C’est au micro d’un confrère de la chaine arabe Al Jazeera que le Président de la République du Mali, a levé toute équivoque sur sa candidature en 2018 pour un second mandat. Comme une trainée de poudre, la nouvelle a très vite fait le tour des réseaux sociaux avant d’atteindre sa principale cible, à savoir l’opinion publique nationale. Si pour les observateurs de la scène politique malienne, la candidature d’IBK n’est guère une surprise, pour bon nombre de citoyens, elle est prématurée et risquerait de plonger le pays dans une longue précampagne à 13 mois des élections. En « déclarant » sa candidature, IBK semble ouvrir la boîte à pandore dont l’Opposition va se saisir pour lancer ses charges sur son bilan. Toutes choses qui risqueraient de nous éloigner de l’essentiel : la gestion intelligente et résolue de l’Accord de paix. Les deux questions qui se posent. D’abord, pourquoi s’exprimer sur une question aussi importante à l’extérieur en primeur ? Ensuite, quel effet pourrait-il escompter en se précipitant à déclarer sa candidature ?
Au regard de son bilan, nombreux sont aujourd’hui ceux qui pensent qu’il a peu à gagner en se représentant pour un second mandat à la tête du Mali. Ils estiment au contraire qu’IBK devait renoncer à un second mandat. Ce faisant, il allait non seulement sortir par la grande porte de l’histoire, mais aussi et surtout, avoir le pardon et tous les honneurs de la part du peuple très tolérant du Mali. La sage décision de ne pas briguer un second mandat, si elle avait été prise par IBK, allait donner de lui l’image d’un homme d’Etat, qui reconnait n’avoir pas réussi, comme l’a fait son ami François Hollande en France. Avec cette déclaration de candidature et compte tenu de son bilan en deçà des attentes pour ce qui est de la crise du nord, principal motif de son élection, IBK a fini par convaincre ses derniers partisans qu’il ne cherche le pouvoir que pour lui et les siens mais pas pour résoudre les problèmes des maliens. Serait-il mal conseillé pour prendre cette décision ? Peut-être que oui, surtout quand on sait que parmi ceux qui rôdent autour de lui, très peu sont capables de lui dire autre chose que la grande majorité des Maliens est avec lui, hormis quelques « Hassidis ». Parmi ceux-là, le président du RPM, Bocari Tréta et le questeur de l’Assemblée, Diarrassouba, qui lui ont promis publiquement la victoire dès le premier tour. Au constat d’une tension sociale à son comble, d’une insécurité croissante et d’un horizon loin d’être dégagé, ceux-là ne seraient-ils pas que des marchands d’illusions?
En somme, l’expérience politique qui est la sienne, devrait permettre à IBK d’avoir la sagesse de renoncer à un second mandat, pour ne pas briser définitivement le mythe qu’il a incarnait jusqu’au 04 septembre 2013.
Youssouf Sissoko