L’avènement de la 3e République consacre aussi le démarrage du processus de la décentralisation avec la création de 761 collectivités territoriales (703 communes, 49 cercles, 10 régions et le District de Bamako). Près d’une décennie de mise en œuvre a permis de réaliser des avancées certaines, notamment le transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales dans plusieurs domaines. Toutefois, force est de reconnaître que le processus connaît des insuffisances.
La mauvaise qualité de la gouvernance dans la plupart des collectivités territoriales est l’une des insuffisances palpables du processus de décentralisation au Mali. Cet état de fait a pour conséquence, entre autres, le déficit de communication entre les élus et la population ; la non implication des citoyens dans la gestion des affaires locales ; le manque de transparence dans la gestion foncière ; le déficit de confiance dans les organes dirigeants ; l’incivisme généralisé, etc.
Dans un contexte marqué par la rareté des ressources et les exigences de plus en plus grandes de bonne gouvernance et de transparence, les gestionnaires des collectivités territoriales se doivent d’observer rigoureusement les règles et les principes d’administration et de gestion des affaires locales.
Cela d’autant plus que le domaine de la décentralisation, de la gouvernance et du développement local touche à presque tous les secteurs névralgiques comme la santé, l’éducation, l’hygiène et l’assainissement, le foncier, l’urbanisme, l’investissement, etc. Des domaines et services dont la gestion intéresse non seulement l’Etat, mais aussi les populations, les élus communaux, les fonctionnaires et conventionnaires des collectivités territoriales.
L’échelon local est aujourd’hui considéré comme un niveau d’intervention privilégié des politiques de développement. Terrain concret des conditions de vie des populations, il permet de prendre en compte la diversité des enjeux attachés à l’action publique, à la croisée de l’exercice démocratique, de l’offre de services publics et des progrès économiques.
Il est en effet, le lieu d’expression quotidien de la démocratie, de l’Etat de droit et du développement, donc un cadre pertinent pour un partenariat entre les différents acteurs (Etat, Partenaires techniques et financiers, collectivités…) engagés dans cette perspective.
La décentralisation, c’est-à-dire le transfert de compétences de l’Etat vers les collectivités territoriales, représente une démarche adaptée de «ré-légitimation» de l’action publique à travers la mise en place d’institutions plus proches des citoyens, favorisant leur participation à la vie publique et incitant les autorités communales à une plus grande recevabilité sur leurs réalisations.
Ce processus permet également de mettre en œuvre une politique mieux adaptée aux besoins des populations, notamment en termes de services essentiels, et d’impulser une dynamique économique locale capable de stimuler le développement national.
Les moyens ne sont pas à la hauteur des besoins
Par ailleurs, le constat général est que la décentralisation administrative et le transfert des compétences aux collectivités locales ne s’accompagnent pas d’un transfert de ressources humaines et financières adaptées et suffisantes.
Dans de nombreuses communes du Mali, il n’existe ni réelle fonction publique territoriale, ni dotation de l’Etat, ni fiscalité locale suffisantes pour répondre aux besoins des collectivités. Dans ce contexte, les autorités locales manquent souvent des moyens humains et financiers qui leur permettraient de faire face aux multiples enjeux de la gestion de ces territoires en devenir.
Au même moment, paradoxalement, ces collectivités territoriales sont de plus en plus considérées comme des acteurs incontournables des dispositifs locaux de développement, suscitant des attentes importantes de la part de la société civile en matière de services et d’équipements publics de proximité.
A travers le ministère en charge du secteur, le Mali plaide en faveur de la décentralisation et d’une gouvernance locale démocratique, en relation avec les nombreux acteurs intervenant dans ces secteurs et dans le cadre des groupes de bailleurs auxquels il participe.
Aliou Touré