Aujourd’hui, le Mali traverse une situation politique très tendue. A côté d’une opposition qui conteste la légitimité du Président de la République se trouvent des partis reconnaissant l’élection du Président IBK, mais qui hésitent à le soutenir.
Dans les grandes démocraties, on a besoin d’une opposition forte et constructive pour faire avancer un pays. Mais dans le cas de figure du Mali, au regard du manque d’idéologie des partis politiques où tout est basé sur les affinités où la chasse aux primes, la conduite des affaires publiques n’est jamais facile pour les tenants du pouvoir qui s’accrochent aux principes de la vraie démocratie. La gestion du pouvoir du soldat de la démocratie malienne, Amadou Toumani Touré, doit servir de leçon pour notre pseudo-démocratie qui consiste à servir tous les cadres politiques sur le dos de l’Etat. Les députés de l’opposition, qui ont voté la loi organique de prorogation des mandats de députés après des agitations stériles, ne diront pas le contraire. Inutile de rappeler que sous ATT, avec un système de gestion consensuelle décrié à l’époque par certains, il y a eu une certaine détente du climat politique. Ce qui en dit long sur l’homme politique malien.
Mais, depuis l’élection du Président Ibrahim Boubacar Keïta en 2013, il s’est efforcé à rendre dynamique notre démocratie en créant des conditions permettant aux partis politiques désirant de s’inscrire à l’opposition de mener à bien les missions d’une opposition digne et républicaine. Dans cette optique, il a mis en application un vieux texte de 2002 qui reconnait officiellement l’opposition. Il s’agit du statut de l’opposition dirigée par un chef de file, avec des avantages de rang de ministre, appuyé par un montant de 500 millions de francs CFA par an. C’était mal connaître les politiques maliens. Certains, en manque de popularité, mais à la chasse des primes, se sont agrippés à ces avantages, mais pour quel résultat ? Cette opposition qui doit fournir des rapports et justifier le montant qui lui est alloué se la coule douce. Mieux, acculée par ses militants qui cherchent leur pitance, elle les conduit quotidiennement dans les rues.
Après 5 années passées dans cette situation, il faudra revoir le schéma. Car, après la réélection du Président IBK en août 2018, on observe une opposition qui se radicalise. Certains même contestent la légitimité du Président. Pendant ce temps, d’autres, reconnaissant la légalité et la légitimité du Président IBK, se montrent impatients pour le « partage du gâteau ». Puisque c’est comme cela qu’il faut faire la politique au Mali, à défaut d’un gouvernement d’union nationale, ou une gestion consensuelle du pouvoir, les observateurs politiques estiment que le régime doit faire une large ouverture des postes de responsabilités pour ceux qui ont encore l’esprit de discernement. Notamment les partis comme la Codem, Yelema et Prvm-Fasoko qui ne cachent plus leur amertume à travers des communiqués laconiques. Il ne serait-ce que pour les directions nationales et les représentations diplomatiques, cette ouverture des postes de responsabilités s’impose, insistent les observateurs politiques. C’est ce message qu’a voulu faire passer le Président de l’APCAM, Bakary Togola, lors du lancement de la campagne de vaccination du cheptel national. A cette occasion, il invitait le gouvernement à « donner quelque chose à manger à l’opposition pour qu’elle se taise ». En début du mois de novembre, les députés de la majorité avaient suggéré le même schéma au Premier ministre au cours d’une rencontre officielle à Maeva
Oumar KONATE