L’information est tombée le samedi 5 avril 2014 comme un couperet. Elle a surpris plus d’un. La lettre de démission d’Oumar Tatam Ly est révélatrice de divergences de vue entre le couple de l’Exécutif (Premier ministre et le Président de la république). Au-delà d’être un signal pour tous les responsables soucieux du Mali, la démission du chef de gouvernement est un ouf de soulagement avec une dose de regret. Soulagé de se soustraire de la pression de la famille présidentielle ; Soulagé de ne plus être un décor institutionnel, un conformiste ; Soulagé des coups bas ; Soulagé des manœuvres de bas étage et de la jalousie viscérale des barons du Rpm. Son départ est aussi synonyme de regret, pour n’avoir pas pu mettre ses compétences enviées et avérées au service du Mali qui en avait le plus grand besoin.
Le parti présidentiel, qui a pris acte de la nomination de Moussa Mara, comme nouveau Chef du gouvernement, a félicité le Premier ministre démissionnaire pour son travail. En 6 mois, il a fait de son mieux, surtout que le régime avait du mal à travailler sur un véritable programme ou projet de société. Il lui a fallu faire des acrobaties pour travailler, ce qui lui valu des félicitations du Président de la république lors de la présentation des vœux de nouvel an.
Même si le Président IBK lui a renouvelé à maintes reprises sa confiance, Oumar Tatam Ly n’a pas eu pour autant les mains libres pour pouvoir dominer ses ministres. Il n’a pas pu bénéficier en outre du soutien des barons du parti présidentiel. Tout a été entrepris pour l’affaiblir. En affaiblissant le Premier ministre, c’est le président de la République qu’on affaibli.
Son départ rappelle que la collaboration n’est pas une camisole de force et que l’Etat n’est pas une famille où les autres n’ont pas voix au chapitre.
La gifle d’IBK au Rpm
En nommant Moussa Mara, président d’un « petit » parti politique, Yéléma, comme Premier ministre, avec moins de deux députés à l’Assemblée nationale, au détriment du « grand » Rpm, parti présidentiel ayant près de 70 députés, IBK sanctionne le Rpm. Au-delà des divergences dans le tandem de l’Exécutif, les agissements du Rpm n’ont pas été pour peu dans la démission d’Oumar Tatam Ly. Pousser le Premier ministre à la sortie pour prendre sa place, n’a pas eu l’assentiment d’IBK, d’où son choix sur Moussa Mara. En outre, le choix de Moussa Mara, après celui Oumar Tatam Ly comme Premier ministre, montre que le Rpm est en déficit de cadres valables pour diriger la primature.
Moussa Mara n’aura pas la bénédiction du Rpm
Après la nomination du nouveau Premier ministre, le parti du Président IBK a fait un communiqué dans lequel, il ne félicite pas Moussa Mara. Par contre, il salue le travail du Premier ministre démissionnaire. La question qu’on se pose est de savoir si le bureau politique du Rpm va boycotter le gouvernement de Moussa Mara.
L’incompris IBK
Lors de sa prestation de serment le 4 septembre 2013, le président IBK a qualifié l’ancien président, le Général Moussa Traoré, de républicain. Mais curieusement, le lendemain 5 septembre 2013, IBK nomme au poste de Premier ministre, Oumar Tatam Ly, fils d’Ibrahim Ly. Le Général Moussa Traoré fut le bourreau d’Ibrahim Ly.
Après Oumar Tatam Ly, c’est le fils d’une autre victime de Moussa Traoré qui a été nommé Premier ministre le 5 avril 2014. Il s’agit de Moussa Mara. Son père Joseph Mara a beaucoup souffert pendant le régime de Moussa Traoré.
Premier ministre de compromis
Le nouveau patron de la cité administrative, Moussa Mara, est un Premier ministre de compromis. Va-t-il accepter ce que son prédécesseur a refusé, c’est–à-dire être un simple décor pour meubler l’architecture institutionnelle, pendant que d’autres tirent les ficelles ?
Ahmadou Maïga