Selon le ministre de la Décentralisation et de la Politique de la Ville, le Mali a besoin d’un développement «cousu sur mesure» et non pas le «prêt-à-porter » dans lequel il est plongé aujourd’hui.
Ces propos, Dr Ousmane Sy, ministre de la Décentralisation et de la Politique de la Ville, les a tenus au cours d’une journée d’échange que son département a eue avec les organisations de la société civile, mardi dernier, au gouvernorat du District.
Ladite conférence s’est articulée autour de deux thématiques importantes. La première, relative aux orientations stratégiques majeures d’approfondissement de la décentralisation à travers la régionalisation, a été présentée par Séni Touré, Directeur général adjoint des collectivités territoriales.
Après avoir fait l’état des lieux de la décentralisation au Mali, M. Touré avait ainsi expliqué, dans les moindres détails, les orientations stratégiques d’approfondissement de la décentralisation, avant de faire d’importantes propositions d’orientation de la régionalisation.
L’autre communication, portant sur la Politique nationale de la ville, fut faite par Mamadou Ouane, Conseiller technique au ministère en charge de la décentralisation. Ce dernier a rappelé la vision, les enjeux et les objectifs de ladite politique. Avant de dévoiler certains axes prioritaires de sa mise en œuvre. A ces différentes communications, les membres de la société civile ont exprimé un certains nombre de préoccupations, relatives notamment à la limitation des communes; la non maîtrise des acteurs de la décentralisation; la sécurisation des frontières; le manque de communication autour du processus et l’effectivité de la décentralisation.
Auparavant, le ministre de la Décentralisation et de la Politique de la Ville avait campé le décor en faisant un bref rappel historique sur le processus de décentralisation au Mali. Depuis quelques mois, a-t-il rappelé, le Mali travaille à l’approfondissement de la décentralisation dont l’ambition de la mise en œuvre est aussi ancienne que le Mali, en ce sens qu’elle date des premières années de l’indépendance de notre pays. Le ministre Sy en veut pour preuve le principe de la libre administration des collectivités maliennes, consacré déjà par la constitution de 1970.
A en croire Dr Ousmane Sy, les pères de l’indépendance n’ont certes pas eu le temps de s’y attaquer, mais la 2ème république avait quand même lancé le débat sur la décentralisation.
Après les événements de 1991, poursuit-il, la Conférence nationale avait fait une utile recommandation en faveur de la levée des obstacles à la mise en œuvre du processus.
La première étape de la décentralisation, lancée sous la 3ème république, avait ainsi consisté à la communalisation de l’ensemble du Mali. Elle a, dit-il, enregistré des progrès importants, notamment l’accès des populations aux services publics de base.
La deuxième étape du processus a, dit-il, pris corps suite aux états généraux sur la décentralisation qui se sont tenus en octobre 2013, quand une recommandation a été formulée en faveur de l’approfondissement de la décentralisation en allant vers la régionalisation. Convaincu que la décentralisation est un long processus qui est fortement ancré dans l’histoire politique du Mali, Dr Sy a ainsi insisté sur le fait que la régionalisation n’est nullement une reforme, mais plutôt un approfondissement du processus de la décentralisation. De son avis, si nous voulons mettre notre pays à l’abri des soubresauts, il nous faut absolument nous intéresser au territoire. Et cela est tout le sens de la régionalisation. Aussi, a-t-il estimé que si notre processus de décentralisation n’a toujours pas produit les fruits escomptés, c’est parce que nous ne sommes pas arrivés à faire l’adéquation entre les notions de diversité et d’unité. Or, partout où il y a crise de cohérence, il y a forcément crise de gouvernance. «Nos institutions sont en déphasage avec les réalités de notre société», a-t-il dit. Ainsi, Ousmane Sy a souligné la nécessité d’aller vers un développement «cousu sur mesure, et non le développement prêt-à-porter dans lequel nous sommes aujourd’hui». «L’effort a été certes fait, mais ce qui a été fait n’est pas adapté», a-t-il apprécié.
Au sujet de la politique nationale de la ville, le Ministre Sy a rappelé que toutes les études prospectives révèlent que nous allons vivre de plus en plus dans les villes. D’où cette réflexion qui vise à éviter que nous nous faisons piéger à l’avenir. Il s’agit, dit-il, de donner une fonction à nos villes qui sont, en réalité, le squelette d’un pays.
Bakary SOGODOGO