Le directeur du centre de formation des collectivités : “La décentralisation est confrontée à un manque de volonté politique”

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A la 72e  édition du Club de la presse de Radio Klédu, Ibrahim Fomba n’a pas fait dans la langue de bois pour expliquer les vraies raisons du retard dans le transfert des compétences et des ressources aux collectivités dans le cadre de la mise en œuvre du processus de décentralisation dans notre pays. Pour le directeur du Centre de formation des collectivités, les jeux d’intérêt et le manque de volonté politique ont fortement handicapé l’élan du processus.

De la droite vers la gauche : le directeur du Centre de formation des collectivités, l’ancien ministre Ousmane Sy, et le directeur national des collectivités

“La décentralisation : une piste de sortie de crise au Mali” était le thème d’une conférence débats qui a eu lieu samedi dernier dans la salle de conférence de l’Hôtel Mandé de Bamako. Organisée par Klédu en partenariat avec la Délégation de l’Union européenne, cette conférence marquait la 72e édition du Club de la presse de la dite radio.
Pour ce numéro, toute la crème du secteur de la décentralisation était réunie. Il s’agit notamment du président de l’Association des municipalités du Mali, Boubacar Bâ dit Bill, Ousmane Sy, ancien chef de la Mission de la décentralisation au Mali, Ibrahim Fomba, directeur du Centre de formation des collectivités, Adama Sissouma, directeur national des collectivités, les représentants de la Délégation de l’Union européenne et de la Coopération allemande, etc.
Les conférenciers sont unanimes sur un point : la décentralisation est une chance pour les collectivités de prendre leur destin en main et de renforcer la démocratie à travers la gouvernance de proximité. Cette décentralisation, conviennent-ils, si elle était bien mise en œuvre, la présente crise pouvait être évitée au Mali.
D’où l’avis du président de l’Association des municipalités, que depuis l’éclatement de la crise, les élus locaux ont joué auprès de leurs populations un rôle de premier rang, notamment dans les localités sous occupation, comme à Douentza. En clair, pour lui, la crise a été révélatrice de ce qui se passe dans nos collectivités.
Plus vingt ans après l’amorce du processus de décentralisation, les insuffisances demeurent. Et la mise œuvre du chantier se heurte à de nombreux obstacles.
Parmi ces obstacles, les conférenciers sont unanimes sur la non viabilité financière d’un grand nombre de petites communes, la persistance des contestations liées à la réorganisation territoriale, la faible implication des communautés dans le fonctionnement des collectivités, la faible capacité des élus et du personnel administratif dans les collectivités territoriales, la faiblesse des moyens de travail affectés aux administrations déconcentrées, la mauvaise préparation des documents de programmation et des budgets, la faible sollicitation des services techniques déconcentrés par les collectivités, etc.

Face à un sérieux blocage
L’une des difficultés majeures de la décentralisation reste la problématique du transfert des compétences et des ressources aux collectivités. Si dans beaucoup de domaines (tels, l’éducation, l’hydraulique, la santé) le transfert des compétences a été amorcé, celui des ressources demeure le goulot d’étranglement.
Pour le directeur du Centre de formations des collectivités, l’insuffisance est à mettre au compte d’un manque de volonté politique. Pour Ibrahim Fomba, les jeux d’intérêt constituent le principal blocage à ce niveau. “Les textes disent que tout transfert de compétences est suivi de celui des ressources. Dire donc que les communes n’ont pas les capacités de mieux gérer les fonds à leur alloués, est un prétexte politique pour cacher un manque d’engagement des pouvoirs politiques”, a martelé le directeur du Centre de formation des collectivités, qui déplore le faible budget de sa structure pour atteindre les objectifs.
Le ministre Ousmane Sy de préciser que c’est à l’Etat de mettre à la disposition  des collectivités les ressources humaines compétentes afin de mieux gérer les ressources.
Quant au directeur national des collectivités, il a déclaré que ce blocage dans le transfert des ressources constitue un handicap sérieux pour les communes. Pour M. Sissouma, il y a véritablement un problème dans l’application de la loi.
Malgré les nombreuses difficultés, le processus de décentralisation est irréversible dans notre pays, expliquent Ousmane Sy. L’ancien ministre de l’Administration territoriale de recommander que l’effectivité de la décentralisation exige de faire face à des défis comme l’achèvement de la réorganisation territoriale, l’accroissement du financement national, la nécessité de critères de péréquation équitable.
Parmi les défis qui interrogent la mise en œuvre de la réforme, on note par ailleurs le pilotage politique et stratégique de la décentralisation, l’engagement des citoyens, des élus et le renforcement de l’esprit civique, le transfert de la fonction d’appui technique aux structures pérennes, la gestion des contestations liées au découpage territorial.
Le défi majeur, ajoutent les conférenciers, consiste à dynamiser les représentants de l’Etat en leur affectant les moyens nécessaires pour leur permettre d’accomplir au mieux leurs missions de contrôle.
A cela, recommandent-ils, il faut ajouter l’implication des administrations élues dans la promotion du développement économique local, la cohérence du développement territorial, la poursuite de la réforme de l’Etat, etc.
Issa Fakaba Sissoko

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2 COMMENTAIRES

  1. CONCERTATIONS NATIONALES AU MALI : SUR QUOI DOIVENT-ELLES PORTER, QUI DOIT LES PILOTER ET QUELLE EST LA CONDITION DE LEUR UTILITÉ ET DE SORTIE DE LA CRISE ?

    LE HAUT CONSEIL D’ÉTAT ET SES COMPOSANTES (COMMISSION AUX NÉGOCIATIONS ET COMITÉ NATIONAL DE TRANSITION), ATTENDUS PAR LES MALIENS, DOIVENT JOUER UN RÔLE MOTEUR DURANT LES CONCERTATIONS NATIONALES ET ASSURER L’INTERFACE AVEC LE MÉDIATEUR.

    LEURS DÉPLOIEMENTS DEVIENNENT URGENTS.

    Bonjour,
    Les Maliens doivent promouvoir tout ce qui rassemble et intègre les énergies pour répondre à leurs préoccupations communes telles que la vision partagée sur le futur souhaité, la restauration de l’intégrité territoriale, de l’ordre constitutionnel, de la paix et de la sécurité, la démocratie et les élections et la décentralisation mais aussi le développement durable et équitable, la réconciliation et l’intégration équitable des communautés dans un cadre unifié, démocratique, décentralisé et sécurisé.

    Les aspects vision partagée, restauration de l’intégrité territoriale, de l’ordre constitutionnel, de la paix et de la sécurité, démocratie, élections et décentralisation sont des PRÉALABLES INDISPENSABLES pour les autres aspects à savoir le développement durable et équitable et la réconciliation et l’intégration équitable des communautés dans un cadre unifié, démocratique, décentralisé et sécurisé.

    Mais ces derniers aspects doivent faire partie du FUTUR SOUHAITÉ par les Maliens afin de satisfaire leurs besoins et assurer leur bien-être collectif.

    La vision partagée intégrera les objectifs à atteindre, les politiques et les stratégies à mettre en œuvre pour répondre à cette vision et atteindre les objectifs retenus. Cette vision partagée constitue la feuille de route. Elle est indispensable. Elle est le préalable des préalables.

    On comprend pourquoi la CEDEAO, lors de la session extraordinaire de la conférence des chefs d’États et de gouvernements qui a eu lieu à Abuja, le 11 novembre 2012, a demandé au président par intérim de la République du Mali, de fournir la feuille de route urgemment.

    Devant concerner et intégrer tous les Maliens, les concertations nationales ne doivent pas se polariser uniquement sur les préalables, certes indispensables, mais aussi et surtout sur le futur souhaité par les Maliens. Elles doivent avoir des ramifications au niveau régional pour fédérer tous les besoins et les préoccupations des communautés et de tous les Maliens.

    Contrairement aux termes de références de ces conférences nationales, qui font référence de façon limitée au futur souhaité et qui se focalisent surtout sur les préalables, ces dernières seront plus utiles si elles donnent une place importante au futur souhaité par les Maliens et à la prise en compte de leurs besoins.

    Le haut conseil d’État et ses composantes, commission aux négociations et comité national de transition, sont attendus pour jouer un rôle moteur durant ces concertations nationales et pour assurer l’interface avec le médiateur.

    Lors des concertations nationales, les Maliens, y compris au niveau des régions, doivent travailler ensemble pour définir le futur souhaité à travers un projet de société pour sauver durablement le Mali et garantir l’unité, la paix, la sécurité et la réconciliation nationale.

    C’est à cette condition que les concertations nationales seront plus utiles et la crise Malienne sera résorbée durablement.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
    E-mail: Webanassane@yahoo.com

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