Démocratie et gouvernance : Beaucoup de demandes, peu d’offres

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Au terme d’une enquête menée par Afrobaromètre dans notre pays entre 2001 et 2012, il est ressorti que les maliens se sentent globalement libres d’exprimer leurs opinions. Par ailleurs, beaucoup pensent que l’avènement de la démocratie aurait du être synonyme de promotion d’emploi et de sécurité. Après la grave crise de 2012, il faut, à tout prix, revoir notre mode de gouvernance.

 

 

En instaurant une ouverture démocratique en 1991, le Mali ne mesurait pas encore les défis que devait relever ce système de gouvernance. Les maliens se sont quelque peu égarés dans leur compréhension du multipartisme. C’est ainsi que s’est créé en moins de 20 ans, plus de 130 partis pensant tous concourir au suffrage universel.

 

 

Dans la même dynamique, une plus forte proportion de la population s’était opposée à l’exercice du pouvoir par un seul parti à plus de trois quart de maliens avec un plus grand score en faveur des ruraux. En outre, les Maliens estiment que la démocratie devrait se traduire prioritairement par l’assurance de l’emploi pour tous et la sécurité. Ceci explique donc la forte attente des populations en matière de création d’emplois et de maintien de l’ordre public, la démocratie n’étant pas vue comme une finalité, mais un moyen d’assurer le bien-être des populations.

 

 

En définitive, l’offre et la demande de la démocratie ne semblent pas concorder, l’élite ne pensant qu’à la liberté d’expression et d’organisation d’élections, tandis que le peuple aspire à un mieux-être.

Par ailleurs, la majorité de maliens estiment qu’ils sont libres d’exprimer leur opinion. Cette liberté d’expression passe par une plus grande implication dans les affaires publiques, implication qui augmente depuis 2000, l’année de la première enquête Afrobaromètre.

 

 

Paradoxalement, les maliens parlent très peu de questions politiques entre eux. Mieux, cette proportion a d’ailleurs diminué entre 2000 et 2012. Néanmoins, la double crise sociopolitique a fait prendre conscience aux maliens qui commencent à remettre les questions politiques au centre de leurs préoccupations depuis 2008. Cette situation a-t-elle eu comme conséquence le désaveu du religieux? En tout état cause, le nombre d’adhérents aux associations religieuses a baissé entre 2008 et 2012.

 

Enfin, l’enquête Afrobaromètre a permis d’estimer à presque deux sur cinq les Maliens proches des partis politiques, même si la partisannerie est plus forte en milieu rural qu’en milieu urbain. Ceci pourrait donc expliquer les faibles participations des maliens au processus électoral depuis l’instauration du multipartisme. La crise politico-sécuritaire a causé une grande prise de conscience au sein du peuple. Ce qui explique un fort taux de participation de plus de 50 %, jamais inégalé à la présidentielle du 28 juin dernier.

 

 

Ahmed M. Thiam

 

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