Il est temps que les Africains comprennent que la réconciliation n’est pas synonyme d’impunité et qu’elle ne doit pas être une entrave à l’instauration et au respect de l’Etat de droit dans nos pays. La violation de la loi et de la constitution sans crainte est un obstacle au développement de la démocratie et au respect des droits humains.
La réconciliation, si elle doit se faire, doit être fondée sur la vérité et la justice. En effet, tous ceux qui ont sciemment violé la loi ou commis des crimes doivent payer de leurs actes sans exception. Si l’application de lois et de la justice ne consolide pas notre jeune démocratie et l’unité de la nation, elle ne devrait être en aucun cas un obstacle à la stabilité de celles-ci.
Si le but de la démocratie et de l’Etat de droit est de conduire les sociétés humaines vers le Développement et la Bonne Gouvernance, c’est-à-dire vers de plus en plus de transparence dans la gestion des affaires publiques, cela est loin d’être une réalité dans les pays de l’Afrique francophone où la constitution est violée, les élections truquées, l’opposition traquée, la corruption de plus en plus érigée en mode de gouvernement.
Alors la bonne pratique de la démocratie et de l’Etat de droit, à travers le respect des droits humains, doit permettre à l’Afrique de s’approprier les principes de la bonne gouvernance, à savoir la bonne gestion des affaires publiques, ou alors, la mauvaise gouvernance qui en est sa faillite. En effet, la bonne gouvernance ne se limite pas à l’aspect économique de la gestion des affaires, elle doit aussi prendre en compte l’aspect social et institutionnel. Ainsi, le respect de nos constitutions par les premiers responsables qui sont nos dirigeants et le choix des peuples doivent être une évidence pour tous.
Donc, leur violation et le truquage des suffrages par certains chefs d’Etat pour se maintenir au pouvoir, comme cela a été le cas en Côte d’Ivoire et au Niger pour et tant d’autres pays en Afrique sont des actes qui ne doivent en aucun cas rester impunis sous prétexte qu’il y a réconciliation. La réconciliation ne doit pas être synonyme d’impunité ou d’encouragement au sabotage de nos institutions par ceux qui ont la charge de veiller à leur meilleure application, à savoir nos plus hautes autorités.
Parce que, à la fin de leur mandat, l’opinion doit exiger à ces responsables qui sont aux affaires la présentation d’un résultat.
Or, sur ce registre, la libération de l’ex-président nigérien, Mamadou Tandja, après 15 mois de détention sans jugement, sous prétexte qu’il y a une erreur judiciaire, nous invite à la réflexion sur le respect des droits humains et l’avenir de la démocratie en Afrique au sud du Sahara. Des actes commis par ses soins comme le détournement de denier public, l’organisation de son référendum en toute illégalité au mépris de l’arrêt de la cour constitutionnelle et de la constitution de son pays ne doivent pas rester impunis sous aucun prétexte.
En ce qui concerne le cas ivoirien, Laurent Gbagbo tout comme ses compagnons, doivent aussi répondre de leurs actes, notamment des crimes qu’ils ont commis. Ses partisans qui pensent qu’il ne doit pas être jugé au nom de la réconciliation du pays tant prônée par le président Alassane Dramane Ouattara se trompent. Ceux-ci doivent comprendre que la réconciliation, le dialogue, la tolérance et le pardon qui constituent le ciment de l’unité d’une nation ne sauraient triompher sans justice.
Ousmane Coulibaly