DEBAT POLITIQUE : Doit-on perdre son mandat quand on change de parti ?

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S’il y a un débat qui fait coulé beaucoup d’encre et de salive ces derniers temps dans les milieux intellectuels et politiques dans notre pays, c’est bien le phénomène de transhumance de nos élus. Car, il n’est pas rare de voire dans notre pays un député changé, sans aucune conséquence notoire, de parti au cours de la même législature.

L’opinion nationale dans sa majorité se montre la plupart du temps sidérée en apprenant qu’un élu a quitté son parti pour un autre après des élections. La question qui se pose est de savoir : que faut-il faire pour endiguer ce phénomène qui porte sévèrement atteinte à l’image de notre démocratie ?
De toute façon, la majorité de l’opinion est plutôt favorable à une sanction de ces comportements jugés indignes d’un élu. Pour bon nombre d’entre eux, ce genre d’attitude relève, purement et simplement, d’une trahison flagrante des idéaux du parti d’une part, mais et surtout de la base qui a portée sa confiance sur ce dernier d’autre part.

En tout cas, le débat reste d’actualité à quelques encablures des échéances de 2007. Quand on sait aussi que la loi qui vient d’être révisée ne tranche pas la question.

Si nous regardons chez les occidentaux qu’on considère comme les champions en la matière, on se rend compte que de telles dispositions n’existent presque pas.

Par exemple dans la loi allemande il est dit ceci : « Les députés au Bundestag sont élus au suffrage générale, direct, libre et secret. Ils représentent le peuple dans son ensemble et ne sont tenus ni par des mandats ni par des instructions. S’il quittent leur parti ou en sont exclus, cela n’a pas d’impact sur leur mandat. Néanmoins, l’appartenance à un parti joue un grand rôle dans la pratique car les députés d’un même parti forment un groupe parlementaire (dans la mesure ou ils ont conquit un minimum de siège) qui influence sur le déroulement de la vie parlementaire». A la lumière de la loi électorale allemande, on doit on penser que le phénomène n’existe pas chez eux ou que les occidentaux n’ont pas vu ce comportement comme étant une dégradation de l’image du parlement. Les interrogations ne manquent pas à ce sujet.

L’enseignement qu’on peut tire est que cette disposition garantie quelque part une liberté fondamentale à savoir la liberté d’opinion. En prenant aujourd’hui une disposition qui oblige les élus à respecter scrupuleusement leur appartenance politique, ne va-t-on pas emmener ce dernier à perdre son droit d’opinion personnelle devant celle du parti ? L’inquiétude demeure là. Car, si on en venait à une instrumentalisation des élus, on serait devant une violation flagrante du droit fondamental relative à liberté d’opinion qui est une des caractéristiques essentielles de la démocratie. Mais le souci de préserver cette liberté ne devait pas en aucune manière laisser les uns et les autres à changer du jour au lendemain de parti. Sans vergogne.

Abdoulaye OUATTARA

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