L’enfant terrible de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), Soumeylou Boubeye Maiga (SBM), 59 ans, ancien directeur de la sécurité d’Etat, a démissionné du Comité exécutif du parti le 24 avril 2013.
Moins de 15 jours après la désignation de l’un de ses concurrents, Dramane Dembélé, comme porte étendard du parti majoritaire pour l’élection présidentielle de 2013, Soumeylou Boubeye Maïga quitte le navire. Un désaveu cinglant pour le choix qui a été fait. Sera-t-il pour autant candidat ? La question mérite d’être posée, tant le parcours de cet ancien journaliste est tortueux. Nommé directeur de la Sécurité d’Etat en 1993, ce n’est qu’un lot de consolation pour Boubeye, qui rêvait déjà d’un destin ministériel. Pourtant, ce natif de Gao réussira à faire de ce poste stratégique un instrument d’influence où il a pu déployer ses talents de manipulateur au service du Président Alpha Oumar Konaré (AOK).
Remake de 2002 ou de 2007 ?
Appelé au gouvernement de Mandé Sidibé en 2000, SBM obtient le portefeuille de la Défense. Habile, il renforce ses réseaux au sein de la grande muette ainsi qu’en Algérie, pays auquel sa famille est liée. C’est fort de certains soutiens, que Boubeye se lancera un an plus tard dans la course à la candidature de l’Adema pour la présidentielle de 2002.
Première bataille, première défaite. Grâce à des moyens financiers plus conséquents, Soumaïla Cissé, alors super-ministre de l’Equipement, des transports et de l’urbanisme est choisi par les militants de la Ruche. A partir de là, Boubeye le stratège déroule le plan concocté avec son patron AOK. Après l’éviction de l’ancien président du parti, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), c’est au tour de Soumaïla d’être trahi par son «frère Sonraï», qui soutient ouvertement l’indépendant Amadou Toumani Touré (ATT).
Ses efforts ne seront pas récompensés, car ATT devenu président, s’en méfiant comme la peste, le mettra au placard pendant 5 ans. Il faut trouver là l’une des raisons qui poussent SBM en 2006, à l’encontre de la décision de son parti qui soutient le président sortant, à se porter candidat à la présidentielle de l’année suivante, sous la bannière de son association, les Amis de Soumeylou Maïga (Asma). Avec seulement 1,47% des voix, Boubeye n’arrive que 6ème, et se trouve logiquement exclu de l’Adema. Il y reviendra plus tard, avant qu’ATT ne lui confie le portefeuille des Affaires étrangères, 1 an avant sa chute.
Le parcours de Boubeye est si tortueux, que d’aucuns s’interrogent sur sa stratégie pour 2013: travail de sape de l’intérieur au service d’un autre candidat, ou nouvelle candidature ?
Un camouflet pour Dramane Dembélé
Comme d’autres candidats aux primaires de la Ruche, Boubeye a mal vécu d’être écarté au profit d’un autre militant, pour beaucoup «trop peu expérimenté pour relever les défis auxquels le Mali est confronté». La désignation de Dramane Dembélé par la Commission des bons offices en avaient surpris plus d’un car il ne remplissait pas certains des critères énoncés par cette dernière, notamment la «stature nationale et internationale». Le candidat de l’Adema n’est en effet connu que des militants du parti, en particulier ceux de la commune VI du district de Bamako où il réside. Cet ancien directeur de la géologie et des mines (2000-2005) pourra-t-il tenir tête à des concurrents redoutables comme IBK, ancien Premier ministre ou Soumaïla Cissé, ancien président de l’Uemoa ? Le défi est de taille, voire même insurmontable, comme certains Adémistes le laissent déjà entendre.
Boîte de Pandore
Homme de réseaux, connu à l’international, Boubeye n’a pas pour autant une réelle assise populaire au Mali (voir son score de 2007), « mais ses capacités manœuvrières en font un personnage incontournable sur la scène politique malienne », selon un diplomate en poste à Bamako. Pour beaucoup, sa démission du Comité exécutif de l’Adema préfigure son entrée dans la bataille. Elle annonce aussi une nouvelle désunion au sein du premier parti politique malien, anéantissant ainsi les chances de son candidat. Elle suscite aussi des interrogations. Et si l’ancien ministre avait tout simplement ouvert la boîte de Pandore ? Qui seront les prochains partants ? A quel grand candidat le départ de Boubeye va-t-il profiter ? «L’inimitié avec Soumaïla Cissé, d’une part, et Modibo Sidibé, d’autre part, ne laisse pas beaucoup de choix. S’il n’est pas candidat, il fera campagne au sein de l’Adema pour IBK, ancien président du parti, avec qui il partage un tropisme algérien. S’il est candidat, il le soutiendra lors du second tour», avance un Adémiste de la première heure. Compte tenu du poids électoral limité du stratège Boubeye, l’option 1 serait sans doute la plus judicieuse.
Nouhoum DICKO
Félicitations M. le journaliste pour la pertinence la qualité de l’analyse et surtout dus style redactionnel. Bon courage M. DICKO
Du pipi de chat un journaliste corrompu encore
Brillante analyse en tous point s cet article est à rapprocher de celui de zénith bale de ce jour sur Yayi Boni et la boucle est bouclée!
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