Plus que jamais, on continuera de gloser sur l’état de santé du plus grand parti politique du Mali démocratique, l’Adema-Pasj. En vingt ans d’exercice démocratique, le génie des Carpates a connu les avatars les plus insoupçonnés, allant du somptueux pinacle doré à l’article de la mort auquel semble le vouer bien d’analystes politiques contemporains. Et si cette dernière posture, par malice, compte plus pour du leurre que d’un déclin certain eu égard au rire jaune que le parti de l’abeille affiche aujourd’hui.
Grise mine et rictus prononcé, tel se présente le faciès politique du parti de l’abeille en ces temps où il est plus que vital d’être tisserand que Charlie. Le temps a fait ses effets. Les grands acteurs du mouvement démocratique de 1991 que furent les ténors de l’Adema connaissent aujourd’hui des fortunes diverses, ce qui donne à l’histoire de ce parti l’allure d’un conte de fée. Pour rappel c’est grâce au courage et à la détermination de ses hommes liges que l’Adema conquiert de haute lutte le pourvoir le 8 juin 1992.Durant une décennie, les abeilles ont bourdonné autour de la ruche. Au nombre de celles-ci, de grands intellectuels mais aussi et surtout des operateurs économiques de renoms tels, Bakoré Sylla ou encore Babou Yara, grands pourvoyeurs de fonds devant l’éternel. Un rappel historique qui rime avec le temps des centaines de millions soigneusement rangés dans de grandes cantines au siège du parti que le grand maître des ordres financiers, le tout puissant secrétaire à l’organisation d’alors , aujourd’hui calife des tisserands, le docteur Bocary Tréta distribuait à tour de bras aux différentes structures du parti. C’était aussi le temps où les nominations aux postes de responsabilité étaient assujetties à la présentation de la carte avec effigie abeille. Le bon vieux temps dirait ce féru de Johny Pacheco.
Le temps des dissensions
Puis vint le deuxième mandat où les premières dissensions apparurent faisant voler en éclats la cohésion du parti. Le clan Cmdt, dans un avant travail de fractionnement enraidit la pente devenue finalement trop glissante pour le candidat naturel Ibrahim Boubacar Keïta qui finit par créer avec ses amis politiques, l’Alternative 2002 transformée par la suite, en parti politique le 30 juin 2001 sous l’appellation de RPM. Cet écueil ainsi évité, les caciques du pouvoir continuèrent à se tirer dans les pattes dans l’optique d’être retenus comme porte-étendard du parti à l’élection présidentielle de 2002.Une chance qui sourit finalement à Soumaila Cissé autour duquel, une véritable fronde se forma et qui se transforma très vite en comité de soutien à l’ancien président de la transition, le général Amadou Toumani Touré bien camouflé , Para qu’il est, dans la manche du président sortant Alpha Oumar Konaré. On parle aujourd’hui de près de 600 millions injectés dans la campagne présidentielle de 1992 par les autorités de la transition en soutien au candidat de l’Adema. La suite est connue ; ce grand parti comparé en son temps à l’Anc de Mandela gagne avec 64% la présidentielle de 1992 et gère le pays dans l’absolutisme total. Arriva l’année 2001 qui verra le départ fracassant d’Ibrahim Boubacar Keïta de la présidence du parti subodorant un coup fumant du président Konaré arrimé au clan Cmdt.
L’ère de la contestation
Les résultats de la présidentielle de 2002 gagnée par le candidat Amadou Toumani Touré en disent long sur les récriminations du parti d’IBK dont l’état major politique annonçait son candidat gagnant avec 52,04% contre 36% pour Soumaila Cissé. L’histoire retiendra que le président démocratiquement élu aux élections présidentielles de 2002 demeure ATT avec 64% des suffrages exprimés. Pour un indépendant, c’en a été une première au Mali. Cette consécration du général Amadou Toumani Touré à forte teneur de redevabilité à IBK venu à la rescousse au second tour, donne toute sa justification dans le perchoir qui échoit au premier des tisserands au cours du premier mandat du général. Dès lors, on peut aisément lire dans les méandres de la pensée du locateur de l’hémicycle cette assurance à se prêter au jeu de la chaise musicale en 2007 avec son mentor. Là encore, l’histoire retiendra que ce fut le général ATT qui conduisit les rênes du pouvoir, avec cette fois-ci un large soutien de l’Adema en rupture de ban avec Soumeylou Boubèye Maïga qui avait préféré affronter le général avec son mouvement politique créé à la hâte et dénommé Convergence 2007.
La cohabitation
Ainsi, pour service rendu à la nation, Dioncounda Traore hérite du perchoir d’autant que son parti comptabilisait 56 députés soit plus du tiers de l’ensemble des élus de la nation. Qu’à cela ne tienne, son parti fut critiqué bien au-delà des frontières nationales. On reprochait à l’Adema sa phobie maladive de l’opposition. Mais pour les responsables du parti, ces diatribes résistent peu à la saine appréciation des réalités politiques du moment qui voulut qu’il fut ainsi d’autant qu’en optant pour l’opposition, l’Adema encourait le risque certain de se retrouver seul dans l’opposition, trahi qu’il sera par les autres partis se disant opposés au président ATT, mais qui ne manqueraient pas de sauter sur une éventuelle erreur de jugement des abeilles pour se jeter dans les bras du vainqueur. C’est d’ailleurs cette même valse de cadre qui a cours aujourd’hui avec les multiples reniements et les retournements de veste à faire perdre le nord, au profit du parti présidentiel, le RPM. Cette connivence de l’Adema avec le président ATT durera le temps qu’une rébellion éclatât au nord, suite au chaos installé en Libye par une certaine coalition internationale. Une situation qui vit le nord du Mali échapper à tout contrôle du pouvoir central, occupé qu’il était à la fois par les séparatistes du Mnla renforcés par des déserteurs de l’armée libyenne et les djihadistes, composante principale d’Al-quaida au Maghreb Islamique (AQMI).
Transition tumultueuse
Le coup d’Etat qui s’en est suivi, dirigé par de jeunes officiers inconnus au bataillon, fera ainsi profiter au président ATT un exil jamais souhaité dans le pays de la Teranga, le Sénégal. Du coup, le président de l’Assemblée nationale d’alors, le professeur Dioncounda Traoré se trouva propulsé à la tête de l’Etat non sans anicroches. Ce dernier passera sous les fourches caudines de jeunes réactionnaires survoltés qui profiteraient, selon certains observateurs, du silence complice de l’ex-chef de la junte, le jeune capitaine Amadou Aya Sanogo et du premier ministre de plein pouvoir de la transition Cheick Modibo Diarra, pour le battre au point de le laisser pour mort. Cet acte ignoble reste, on s’en doute, la conséquence logique de la déconfiture de la classe politique par le biais d’une communauté dite internationale qui s’identifie à travers des acronymes tels, Cedeao, UE, ou encore Onu. Seul bémol, pourront nous retenir de cette nébuleuse internationale, le recours à la force létale par la France, à l’appel du président Dioncounda Traoré, pour stopper l’avancée des djihadistes qui entreprirent l’incrustation de leurs tentacules dans la partie sud du pays. Cette position dominante de l’Adema par extension à la personne de Dioncounda Traoré n’a cependant pas profité aux abeilles qui prirent des latitudes diverses.
Le chaos de la présidentielle
Ainsi du choix du jeune candidat Dramane Dembélé aux présidentielles naitra une révolution des œillets bien aiguillée par ceux-là qui prétendaient être des candidats naturels. D’où cette friction pendant la campagne présidentielle, surtout au deuxième tour, lorsque le candidat de l’Adema « Dra » qui obtint près de 10 % des suffrages, refusa de donner des consignes de vote au profit du candidat du FDR, Soumaila Cissé, lui préférant le candidat IBK d’autant qu’il sentit un parfum de trahison flotter sur sa campagne .Depuis lors, les deux grappes d’abeilles ne veulent plus se voir même en peinture. C’est donc dans cette atmosphère délétère où les cadres du parti se regardent en chiens de faïence que se préparent les prochaines assises du parti prévues les 27,28, et 29 mars prochain.
La guerre de succession
Déjà, deux prétendants au poste de président du parti ont affiché leurs réelles intentions. Il s’agit du professeur Moustapha Dicko, le plus méritant selon les suffrages non encore exprimés au sein du parti et eu égard à son passé décent et de l’autre côté, le professeur Tiémoko Sangaré dont le passage catastrophique à la tête du parti par voie intérimaire est à vite oublier, selon les militants de l’Adema. Pour eux, le tort causé au parti par ce dernier aux législatives est à la hauteur de l’inconsideration et du mépris dont il jouit aujourd’hui au sein de la ruche .Que pourra t-il face à son adversaire Moustapha Dicko dont la droiture, la loyauté et surtout le sens élevé de la responsabilité n’ont jamais été pris à défaut encore que selon des indiscrétions , il bénéficierait du soutien infaillible d’Alpha Oumar Konaré, pardon de ‘’Maradona ‘’ grand dribbleur politique devant l’eternel. A l’avant veille de ce congrès de toutes les attentes, l’heure est aux questionnements de tous ordres. Dubitatifs, les militants du parti de l’abeille le sont aujourd’hui et continuent de maugréer sur la gestion scabreuse faite des fonds du parti mis à disposition à la veille de l’élection présidentielle et qui n’ont pas été justifiés aux résultats de cette échéance.
Le dessein politique
Comment alors dans ces conditions, organiser des communales en Avril prochain ? Une question centrale dont sera dépositaire le prochain président issu du congrès. Une instance qui pourrait enregistrer un délégué de taille à savoir le professeur Dioncounda Traoré, tout nouveau secrétaire politique de la section Adema de Nara , nous dit-on, dont un pan de l’écharpe blanche est religieusement tenu, très souvent à l’arrière, par un certain Tiémoko Sangaré, signe que la caque sent bien le hareng. A la lumière de cette exégèse socialiste, peut-on conclure du déclin de l’empire Adema ? Pas si sûr, d’autant qu’une jeune garde dirigée par le ministre Dramane Dembélé et autre Ousmane Maïga semble émettre des signes de disponibilité et d’engagement fort. Mais qu’en est-il de leurs moyens financiers et de leur culture tactique et politique pour résister à l’ogre RPM, prompt à bien garnir les caquets et à faire miroiter un bel avenir dans un contexte général de morosité ambiante, la réflexion est ainsi engagée.
Amadou SANGHO
C’est normal ce pic du géotropisme, car ce parti a posé trop d’actes négatifs qu’Allah maudit chaque jour qu’il crée. Ce parti a été maudit par le tout puissant avec ces multiples comportements qu’il maudit toujours.
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