Poursuite des travaux des assises nationales sur la décentralisation : Le transfert des compétences et des ressources aux collectivités locales au cœur des débats

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assises decentralisationHier, mardi 22 octobre les travaux des états généraux de la décentralisation ouverts la veille, se sont poursuivis au Centre International de Conférences de Bamako (CICB). Déjà, lors de la cérémonie d’ouverture, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta avait dévoilé les grandes lignes qui devront ressortir des recommandations attendues  de ces trois journées de travaux intenses. Parmi lesquelles l’on retiendra la gestion définitive de la persistance des rébellions touareg, que cette partie du territoire a connues. D’autre part, il s’agira également de renforcer les prérogatives des pouvoirs locaux tout en sachant qu’ils ne pourront en aucun cas se substituer à l’Etat ni affaiblir son autorité.

 

Le Chef de l’Etat avait longuement évoqué cette question dans son discours prononcé à l’ouverture des travaux en affirmant qu’une décentralisation plus poussée irait dans le sens du renforcement de la démocratie, la bonne gouvernance, la prévention et la gestion des conflits tout en mettant un accent particulier sur les dimensions de paix et de réconciliation nationale.      C’est la raison pour laquelle des experts et des techniciens dans la gouvernance et la gestion des conflits ont été invités à se prononcer sur ces questions. Les participants rencontrés lors des travaux, reconnaissent qu’une décentralisation plus poussée permettra de juguler et de prévenir les crises car les collectivités pourront jouir d’une marge de manœuvre considérable.

Lors de cette deuxième journée des états généraux sur la décentralisation, les participants sont entrés dans le vif du sujet. Ils ont été répartis en plusieurs groupes travaillant en ateliers pratiques pour discuter et analyser les thèmes retenus.

Et ce, avant les séances plénières prévues aujourd’hui. Ainsi, certains ont suivi des exposés et des communications sur l’amélioration des services de base des populations et la promotion du développement régional et local. D’autres ont débattu sur l’ancrage institutionnel de la décentralisation en lien avec l’implication des élus locaux dans la décision et la gestion politique.  Notons qu’au cours de ces travaux, il a été aussi question du renforcement des capacités des communes en vue d’une amélioration de leur autonomie de gestion et contribuer ainsi à la réduction de la pauvreté au niveau de ces collectivités.

L’apport non-négligeable des autorités traditionnelles et coutumières dans la gestion locale et nationale est aussi évoqué.  Les questions de réorganisation et du découpage territorial en lien avec l’approfondissement de la régionalisation occuperont également une place de choix dans les discussions. Dans le même ordre d’idée, il sera aussi question du renforcement des transferts de compétences et des ressources afin qu’ils soient plus effectifs.

Un autre atelier se rapportant aux pouvoirs des élus communaux, locaux et régionaux et la fonction publique des collectivités territoriales a été mis en place.

Pour remédier à certaines confusions qui apparaissent dans l’exercice de leurs fonctions entre les collectivités territoriales et les agents de l’Etat, un autre atelier sera consacré entièrement au rôle et aux prérogatives de ces derniers. Les participants s’exprimeront librement pour rechercher les voies et moyens afin que la décentralisation soit effective au Mali, ce qui passe par l’application des textes relatifs à la réforme.

Si celle-ci se met en marche, il faudrait alors accroitre les pouvoirs et les ressources financières des collectivités territoriales pour éviter que le pays ne retombe dans les travers du passé.

 

Maciré DIOP

 

Ils ont dit :

En marge des travaux des assises nationales sur la décentralisation, nous avons pu recueillir les attentes de certains participants.

Mme Haïdara Aïchata Cissé dite Chato, députée de Bourem

 

«Le besoin de décentralisation est pressant au nord»

J’attends des recommandations fortes. C’est bien d’aborder les problèmes vécus par les collectivités. Pour moi dès l’instant qu’on prend en charge un problème, c’est un début de solution. Je souhaite que les résolutions qui sortiront soient appliquées très rapidement.  Moi quand j’aborde la question de la décentralisation, c’est surtout en matière de construction des routes. Quand je quitte Gao pour Bourem, je mets 4 heures sur la route. C’est inadmissible. Je pense que la sécurité dépend aussi de cela parce que quand il n’y a pas de bonnes routes, c’est le terreau fertile pour le développement de l’insécurité. Et quand il n’y a pas de sécurité, on ne peut pas aspirer à un développement ni à une reconstruction. Alors, vivement la décentralisation dans les zones du nord mais aussi dans tout le pays. Pour moi, c’est tout le Mali qui a besoin de décentralisation et de construction, mais aujourd’hui ce besoin est plus pressant dans le nord car tout a été saccagé. Mais il ne faut pas perdre de vue que le Mali est un et indivisible. Quand on parle du développement du nord il faut aussi le faire pour le sud pour que les populations qui y vivent ne se sentent pas abandonnées. Je pense qu’avec ces états généraux, on aura l’occasion de parler de nos vrais problèmes.

 

 

Oumou Sall Seck, maire de Goundam

«Vivement un tranfert immédiat des ressources  et compétences aux collectivités»

Pour nous, c’est une occasion d’échanger avec toutes les collectivités du Mali. A l’issue des travaux, nous espérons qu’il y aura un transfert immédiat des ressources et des compétences aux collectivités pour nous permettre de travailler. Le Mali a opté pour la décentralisation, les textes sont très bien rédigés et bien précis, il faut maintenant les appliquer.

 

Les compétences qui ont été transférées restent encore en majorité une propriété de l’Etat. Quand on exige des résultats des élus et des collectivités par rapport au développement économique, je pense qu’il faut leur donner les moyens pour apporter ces résultats. Déjà, avec le minimum que nous avons reçu dans le cadre du transfert des ressources par l’Etat, c’est insignifiant. Heureusement qu’il y a la coopération décentralisée qui met à la disposition des collectivités suffisamment de fonds et c’est grâce à cela qu’elles ont été très visibles sur le chantier du développement avec la réalisation de beaucoup d’infrastructures et la fourniture des services sociaux de base. Je pense qu’il faudrait aussi revoir le statut de l’élu et des agents des collectivités territoriales. Et clarifier les relations entre les élus et les représentants de l’Etat. Il faut que chacun joue son rôle. Nous devons être en mesure de dépasser certaines questions dans l’intérêt du Mali et de nos populations. Dans les régions du nord, tout ce qui a été construit pendant près de 50 ans a été anéanti. Dans certaines  collectivités, nous sommes aujourd’hui sans électricité.

 

Adama Sangaré, Maire du District de Bamako :

 

«Il faut accorder plus de pouvoir aux élus locaux»

Nous fondons beaucoup d’espoirs sur ces assises. Quand nous avons le privilège que les états généraux soient organisés et présidés par le Président de la République, en présence des partenaires qui ont fait le déplacement, nous allons connaitre un nouvel essor dans le cadre de l’approfondissement de la décentralisation.

Aujourd’hui, tout ce qu’on demande, c’est le renforcement des capacités des collectivités afin que les pouvoirs locaux soient réellement capables de changer en bien et d’accomplir les différentes missions qui leur sont confiées par leurs mandants. La feuille de route a été tracée par les intervenants, les différents problèmes ont été posés.

C’est une réflexion continue et avec l’accompagnement de la presse, la volonté politique sera forte pour accorder beaucoup plus de pouvoirs aux élus locaux pour nous permettre d’aller dans le sens du mieux-être des populations que nous représentons.

Maciré DIOP

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1 commentaire

  1. Nous sommes dans un faux débat. L’exercice de la décentralisation en Afrique n’est que le reflet de l’image du pouvoir central.A la réalité, quels que soient les pouvoirs ( en termes d’autorité ou de pouvoir financier ou matériel) accordés aux élus locaux, le resultat demeurera le même. C’est un problème de capacité, précisement de compétence à gérer nos problèmes par nous-mêmes.Regarder seulement l’état des pays africains depuis les indépendances. Pendant 50 ans, on ne cherche qu’à se développer. Est-on arrivé à le faire?

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