Déclaration de Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République, suite à la tragédie de Lampedusa

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Adresse à la Nation de Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEÏTA
Adresse à la Nation de Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEÏTA

Si les événements récents au large de Lampedusa sont d’une horreur particulière et inadmissible, c’est, chaque année, un millier de jeunes africains, dans la force de l’âge, qui terminent leur rêve d’Eldorado dans la Méditerranée, dans la Mer Rouge ou dans le Sahara. En un mot, dans ces espaces qui étaient, hier, des carrefours où des cultures et des races se sont métissées, mais où, aujourd’hui hélas, se sont dressés des murs à la place des ponts qu’empruntèrent jadis Avicenne pour travailler le matin en Espagne et dormir le soir en Egypte.

 

Peu importe la nationalité de ces jeunes : les corps filmés le long des quais de Lampedusa sont ceux de l’homme, de tout homme, de tout l’Homme.

 

C’est pourquoi la tragédie a provoqué chez toutes les bonnes consciences la même indignation, à l’image des mots et des gestes du Souverain Pontife, le Pape François, qui instruit courageusement le procès de l’égoïsme sur une planète qui n’a jamais été aussi riche.

 

Le temps est venu de la réflexion et de l’action profonde, pour résoudre définitivement l’équation de l’émigration, en passe de devenir une des plus grandes crises de notre civilisation.

 

A la tête de nos Etats, Nous dirigeants africains, sommes particulièrement interpellés, et le seul choix qui nous reste est d’accélérer l’histoire de l’Afrique, ce continent ayant toutes les potentialités pour mettre fin à l’assistanat.

 

Elle peut redevenir la terre de rayonnement et d’opportunités qu’elle a été, à condition que toutes ses ressources soient utilisées à bon escient, toutes ses chances immédiatement exploitées, la corruption vaincue et sa vibrante jeunesse mise au travail.

 

Toutefois l’Afrique, seule, ne peut s’en sortir. Elle a besoin de solidarité. Pas de solidarité apparente, concédée par acquit de conscience. Mais de solidarité substantielle, voire impérative à la dimension des défis que l’Afrique doit surmonter pour ne plus être le problème des autres, mais leur solution.

 
Une telle solidarité ne sera pas un don. Elle sera plutôt un placement, une assurance, l’Afrique étant la puissance démographique des années à venir. Il n’y aura aucun havre de paix, aucune niche d’opulence préservée tant qu’elle restera dans la spirale de la pauvreté et de la précarité, et tant que les termes de l’échange ne seront pas impérativement revus et corrigés.

 

Dans cette optique, je voudrais en appeler à un Sommet international sur l’émigration, pour un dialogue inclusif entre les pays de départ et les pays d’accueil, et pour que les responsabilités désormais assumées permettent de conjurer de nouvelles tragédies liées à l’émigration.

 

Le Mali en serait avec toutes les bonnes volontés du monde, y compris et en tête le Souverain pontife, l’Union Africaine, les pays de la Méditerranée et l’Europe.

 

Bamako, le 11 octobre 2013

Ibrahim Boubacar KEITA

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4 COMMENTAIRES

  1. Avant de s’apitoyer sur la tragédie de Lampeduzza, que “son excellence” commence déjà par nous dire où en est la supposée enquête sur nos propres “naufragés” de Bankoni suite aux inondations!

    Beaucoup de bruit, et puis…. plus rien!

  2. L’immigration est du au manque de travail et d’argent. Donc la solution est de generer des emplois, mais surtout de revoir l’adhesion au Franc Cfa. Developper le secteur prive, les petites et les moyennes entreprises. Revoir les strutures minieres pour que le Mali producteur d’or puissent s’enrichir avec ses resources minieres.

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