La crise sécuritaire successive à l’attaque de Kidal et Ménaka et le massacre des militaires maliens à Aguel Hok a été un choc qui a finit par engendrer, en mars 2012, un putsch qui a entraîné une autre crise opposant le Mali aux bailleurs de fonds et sanctionnée par un embargo. A ces difficultés se sont ajoutées celles de l’opposition politique de deux camps (FDR-COPAM) qui ont mis la rue à ébullition et le citoyen dans le désarroi. En effet, c’est dans ce contexte de crise sécuritaire, économique et politique que les terroristes ont occupé la ville de Konna, menaçant de descendre au sud du pays. L’opération franco-malienne Serval fut salvatrice et la plupart des grandes villes du Nord (Gao, Tombouctou) étaient sous le contrôle de l’Etat malien. Après les élections présidentielle et législatives renaissait un souffle d’espoir, puisque les partenaires financiers avaient renoué leurs relations avec notre pays, mettant fin à un douloureux embargo et accordant au Mali des appuis financiers consistants. Plusieurs accords et conventions sont signés avec le Maroc et la Chine.
La désillusion
Les affaires relatives à l’achat de l’avion présidentiel et du contrat de matériels militaires ont vite fait de rattraper le pouvoir et de détériorer l’euphorie ambiante. Les PTF ont exigé des audits et l’opposition parlementaire a déposé une motion de censure qui ne pouvait passer. La visite du Premier ministre, Moussa Mara, à Kidal, en a rajouté à la crise, car, remettant en selle le MNLA, le HCUA et le MAA (fraction anti-gouvernementale) à Kidal et dans certaines zones du Nord. Il fallait négocier. Les pourparlers d’Alger, imposés dans ce contexte, suivent difficilement le cours normal auquel l’Etat voudrait lui imprimer, car la mauvaise foi des belligérants conduit régulièrement à une impasse. La libération du criminel Wadoussène finit par convaincre les Maliens que la France a joué un rôle important dans la problématique de Kidal. Notre pays se trouve à la croisée des chemins dans la mesure où le projet d’accord n’a pas convaincu une partie de la classe politique et de la société civile. En effet, entre les lignes, on lit une distinction nette entre les prérogatives des communautés du nord et celles du sud du pays. Les malades atteints du virus hémorragique à fièvre Ebola dans notre pays n’ont pas déclenché la psychose dans un pays où les populations ont rapidement appris à supporter stoïquement les crises sécuritaires, économiques et politiques. Un homme politique m’apprenait, le mois dernier, qu’un journaliste de RFI déclarait récemment « pour une fois une bonne nouvelle au Mali : Le virus Ebola est vaincu. »
B.D.