Déclaration de politique générale du PM : Ambitieuse mais pas rassurante

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Déclaration de politique générale
Le premier ministre Moussa MARA a présenté ce matin à l’assemblée Nationale sa Déclaration de politique Générale

Au delà de l’impression de déjà vu et entendu, la DPG du Premier Ministre Moussa Mara est loin d’être cohérente et rassurante, du moins, en des points précis. Discutables voire inquiétants, et quelque fois contradictoires, ils le sont en effet, ces points.

 

 Le cas de la société EDM s.a : Une insulte

Les Maliens doivent visiblement s’attendre à une augmentation tarifaire de l’électricité. Et c’est le premier Ministre Moussa Mara qui laisse entendre cette probabilité nonobstant une subvention de 30 milliards F CFA que son gouvernement entend accorder à la société (lire encadré).  M. Mara précise en effet qu’il sera procéder à «quelques ajustements tarifaires modérés en vue de restaurer la viabilité financière de la société Energie du Mali SA sur le moyen terme».

 

 

En termes moins prosaïques, il s’agit d’une augmentation tarifaire telle qu’exigée par le FMI. L’orateur l’a d’ailleurs avoué dans le chapitre relatif à l’économie et aux finances de sa DPG: «Nous poursuivrons tous les efforts engagés pour soutenir le programme que nous avons avec le FMI dans le cadre d’équilibres macro économiques nécessaires à la bonne conduite de l’économie (…) ». En somme, le Mali se soumet aux exigences de l’institution monétaire internationale laquelle estime qu’EDM doit pouvoir voler de ses propres ailes. Ce qui est tout à fait juste.

 

 

Le paradoxe voudrait, en tout état de cause, que l’Etat subventionne ce secteur à hauteur de 30 milliards F CFA, contribue à l’extension du réseau comme annoncé par M. Mara, et nonobstant les accords et conventions pour l’acquisition  de plusieurs mégawatts  avec le Sénégal, la Côte-d’Ivoire et la société Anglaise, Aggreko  et  que par la suite, la société EDM  procède à une augmentation tarifaire. De qui se moque-t-on ?

 

 

Sous ATT, les subventions accordées à ce secteur avaient pour but d’éviter une augmentation tarifaire et mettre fin aux délestages. Ces deux objectifs seront atteints. Ce qui n’est manifestement pas le cas sous IBK.

 

Le véritable problème d’EDM s.a, on le sait, est la mauvaise gestion et la corruption systématique. Le Premier Ministre aurait été bien inspiré en se référant au document produit par le défunt Alkaly Keïta de la Commission de Régulation de l’Eau et de l’Electricité (CREE). Lequel prouva que n’eut été la mauvaise gestion et la corruption, en son sein, EDM est à mesure non seulement de procéder à une réduction tarifaire notoire, mais améliorer considérablement ses services.

 

Mais le saviez-vous ? L’auteur de cette étude est mort dans des conditions mystérieuses. On parle d’empoisonnement et bien sûr, les résultats de l’enquête ouverte n’ont jamais été rendus, même à la famille du défunt.

 

 

Une subvention de 30 à 35 milliards F CFA

«S’agissant du Secteur de l’Energie, le Gouvernement mettra un accent particulier sur la résorption de nos déficits de production estimés à environ 111 MW en 2013. Pour ce faire il faut s’engager dans l’augmentation des capacités de production d’énergie électrique.

 

A cet effet, au titre de l’année 2014, le Gouvernement dotera EDM-SA d’une subvention de 30 milliards de FCFA (bientôt porté à 35 milliards de FCFA) auquel s’ajoute la contribution de la CEDEAO de 15 milliards de FCFA pour lui permettre d’assurer un équilibre financier conséquent, réviser et louer des groupes, acheter de l’énergie électrique et réaliser des travaux d’urgence et de réhabilitation de ses installations. A terme, la mise en œuvre de ces mesures contribuera à réduire significativement les charges d’exploitation, à baisser le coût de revient du prix du KWh/h et à endiguer ostensiblement le délestage fréquent consécutif aux problèmes liés à l’approvisionnement en carburants et lubrifiants, au déficit de production et aux insuffisances des réseaux de transport et de distribution d’électricité.

 

A court et moyen termes, le Gouvernement accompagnera et facilitera la réalisation des grands projets en cours ou en préparation à savoir, entre autres, les Projets :

d’extension de la centrale hydroélectrique de Sotuba (6 MW) et de celle de la centrale thermique au fuel lourd de Balingué (45 MW) de 23 MW supplémentaires ; de réalisation de la centrale hydroélectrique de Markala (10 MW) ; de la centrale hydroélectrique de Kénié (42 MW) ; de l’Aménagement de Taoussa (25 MW), de Gouina (140 MW) dans le cadre de l’OMVS, pour une capacité totale supplémentaire de 109 MW

 

la poursuite du projet PASE pour le renforcement du transport et de la distribution d’électricité ; d’interconnexion des réseaux électriques du Burkina, de la Guinée en plus de celui de la Côte d’Ivoire vers un potentiel de 330 MW avec une baisse d’au moins 10% du coût de revient de l’électricité; 

 

la poursuite du projet « Promotion de la production et de l’utilisation de l’huile de jatropha comme agro-carburant durable au Mali » et de manière générale du soutien aux énergies renouvelables.

 

 

A ce titre, le Gouvernement soutiendra l’installation de kits, de systèmes de pompage, de lampadaires et de centrales solaires ; la poursuite de la réhabilitation des installations endommagées pendant le conflit au nord du pays et l’extension du réseau vers de nouvelles localités (Kita, Tombouctou, Gao, Kidal…).

 

S’inscrivant dans une dynamique de diminution du coût de revient de l’énergie, mon Gouvernement s’inscrira dans une démarche permanente visant à assurer l’augmentation de la part de l’hydroélectricité et des autres sources d’électricité dans le mix énergétique ; le développement des interconnexions pour remplacer la production thermique locale onéreuse par des importations d’énergie électrique aux coûts compétitifs ; le raccordement progressif des centres isolés au réseau interconnecté sur la base de considérations technico-économiques ; l’accroissement de l’efficacité de gestion des réseaux électriques et la limitation des pertes techniques et commerciales ; l’amélioration du recouvrement  des coûts, la généralisation du fuel lourd en lieu et place du gasoil comme combustible thermique, quelques ajustements tarifaires modérés en vue de restaurer la viabilité financière de la société Energie du Mali SA sur le moyen terme ; la réduction des coûts de l’électrification rurale par l’adoption de systèmes de production hybrides (petites centrales solaires de 5 MW) ; la recapitalisation à moyen terme d’EDM-SA en vue de restaurer sa capacité à mobiliser des ressources sur le marché pour une couverture partielle de ses charges d’investissement. Un cadre contractuel définira les engagements d’EDM en contrepartie des subventions perçues pour aller progressivement vers un dispositif pérenne et ajustable en fonction de la situation.

 

Nous assurerons une desserte régulière de l’énergie pour les ménages et les opérateurs économiques, dans des conditions de plus en plus améliorées pour faciliter l’essor économique qui est conditionné par cela. Nous ferons en sorte qu’il n’y ait plus de délestage dans notre pays.

 

 

ECONOMIE FINANCES : Probable augmentation des impôts et taxes

La DPG de M. Mara se veut très ambitieuse. Ce qui est à son honneur. L’argent restera donc le nerf de sa guerre. Pour une meilleure exécution de son programme gouvernemental, M. Mara aura impérativement besoin de sous.

Tenez : dans la perspective de la refondation de l’armée, il entend injecter la somme de «240 milliards de FCFA par an contre 175 milliards de FCFA dans le budget d’Etat en 2014 d’où un besoin en année normale de 65 milliards de FCFA supplémentaire » (chapitre Défense DPG).

La sécurité dit-on, n’a pas de prix, mais elle un coût. Les partenaires techniques et financiers (PTF) ne financent pas ce secteur et M. Mara le déplore : «les partenaires aident à combattre la pauvreté sans soutien à l’armée ». Il revient donc à l’Etat lui-même de trouver les mécanismes de financement de son armée. Et comme solution,  le PM annonce,  avec beaucoup d’euphémisme,  une augmentation des taxes et impôts : «le Gouvernement a mis en place ou mettra en place, à brève échéance, des mesures parmi lesquelles, l’amélioration de la gestion de la trésorerie et la qualité de la dépense publique; des reformes fiscales devant nous permettre d’accroitre notre taux de pression fiscale d’un demi point chaque année pour atteindre 17% de notre richesse nationale en 2018, ce qui dégagera environ 200 milliards de FCFA de revenus».

« Des reformes fiscales devant permettre l’accroissement de la pression fiscale d’un demi point…, » n’est qu’un moyen subtil d’annoncer les couleurs. Mais, mais on le sait, l’Etat pourra faire d’importantes économies en réduisant tout simplement ses dépenses de prestige.

 

 

Environnent : «Grande Muraille Verte », Attention !  C’est aussi une ligne de démarcation entre le Sud et le Nord !

Dans sa DPG, le Premier ministre évoque la réalisation du projet dénommé la Grande Muraille Verte (GMV). Il s’agit un projet transcontinental réunissant onze pays sahélo-sahariens, et visant à stopper l’avancée du désert. Consultez la carte et vous remarquerez que le tracé  de la bande coupe le Mali et le Soudan en deux : nord-Sud et que les deux entités sont toutes confrontées à la récurrente question sécessionniste. En clair, au delà de la question environnementale, les observateurs et même des officiels sont juste inquiets.

 

Par ailleurs et toujours dans le chapitre Environnemental, le PM déclare « la lutte contre l’ensablement du fleuve Niger (une priorité pour le Président de la république)» et «la libération des servitudes des cours d’eau». Mais voilà que dans le cadre de l’aménagement de la ville de Bamako, Monsieur nous avertit de la «réalisation de grands projets immobiliers sur les berges aménagées». On aimerait bien comprendre ! On aménage les berges, l’on libère les servitudes des cours d’eau mais pour y construire des maisons !

 

 

L’industrie : la question est d’abord énergétique

 

«L’industrie constitue un des parents pauvres de nos politiques publiques. Or, nous en convenons tous, il ne saurait y avoir de prospérité sécurisée et durable sans un tissu industriel varié. Or la part de l’industrie dans notre économie a diminué de moitié en dix ans. Le Mali compte trois fois moins d’unités industrielles que le Sénégal et dix fois moins que la Côte d’Ivoire. Cet écart ne se justifie nullement par l’avancée économique de ces pays sur le Mali mais par le volontarisme de leur politique industrielle. Nous devons être à l’offensive dans ce secteur. Nous le serons !! ».

Le constat du PM est très pertinent. Les industries maliennes se meurent, une à une ! Mais qu’on ne cherche pas les raisons très loin : le phénomène est intimement lié au coût de la production lequel est tributaire à celui de l’électricité. Aucune industrie malienne ne saurait être compétitive avec le prix exorbitant de l’électricité. Et dire qu’il faille s’attendre à une augmentation ! Paradoxe !

 

L’on appréciera au passage le projet de «relocalisation des casernes militaires ailleurs qu’en centre-ville» à Bamako annoncé par le PM. Il ne s’agit pas seulement d’un programme d’embellissement de la capitale. Mais aussi et surtout d’une question de sécurité publique. Les populations riveraines des casernes sont très exposées. Et celles des casernes, à leur tour, très affectées par le contact avec les civils. Les récents incidents survenus à Djicoroni Para et N’Tomikorobougou, deux quartiers abritant l’Ecole de Police et le 333ème régiment des  parachutistes ont fait de nombreuses victimes parmi les populations civiles.

 

 

LA PRESSE : Oui… mais !

 

La communication consistera un élément clef du programme gouvernemental. Normal ! Mais seulement voilà : la presse malienne, dans toutes ses composantes, vit dans la précarité ; toute chose à l’origine des dérapages et dérives. Les professionnels du secteur ont tout simplement souhaité une indexation de l’aide à la presse au budget national. M. Le PM l’a oublié dans sa DPG.

 

Atteintes aux mœurs… Mais pourquoi ne pas légiférer d’abord sur l’homosexualité ?

Si le PM voulait faire plaisir aux gardiens du temple, il a bien réussi son coup: «Nous allons mieux lutter contre toutes les atteintes aux mœurs, outiller davantage les brigades en charge de cette question, rendre plus contraignantes les conditions d’ouverture et d’exploitation des établissements de tourisme dont certains deviennent rapidement des maisons closes et autres lieux de débauches, mieux encadrer l’exercice d’activités nocturnes par les jeunes mineurs,  traquer la vulgarisation des images et attitudes obscènes au niveau de la jeunesse et rendre inacceptable l’intolérable qui devient malheureusement banale dans notre société. A ce titre, nous allons prendre les mesures en vue de la réintroduction de la tenue scolaire dans tous les ordres d’enseignement en standardisant non seulement l’uniforme mais aussi les types de couture».

 

D’abord qu’on se le dise : M. Mara se croit toujours dans la peau d’un maire. Ces aspects de la vie courante relève des autorités communales dont les ressources sont en grande partie liées aux établissements touristiques et espaces de loisir. Et sans fausse pudeur : les maisons closes ont un rôle social non négligeable. Fermez-les donc, et vous verrez les statistiques de violences sexuelles (viols en l’occurrence) augmenter ! L’on craindra un jour d’être envahi dans nos propres domiciles. Moraliser le secteur oui, mais éviter surtout la dérive ! Et puisqu’on y est, pourquoi le gouvernement n’introduit-il pas un projet de loi relatif à l’homosexualité ? Le code pénal malien reste muet sur la question, encourageant ainsi toutes les dérives sociétales et provocations.

 

S’agissant de « réintroduction de la tenue scolaire », l’Etat serait bien obligé de mettre la main à la poche (subvention). Et pour cause. Tout élève ou étudiant surtout dans certaines localités défavorisées, n’a pas les moyens de s’octroyer au moins deux tenues scolaires. L’idée reste cependant louable.

 

Religion et laïcité :

A en croire le PM, «les autorités traditionnelles, religieuses joueront un plus grand rôle, dans le cadre de l’approfondissement de la décentralisation mais aussi dans les rapports avec les autorités centrales. L’Etat est laïc, cela ne fait aucun doute car il repose sur une société fortement laïque mais la laïcité ne signifie nullement être contre les religions. Nous ferons en sorte que les religions jouent leur rôle de stabilisation de la société».

 

Rien à dire, sauf que le nouveau code des personnes et de la famille n’est pas encore en entré vigueur. Le document prend en compte bien de questions évoquées par le PM. Alors pourquoi ne pas l’appliquer, Monsieur le Premier Ministre ?

A suivre

B.S. Diarra

 

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1 commentaire

  1. Avion présidentiel ou connerie présidentielle?

    1. IBK et son Mara n’arrêtent pas de dire que les caisses de l’État sont vides alors qu’ils ont déjà encaissé plus de 700 milliards sur les 2000 promis de l’aide internationale de Bruxelles (c’est Moussa Mara lui même qui le dit).

    2. Ils ne disent jamais aux maliens que leurs copains délinquants de la soldatesque ivrogne de Kati ont pillé et saccagé nos douanes, impôts et trésors publics et sont devenus milliardaires en une nuit et une journée.

    3. Ils ne s’attaquent pas aux vrais problèmes des maliens (éducation, santé, emploi, pouvoir d’achat, sécurité, intégrité du territoire, le foncier, le transport, les routes, lutte contre la corruption, la gabegie, le laisser aller, etc.)

    4. Leurs seules préoccupations c’est la promotion de leurs familles et leurs propres conditions de vie luxueuses (avions inutiles, voitures Mercedes inutiles, motards inutiles, réfection de leurs maisons privées inutilement sur les dos voûtés des misérables maliens).

    5. Ils n’ont aucun programme de développement économique cohérent et clair du Mali et veulent gouverner par le mensonge, le faire semblant et le tape à l’œil.

    6. Après avoir transformé leur slogan de campagne “Le Mali d’abord” à leurs “Familles d’abord” ils sont venus avec le concept pompeux d’un “Mali émergent” pour endormir les plus débiles pendant qu’ils pillent les maigres ressources du pays à la manière identique de leurs copains délinquants de Kati, bidasses fuyards des combats au nord de notre pays et pilleurs de nos douanes, impôts et trésor public.

    7. Nous avons à l’œil cette nouvelle race de menteurs invétérés et bouffeurs ventrus de nos deniers publics dans des futilités d’avions, de Mercedes et motards à la con.

    Donc nous ne permettrons aucun départage saignant de nos finances publiques et réclamons du travail et de la rigueur à cette bande de flambeurs dormeurs qui se la pètent à l’assemblée nationale à coup de mensonges enfantins.

    Wa salam!

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