Etats généraux de la décentralisation : Des recommandations fortes, mais…

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Bamako, notre capitale, a abrité les 21, 22 et 23 octobre derniers au Cicb, les Etats généraux de la décentralisation. Au terme de ces assises dont la cérémonie d’ouverture était présidée par le Chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta, d’importantes recommandations ont été formulées par les participants. Des recommandations qui, selon plusieurs analystes, dormiront une fois de plus dans les tiroirs, puisque les autorités de la République ont d’autres priorités (plus urgentes) que le problème de la décentralisation déjà débattu dans notre pays en 2010.

Précisons tout de suite que ces Etats généraux ont été marqués par la présentation du rapport intitulé : «La décentralisation au Mali : état des lieux et pistes de solutions pour un nouveau souffle», par le Consultant Ousmane Oumarou Sidibé ; ainsi que d’un débat général et des témoignages de certains partenaires. Le tout, suivi des travaux en dix ateliers thématiques, au terme desquels des recommandations ont été formulées. Ces recommandations seront intégralement versées dans les actes des Etats généraux de la décentralisation.

Au total, dix thèmes, assortis de recommandations, ont été débattus. Il s’agit du  «renforcement de la démocratie, la bonne gouvernance, la prévention et gestion des conflits» ; de «l’amélioration des services de bases aux populations» ; de «la promotion du développement économique régional et local» ; de «l’ancrage institutionnel de la décentralisation en lien avec l’implication des élus locaux dans la décision et la gestion politique» ; du «financement des Collectivités territoriales en lien avec l’augmentation de la part des ressources publiques passant par les Collectivités territoriales» ; du «renforcement des transferts de compétences de l’Etat aux Collectivités territoriales» ; des «pouvoirs des élus communaux, locaux et régionaux et la fonction publique des Collectivités territoriales» ; du «rôle des autorités traditionnelles et coutumières dans la gestion politique locale et nationale» ; de «la réorganisation territoriale en lien avec l’approfondissement de la régionalisation» ; et de «l’exercice de la tutelle des Collectivités territoriales en lien avec le rôle et les prérogatives des représentants de l’Etat».
Comme on le voit, ces thèmes débattus par les participants et qui ont abouti à des recommandations fortes, sont d’une importance capitale. Mais, le hic dans cette histoire, c’est qu’on a comme l’impression que dans notre pays, on aime prendre les mêmes choses et recommencer. Car, on se rappelle encore qu’en 2010, le Mali avait organisé de similaires assisses de la décentralisation. Des assises qui avaient été bien appréciées et saluées à leur juste valeur par la Communauté. Et du coup, le Mali était perçu et considéré comme le champion, le modèle, le chantre et l’exemple à suivre en matière de la politique de la décentralisation en Afrique. De ce fait, comme nous l’écrivions dans notre précédente parution, beaucoup de pays de la sous-région et du continent venaient s’imprégner du modèle de la décentralisation à la malienne. Ils l’ont copié et l’ont appliqué chez eux ; et cela a fonctionné à merveille. Pourquoi alors, notre pays est brusquement devenu le dindon de la farce dans ce domaine de la décentralisation ? La raison est toute simple : mauvaise mise en application, laxisme, népotisme, gabegie, corruption, mauvaise gouvernance locale…

Puisqu’apparemment, ce sont les mêmes têtes qu’on retrouve au sommet de l’Etat, hormis quelques «maquillages» apportés par IBK, il est alors fort à craindre que les recommandations issues de ces récents Etats généraux de la décentralisation, ne soient rangées, une fois encore, dans les placards. Or, selon nos sources, ce sont plusieurs millions de nos francs qui ont été injectés dans l’organisation de ces assises de Bamako. De l’argent jeté par la fenêtre ? D’aucuns le disent volontiers, surtout qu’on a tellement organisé des Etats généraux dans ce pays, mais ceux-ci n’ont servi à rien. Sinon qu’à renflouer les poches et les caisses de certaines autorités nationales, au grand dam des partenaires et des bailleurs de fonds du Mali.
Bruno LOMA

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