDJI

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7 COMMENTAIRES

  1. Deal France – MNLA
    Suite….

    France : Alors, votre projet avec les Obama ? Ca se passe comment ?
    MNLA : Ca se passe très bien.
    France : Comment ça se passe très bien ?
    MNLA : Et bè, dès qu’on a prononcé le nom de Al-zawahri, on dirait qu’ils ont amené beaucoup d’étoiles qui clignotent la nuit à Gao, à Tombouctou et à Kidal au dessus de nos têtes et qui augmentent beaucoup notre visibilité dans l’obscurité.
    France : C’est plutôt des satellites d’observation que vous voyez. Bon, d’où vous êtes venu l’idée d’appeler un espace localisé uniquement au Mali, « Azawad » ? Ce nom à résonance espagnole
    MNLA : C’est Ef Gadhafi, le Guide qui nous l’a soufflé à l’oreille avant de succomber sous vos bombes.
    France : Ha, si on savait. Ce n’est certainement pas lui qui vous dira qu’il y a un moyen plus civilisé et raisonnable d’avoir une autonomie voire une indépendance dans un pays démocratique, en tout cas, qui prétend l’être.
    MNLA : Hé, il ne faut pas s’attaquer à notre dignité et à notre culture. Pour nous avoir son indipendance, c’est bondir sur nos montures, galoper au vent, l’épée étincelante et tranchante brandie au bout du bras, le boubou en poupe, égorger, tuer, violer, tabasser, trancher, fracasser, ravager tout sur notre passage. Déclencher une violente tempête, cyclone, ouragan vorace et ensanglante. Répandre un tsunami de désolation. Soulever un terrifiant, affreux, monstrueux brouhaha de gémissement de douleur de nos ennemies qu’on ne connaît d’ailleurs même pas, qu’ils soient touareg, songhoï, pheul, colonisateurs, impérialistes ou même français. Après l’apocalypse d’horreurs, on déclare notre indépendance
    France : Ho, ho, ho, il ne faut pas mélanger les ennemies. C’est tout de même trop barbare ce comportement.
    MNLA : Hè oui, il nous faut cette prédisposition psychologique pour qu’on puisse faire quelque chose avec notre indipendane. Sinon, si on nous la donne sans bain de sang, on va passer tout notre temps à se tourner les pouces sans savoir qu’est ce qu’on doit faire avec tout ce tas de sable dans le désert. C’est notre dignité, notre culture.
    France : Bon Dieu, il va falloir vous éduquer. Fini vos embuscades. Dans un pays démocratique civilisé, on dialogue, on négocie, on fait campagne aux élections, on vote pour ceux qui proposent des idées dans le sens de vos intérêts, on sensibilise, on explique, on avance des arguments, on essaie de convaincre, on fait des pétitions. On prépare le terrain quoi… Après quand la mayonnaise commence à prendre, on propose un référendum. En gros, quelque chose comme ça, mais pas de tuerie et ni de violes. Bon sang.
    MNLA : Yagara Yalla, Vous devenez insupportable à la fin. Si vous continuez à insulter notre dignité et notre culture, les exfiltration et vos otages avec AQMI, on ne fait plus rien.
    France : Du calme, on se calme. Nous rectifions. Vous êtes les braves hommes bleus du désert, les torses bombés, les nez dans le vent, les turbans en haillon qui déambulent dans le vaste désert à dos de chameau. Que vous êtes culturellement attrayant, que vous êtes touristiquement somptueux à découvrir avec vos danses de sabres, si vos ramages se rapportent à vos plumages…

  2. “Les mêmes causes produisent les mêmes effets” dit-on. Aussi, devons nous s’attaquer aux causes des coups d’Etat, des rébellions et du banditisme. Est ce un problème de mauvaise gouvernance? de laxisme, d’incompétence? Que faut il faire pour que de telles choses ne se reproduisent plus au Mali? C’est dommage d’attendre que ces événements malheureux se produisent pour se lever. Que de temps perdu!

    • Le probleme est tres complexe en mon opinion. On n’a trop de maux a soigner mais c’a ne peut que commencer qu’avec un peuple sensibilise sur ces responsabilites et les dirigents honnetes et patriots.

      Pour le banditisme, c’a demande l’a fermete et l’application des loies … Meme chose pour l’a corruption et le vol DES resources du pays. Au Mali, personne n’a reellement peur DES consequences …
      Alpha, en faisant de l’a propagande, a aussi contribue Au probleme en ouvrant nos frontieres a toutes la merde de l’afrique pendant qu’on a pas de boulot chez nous pour tous ces gens.

      Pour ce qui est de l’a rebellion, je ne suis pas sur si cette fois ci on a rellement DES rebels. J’ai plustot un reseau de crime organiser (terrorism, kidnapping, drogue, Islamist…) qui a ete facilite, intentionellement ou unintentionellement) par ATT et sa clique. Le Nord du Mali est une richesse meme sans le petrol dont on fait souvent illusion. Ce coin est une richesse touristique a cause de l’histoire mais si la securite est retablie, il faut que l’argent du tourism soit investi Au nord

      On a trop de problems…. On peut Au moins commencer par Lea dirigents

      Moussa Ag

  3. Totallement d’accord avec l’a restructuration necessaire de l’armee. Il faut que les soldats soient reellement formed et qu’ils soient mis dans des conditions raisonables et qu’ils sachent leur role et responsabilite envers le peuple. Que le peuple les respecte pour leur sacrifice mais pas parcequ’il a peur d’eux.

    Par rapport a nos politiciens, c’est un vrai casse tete. Seul le peuple peut se debarrasser des lascars en votant sur des bases solides et sachant le pouvoir les consequences du vote individuel. Dans le system (democracie) qu’on a accepter, le peuple a reellement le pouvoir s’il prend sa responsabilite au serieux. Il y’a un facteur d’education qui nous handicap mais ce n’est pas impossible avec un peu de sensibilisation. Les senegalais se sont debarasses de Wade. Le peuple n’a qu’a choisir un bon president et le Mali sera sur l’a bonne voie

    Moussa Ag

  4. Je pense que depuis 2002, nos politiciens ont montré leur vrais face. D’abord, après 10 ans c’est pas un indépendant qui peut être parmi les deux premiers au 1er tour des élection. Mieux encore au lieu de s’organiser pour que la classe politique triomphe, non on s’alligne derrière ce candidat pour soit disant un consensus politique pour meiux se servir.
    La situation actuelle n’est que le résultat de ce comportement. Et quand je vois ces gens se dire démocrates , je dirai plutot intér$ecrates. C’est dommage par ce qu’ici on ne vise pas l’intérêt général mais le particulier.

  5. Alpha Blondi a vu juste: “Ou be tekere fo ki layele sanfe oube tekere fo ki ladjiguin”
    Je me souviens après les premier incidents au Nord, notre soit disante opposition a eu a rencontrer ATT et on publiquement soutenu son approche laxiste a la crise du Nord. Je reve ou c’a s’ est reellement passe?

    ATT n’a rien fait de bon en mon opinion mais la majorite de ce qui l’ont abandonne ne sont pas moins coupable que lui. Dans tous les cas le coup d’état n’etait pas justifie. Les putchists n’ont rien fait de Bon non plus a part DES discours et vadrouiller dans les 4×4 du pays. A quel frais?

    Moussa Ag

    • L’armée a trop souffert des officiers véreux ,elle doit se structurer à partir de ce coup d’état .Les politiciens sans foi ni loi de l’ADP doivent disparaitre de la scène politique.

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