Déclaration de Politique Générale : Les engagements de Moussa Mara

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L’Assemblée nationale adopte la DPG du Premier ministre
Le premier ministre Moussa MARA

Le Premier ministre, Moussa Mara, a présenté l’une des meilleures Déclarations de Politique Générale de ces 10 dernières années devant les députés, en présence des membres de son Gouvernement au grand complet. Secteur par secteur, Mara a formulé des propositions concrètes, assorties d’un chronogramme d’actions, et fixé le cap de l’action gouvernementale. Ce grand oral du Premier ministre, de près de 70 pages, a tenu en haleine les élus de la Nation durant 2 heures et 30 minutes.

 

 A l’entame de ses propos, Moussa Mara a d’abord dépeint la situation de notre pays: «jamais dans notre histoire récente les Maliens n’ont eu aussi peu confiance en eux-mêmes et en leur pays. Du militaire dépenaillé, qui fuit devant  l’adversaire, au jeune diplômé, expert en trafics de tous genres, en passant par l’agent de l’Etat qui pille les faibles ressources de l’Etat à son seul profit, sans parler du Directeur qui remplit son service de militants incompétents ou encore du commerçant trompant les Impôts ou la Douane d’autant plus facilement que certains agents sont complices, chacun veut tirer la couverture à lui, quitte à la déchirer, au détriment des plus faibles».

 

 

D’où son cri à l’endroit des populations maliennes, tous corps et toutes classes politiques confondues, à aller vers un sursaut national pour sortir le Mali de sa léthargie. «C’est pourquoi la présente Déclaration de Politique Générale, à travers le Programme d’Actions du Gouvernement, se propose de prendre en charge les priorités du Président de la République, à travers le renforcement des institutions et l’approfondissement de la démocratie, la restauration de l’intégrité du territoire et la sécurisation des biens et des personnes, la réconciliation des Maliens, le redressement de l’école, la construction d’une économie émergente et la mise en œuvre d’une politique active de développement social».

Selon Mara, ce programme a déjà commencé à être mis en œuvre, depuis sept mois maintenant, avec des résultats significatifs: «normalisation institutionnelle, forte présence de notre pays sur l’échiquier international, à travers un pouvoir légitime animé par un Président actif, visible et portant haut la voix du Mali, restructuration engagée des forces armées et de sécurité, avec une unicité de la chaine de commandement, une hiérarchie militaire clairement sous l’autorité du pouvoir politique et un déploiement progressif sur le théâtre des opérations, restauration de l’ordre et de la discipline dans les casernes, amélioration sécuritaire sur le territoire et particulièrement au Nord, retour progressif des réfugiés, redéploiement croissant de l’ensemble de l’administration au Nord (exemple de la présence effective à Kidal d’une bonne partie de l’administration), normalisation des relations avec les partenaires techniques et financiers, à travers la reprise effective de l’essentiel des programmes, élaboration et début de mise en œuvre de programmes sectoriels majeurs dans les domaines de l’éducation, de l’agriculture, de la santé,….».

 

 

Vers une révision constitutionnelle

Au chapitre du renforcement des institutions, le Premier ministre a rappelé qu’aucune Nation ne peut se développer tant que le tissu économique, social, voire politique, est gangrené par les maux que sont la corruption et l’impunité.

 

 

Selon Mara, la corruption a atteint un état critique, ce qui a fait dire aux plus pessimistes qu’elle est incurable au Mali. Face à cette situation, Moussa Mara a pris l’engagement devant les députés que ce fléau serait vaincu dans notre pays, d’autant que le Président de la République a décrété l’année 2014 comme celle de la lutte contre la corruption.

 

 

Il a assuré les élus de la Nation que son Gouvernement ferait tout pour traduire en actes cet engagement présidentiel. Pour y parvenir, il compte mettre en œuvre l’une des recommandations fortes du Forum de la lutte contre la corruption tenu récemment à Bamako. Il s’agit d’une augmentation salariale dont les effets se feront sentir durant cette année 2014. «Parallèlement, nous combattrons fermement, et au même titre, la petite comme la grande corruption. Il n’y aura pas de différence et les agents de l’administration, comme les éventuels corrupteurs, sont prévenus.

 

 

Les moyens humains et opérationnels de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) seront renforcés, afin de mieux utiliser les réseaux financiers pour traquer et débusquer les attitudes financières malveillantes. Nous allons engager une réforme de nos outils de contrôle, pour une meilleure optimisation de leurs interventions, avec l’allocation de moyens accrus pour améliorer leurs performances», a-t-il déclaré.

 

 

Dans la continuité de la vision du Président de la République, fondée sur le changement et la refondation institutionnelle, la reforme de l’administration publique occupera une place de choix dans l’action du Gouvernement Mara. Pour ce faire, il ambitionne de redynamiser notre administration, qui s’est affaissée depuis quelques décennies. Selon le Premier ministre, la confiance entre l’administration et les usagers s’est en effet amenuisée au fil du temps. «Aujourd’hui, plus que jamais, l’opportunité nous est offerte, vous, Honorables Députés et nous, de l’Exécutif, d’apporter des solutions idoines à ce drame.

 

 

Dans cette perspective, il sera mis en place un programme de simplification des formalités administratives, un système de transparence dans la gestion des affaires publiques et une plate-forme d’évaluation des politiques. Nous instaurerons l’égalité absolue de traitement des usagers. Nous élaborerons et mettrons en œuvre un Code d’éthique et de déontologie des agents publics; toutes choses, j’en suis convaincu, qui amèneront l’usager à renouveler son intérêt et sa confiance aux services publics», a martelé Moussa Mara.

 

 

Sur sa lancée réformatrice, le Gouvernement Mara procédera à l’approfondissement des instruments de la démocratie participative, par la création d’un mécanisme institutionnel de dialogue entre l’Etat et les organisations de la Société civile, l’élaboration et la mise en œuvre d’un Programme de renforcement des compétences techniques des élus et la mise en œuvre d’une Charte du débat public. Après plus de 20 ans de pratique, la révision de la Constitution du 25 février 1992 est devenue nécessaire aux yeux du Premier ministre. C’est pour cette raison qu’il compte engager la réflexion pour une révision constitutionnelle qui améliorera notre système institutionnel et démocratique.

 

 

Sécuriser pour réconcilier

Concernant la sécurité, le Premier ministre a décrypté le piteux état de nos forces de défense et de sécurité. Avant de dénoncer: «catastrophe, Honorables Députés! Ce que nous prenions pour la substance n’était que l’écume, la partie visible de l’iceberg qui, lui, était très éloigné des apparences. Des militaires recrutés dans des conditions douteuses, n’ayant que peu de formation, des matériels inopérants, une logistique inexistante, une hiérarchie discréditée. Bref, une armée bien malade. Avec la suite, que nous avons malheureusement vue et subie».

 

 

C’est pourquoi, devant les représentants du peuple, il a pris l’engagement que le Mali ne sous-traiterait plus sa sécurité. Car, selon Moussa Mara, celui qui sous-traite sa sécurité aura un réveil douloureux. La priorité est donc la définition d’une politique de défense et de sécurité, en cours d’élaboration, qui définira les menaces et les réponses à y apporter, aussi bien aux frontières que sur le territoire, en campagne comme en ville.

 

 

S’agissant de la réconciliation nationale, le Premier ministre a rappelé les grands principes dégagés par le Président de la République, à savoir l’intégrité de notre territoire, l’unicité de notre nation et la laïcité de notre République. Dans ce  sens, il rappelé que la conclusion d’un Accord de paix inclusif et définitif figure au centre de l’agenda gouvernemental pour le Nord. Ce qui explique la nomination par le Chef de l’Etat de son Représentant spécial, le Premier ministre Modibo Kéita, pour conduire les discussions devant aboutir à cet accord.

Celui-ci disposera d’une équipe technique composée d’experts chevronnés des questions du Nord, chargée de l’appuyer dans sa mission. Pour remettre en l’état l’outil de production et permettre le retour des 300 000 déplacés ou refugiés, l’Etat malien prévoit une enveloppe financière de 110 milliards de F CFA.

 

 

Ecole: soigner une grande malade

Au chapitre de l’éducation, le Premier ministre Moussa Mara a partagé un constat fait par tous les Maliens concernant l’état de l’école, qui va  de mal en pis. Selon Mara, la qualité des produits de notre système éducatif est insuffisante pour le pays et pour ses enfants. «Nos diplômés sont à la peine à l’international, mais aussi, de plus en plus face, à des diplômés de pays voisins sur notre marché. Si nous n’y prenons garde, avec la mondialisation et la libre circulation des compétences, notre marché de l’emploi verra disparaître les citoyens maliens», a-t-il déclaré.

 

 

Face à ce triste constat, l’action du Gouvernement dans ce secteur sera placée dans le cadre d’une vision globale. Il s’agit de voir l’école malienne recouvrer le plus rapidement possible les deux vocations essentielles d’un bon système éducatif : construire un bon citoyen et lui procurer une formation qui puisse lui permettre d’avoir un emploi. «Cette vision se décline en trois phases d’action: une phase d’urgence, à mettre en œuvre sur une période de trois ans («stabiliser le malade»), une phase intérimaire, pour engager les réformes, dans le cadre d’un programme décennal («le redresser et le renforcer») et une phase de moyen terme, pour remettre le dispositif dans un cadre approprié, avec des fondamentaux solides pour le futur («le transformer en athlète!»)».

 

 

Concernant l’économie malienne, le Premier Mara a décrit aux élus de la Nation la morosité de notre tissu économique. C’est pourquoi il a ébauché une série de mesures pour assurer la stabilité du cadre macro-économique, parmi lesquelles l’amélioration de la gestion de la trésorerie et de la qualité de la dépense publique et des réformes fiscales devant nous permettre d’accroitre notre taux de pression fiscale d’un demi-point chaque année, pour atteindre 17% de notre richesse nationale en 2018. Ce taux permettra de dégager environ 200 milliards de FCFA de revenus supplémentaires. Autres mesures évoquées par le nouveau chef de l’Exécutif malien, la consolidation de la politique d’endettement, nous permettant d’obtenir des conditions concessionnelles de nos partenaires financiers; le recours à des financements innovants, le renforcement de la tenue de la comptabilité matière dans les administrations publiques et parapubliques, pour plus de transparence et une utilisation optimale des biens publics; le renforcement des moyens humains et matériels des structures d’audit et de contrôle et la systématisation du contrôle interne dans les administrations, pour une saine utilisation des ressources publiques.

 

C’est toute une batterie d’actions inspirées du programme présidentiel que le Premier ministre a présenté aux élus de la Nation, avant d’engager devant eux la responsabilité de son Gouvernement. Les Honorables députés ont largement accordé leur confiance à Moussa Mara, par 121 pour voix pour, 22 voix contre et 0 abstention. Il faut noter ce grand oral du Premier ministre n’a pas bénéficié de la confiance de l’opposition républicaine.

 

 

Youssouf Diallo 

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4 COMMENTAIRES

  1. Honorable Gassana rappelle à Moussa Mara les principes élémentaires de finances publiques dans la procedure d’acquisition de “l’avion du du Mali”

  2. Moussa Mara ignore-t-il les principes des finances publiques ou se moque-t-il des maliens?

    Interpellé lors des débats sur sa déclaration de politique générale du gouvernement à l’assemblée nationale sur l’achat d’un nouvel avion présidentiel par le régime IBK, le premier ministre Moussa s’est prêté à un numéro d’équilibriste digne du cirque du Pékin.

    En effet, Moussa Mara justifie l’achat d’un avion par IBK par la “défaillance technique”, l’absence de “document juridique” et l’absence de “trace de paiement” de l’avion présidentiel acquis du temps d’ATT et qui fonctionnait très bien même sous la transition politique conduite par Dioncounda Traoré.

    En clair, il dit qu’il n’ y a pas de titre de propriété avéré de l’état malien sur l’avion qui permettait de faire voyager ATT puis Dioncounda.

    Il prétend qu’il est défaillant sans montrer aux maliens le rapport d’expertise qui magnifie cette défaillance.

    Et il vient informer les députés qui votent la loi des finances et la loi des règlements qu’un bien public n’a pas été payé par les finances publiques.

    Et conséquence il, ou plutôt son patron IBK s’en va donc payer un autre avion pour dit-il 20 milliards de francs FCFA.

    Donc si on suit scrupuleusement la logique Mara:

    1. Je n’ai pas de titre de propriété sur ma maison, normal ce n’est pas pour moi.
    La maison nécessite des travaux.
    Et hop le lendemain je vais m’acheter une nouvelle maison.

    2. Je n’ai pas de voiture, la voiture du voisin ou les Sotramas me permettent d’atteindre le centre ville.
    Il y a des problèmes techniques avec la voiture du voisin et avec les Sotramas.
    Et hop le lendemain j’achète une nouvelle voiture.

    3. Je n’ai pas de motocyclette pour aller à l’école.
    Je me déplace à pied ou je me fais transporter par quelqu’un d’autre mais problème sa moto à une défaillance technique et hop demain je m’achète une nouvelle moto.

    Non mon cher Mara, la vie serait trop facile si ta logique pouvait indéfiniment se répéter pour les 15 millions de maliens.

    En matière de patrimoine il y a ce que l’on a et ce qu’on doit aux autres.

    Et pour avoir quelque chose il faut soit l’acheter, louer ou l’avoir par succession, mutation ou donation quelconque.

    Pour acheter il faut avoir les MOYENS de débourser le prix de la chose achetée soit immédiatement (paiement comptant) soit de manière différée (paiement à crédit).

    Les MOYENS pour un gouvernement ou un président de la république n’est pas seulement de disposer des fonds déposés dans le trésor public.

    Non Moussa Mara, la vie serait trop facile pour ceux qu’on appelle en finances publiques les “ordonnateurs” et les “comptables publics” s’ils avaient la latitude de disposer comme ils veulent des fonds publics.

    Chaque dépenses de l’État doit au préalable être autorisée par l’assemblée nationale dans une loi appelée “loi des finances”.

    Cette assemblée qui autorise les dépenses publiques, c’est elle aussi qui contrôle et valide l’exécution du budget d’État à travers notamment “la loi des règlements”.

    Alors acheter à 20 milliards un avion présidentiel sans aucune autorisation budgétaire du pouvoir législatif du pays est une faute plus grave que de circuler dans un avion “sans document juridique” si réellement il n’y a pas de document juridique dans l’avion qui transportait ATT et Dioncounda.
    Ce qui reste à vérifier.

    Donc Moussa Mara doit nous expliquer sur quelle base juridique lui et son patron ont acquis un nouvel avion à 20 milliards au lieu de se préoccuper de l’absence de “documents juridiques” de l’avion acquis par ATT.

    Car pour endetter un pays pour acquérir un bien il faut qu’il soit budgétiser et autorisé par une loi des finances.

    Ce qui est loin d’être le cas avec l’avion d’IBK que Moussa Mara veut subtilement associé à 15 millions de maliens qui peinent à nourrir leurs propres enfants atteints de malnutrition et de maladies endémiques de toutes sortes.

    L’unicité de caisse et l’annualité du budget d’État ne permettent pas certaines errances en matière de dépenses publiques et il faudrait que l’expert-comptable apprenne à le connaître.

    Wa salam

  3. “N’toma tu ne pourras pas”!
    “Non N’toma je pourra”!

    Ce n’est pas un pied de nez aux adeptes de la grammaire et de la conjugaison françaises ni une insulte à Molière mais c’est une reprise de l’une des discussions “off” les plus emblématiques de la gouvernance au Mali des cinquante dernières années.

    En effet après le coup d’état du 19 novembre 1968, un membre de l’ancien CMLN nommé Moussa ou Missa Koné aurait insisté auprès de Moussa Traoré pour que l’on confie un portefeuille ministériel malgré son analphabétisme car chez les militaires il suffit d’être dans un groupe de putschistes pour avoir tous les droits ou presque.

    Alors à l’époque, Moussa Traoré lui aurait dit qu’il ne pourra pas gérer un ministère car il n’était pas instruit.

    Et le militaire du même prénom aurait alors insisté qu’il pourra en ces termes “Non N’toma je pourra” littéralement “Non mon homonyme je pourrai”!

    Hier à l’assemblée nationale un autre Moussa mais cette fois-ci Mara, actuel premier ministre du Mali est bien instruit et capable d’écrire et de lire une politique générale de 70 pages d’un gouvernement.

    En face de lui il y avait un député malien de Yelimani, Mamadou Hawa Gassama, non instruit lui aussi comme le militaire Moussa Koné de l’époque CMLN.

    Mais la grande différence entre 2014 et l’époque CMLN c’est que la capacité a changé de camp, ce n’est plus le non instruit qui ne “pourra pas” mais bien l’intellectuel Moussa Mara.

    Eh oui c’est le monde à l’envers mais c’est la triste vérité du Mali d’IBK.

    Moussa Mara a eu le culot de venir avouer son incapacité notoire et l’incapacité sonnante de son gouvernement de résoudre la crise sécuritaire du nord de notre pays à court terme.

    Son incapacité criante a été avouée par lui même, alors que le problème du nord et sa solution idoine dans un bref délai a été l’un sinon le seul argument qui a permis à IBK d’engranger 77% du vote des maliens aux dernières élections présidentielles d’août 2013.

    Le premier ministre s’est mis lui même et tout seul en position de “je ne pourrai pas” résoudre maintenant la crise du nord mais “je vais le faire après”!

    Et c’est bien l’honorable Gassama de lui rappeler qu’il ne peut ne pas pouvoir puisque son patron IBK a été élu pour cela par les maliens.

    Au moment même où Moussa Mara vilipende la gouvernance du passé (à juste titre d’ailleurs), il oublie de dire aux maliens combien d’argent, d’assistance technique et logistique, les européens et bien d’autres pays partenaires du Mali ont apporté à l’armée malienne au cours des deux dernières années.

    Formation des troupes par vagues successives, équipement en tout genre, appui logistique et aérien, partage du renseignement, apport d’argent frais, l’armée malienne n’a jamais été aussi aidée dans toute l’histoire du Mali qu’elle l’est aujourd’hui sous IBK et Mara.

    Mais malgré tout, Moussa Mara et son gouvernement sont incapables d’assurer la sécurité et la défense des maliens sur toute l’étendue du territoire malien.

    Le pire est qu’il vient l’avouer à la face du monde alors qu’il possède un budget de défense de 175 milliards de francs FCFA et qu’il trouve tout de même 20 milliards supplémentaires non autorisés par aucune loi pour satisfaire la mégalomanie luxueuse et voyageuse de son patron d’IBK en avion inutilement.

    Ce gouvernement d’enfumeurs publics, spécialisés dans les manœuvres dilatoires, le faire semblant, l’inaction et le tape à l’œil, ne va rien résoudre des réelles préoccupations des maliens ni aujourd’hui, ni demain.

    Le ton qui a été donné à l’assemblée nationale par Moussa Mara, c’est à dire “je ne pourrai pas”, sera malheureusement le ton de la gouvernance IBK des 5 prochaines années.

    Tout le monde est averti et que personne ne vienne nous dire qu’il a été surpris.

    Wa salam!

  4. Moussa Mara: Nouveau Pape canonisé “Sursaut National” ou bonimenteur?

    Moussa Mara, nouveau premier ministre du Mali, expert-comptable diplômé de formation française, cet “ingénieur des chiffres et des métiers de l’audit” très vite devenu politicien local à Hamdalaye, un quartier de la rive gauche de Bamako, s’essaye aux destinées de la nation en distribuant de manière désordonnée des médailles de “leadership” à qui il veut.

    “un grand serviteur de l’Etat qui a dédié sa vie professionnelle à son pays et a développé des qualités de leadership”

    Disait-il d’Issiaka Sidibé lors de sa déclaration de politique générale, le beau père du fiston national depuis peu bombardé président de l’assemblée nationale du Mali.
    Je ne sais pas pour vous mais je n’ai pas connaissance de ces “qualités de leadership développés” chez l’honorable Issiaka Sidibé qui n’a même pas daigné nous dire quand est-ce que qu’il fut diplômé de l’ENA du Mali dans son CV de présentation à la nation.

    Une fine barbe négligée sur un visage lucide, le ton nonchalant et le regard félin, Moussa Mara égraine des promesses aux maliens à coup de déclarations tonitruantes promettant ciel et terre au travers de
    “La politique qui va rendre les Maliennes et les Maliens heureux.”

    Poursuit-il et ce n’est pas fini.

    “La politique qui va effacer des yeux et des mémoires de nos compatriotes les affres de la honte, de la peur, du désespoir, de l’inquiétude sur l’avenir du pays. La politique qui va redonner à notre pays sa dignité et sa fierté.”

    Et je vous jure qu’il était en pleine forme et le meilleur c’est son “sursaut national” qu’il va “réussir” en ces termes:

    “Le sursaut national est plus que nécessaire. Tous ensemble, chacun en ce qui le concerne. Nous avons la charge d’amorcer, d’organiser et d’encourager ce sursaut. Sous l’égide du Président Ibrahim Boubacar KEITA, nous allons nous y employer et réussir.”

    J’ai retenu mon souffle et j’ai ouvert mes yeux pour voir comment il va y parvenir.

    Côté investissement je n’ai pas noté grand chose, un programme d’investissements et une politique macroéconomique nettement moins ambitieux non seulement par rapport au PDES d’ATT mais aussi et surtout par rapport aux programmes économiques en cours dans la majorité de nos pays voisins.

    Moussa Mara parle de 15 lycées très insuffisants pour accueillir les suppléments d’enfants maliens en fin de cycles de l’enseignement fondamental.

    Il est resté évasif sur les efforts d’investissements dans l’enseignement fondamental (il songe plutôt à l’enseignement préscolaire, aux jardins d’enfants et oublie l’enseignement fondamental en tout cas en terme d’investissements concrets) alors qu’il veut orienter les enfants maliens vers les “sciences et les techniques”.

    Cela demande des ateliers, des laboratoires des bibliothèques qu’il faut construire mais combien et comment?

    Mystère de Dieu et mystère de Mara.

    Idem pour les politiques sanitaires, agricoles et industrielles qu’il compte mener où les investissements concrets sont noyés dans des objectifs généraux sans moyen de voir clair dans les priorités en terme de construction d’hôpitaux, d’aménagements sylvo-agro-pastoraux (combien d’hectares faut-il aménager où et quand) et d’aménagements de zones industrielles (combien, où et quand).

    Pour financer sa politique, Mara écorche les pourcentages du budget d’état (40% pour l’éducation, 15% pour l’agriculture, pour la santé il ne donne aucun pourcentage).

    Mais il oublie gentiment de nous dire le montant de ce budget d’état (qui est de 1559 milliards en dépenses pour 2014) et celui du budget spécial d’investissement.

    Pour la défense et la sécurité il promet 4% de la richesse nationale qui vaut selon lui 240 milliards contre 175 milliards aujourd’hui consacrés par le budget d’état à la défense nationale.

    Ces 240 milliards représentent actuellement 15% du budget d’état de 2014.

    Donc 40% éducation, 15% agriculture, 15% défense nationale sans compter la santé, la diplomatie, l’environnement, l’administration, la justice, l’eau et l’énergie, l’entretien luxueux des institutions du pays notamment la présidence de la république, etc.

    À ce rythme nous risquons vite de dépasser les 100% du budget national, c’est à dire que la moyenne de la politique de financement de Mara va dépasser le total de la capacité financière de l’état malien.

    Alors en bon ingénieur du chiffre, il veut inventer une réforme fiscale mais sans daigner nous dire combien il compte accroître les recettes publiques avec la fiscalité intérieure et de celles issues de la fiscalité de frontières compte tenu des contraintes et engagements communautaires du Mali.

    Il est courageux Mara, il est même très courageux et il continue et là le meilleur est ce qui suit.

    Il sort de son chapeau, oh plutôt de son bonnet, ces fameux “Diaspora Bonds”.

    J’ai pris ma tête dans les deux mains et j’ai prié le bon Dieu pour que ce ne soit pas une “Diaspora Bombe”!

    Car Mara veut se lancer sur le financement d’un État corrompu (qu’il reconnaît “malade”) et dépensier par les marchés financiers en créant incognito une obligation d’état (c’est à dire un titre de dette publique) destinée aux maliens de l’extérieur.

    En clair, il veut solliciter l’argent des expatriés maliens à travers un emprunt public pour financer les investissements publics.

    Le problème est que la rentabilité et la sécurité des fonds investis par l’état malien ne sont pas encore garanties car le niveau de corruption, de laisser aller, de gaspillage de nos ressources publiques diminuent considérablement la rentabilité économique de nos projets d’investissements et sapent du coup la solvabilité de l’état malien.

    Alors si la loi contre la corruption annoncée par Mara peut à elle seule garantir cette solvabilité de l’état malien pour sécuriser les fonds empruntés aux travailleurs immigrés sans mesures concrètes de redynamisation de la justice sociale, de l’efficience et de l’efficacité des actions publiques, nous seront là pour voir cela sinon nous sommes dubitatifs pour le moment.

    Car pour faire passer un État “malade” à un “athlète” comme le veut super coach Moussa Mara, (le “special one” de la gouvernance en Afrique) il faut du COURAGE, du TRAVAIL et de la RIGUEUR alors que ces mots ne sont pas prononcés plus de deux fois dans le long discours de Mara devant la représentation nationale.

    Wa salam!

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