De la loi fondamentale en question: Dr Oumar MARIKO et Soumana SAKO: Deux pourfendeurs de la révision constitutionnelle

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Après 19 ans d’existence, la Loi fondamentale de notre pays va connaître un autre lifting. Le projet de Constitution qui sera soumis à l’approbation populaire des Maliens, divise profondément la classe politique. L’illustration se veut plus que jamais parfaite avec les curieuses prises de position de deux acteurs clefs du Mouvement démocratique. L’ancien leader estudiantin Oumar Mariko comme l’ancien Premier Ministre de 1992, Soumana Sako n’entendent pas jeter l’éponge dans d’eau après l’adoption le 2 aout dernier par l’Assemblée du projet de loi de révision de la Constitution. Le premier considère ce projet comme un coup d’Etat contre la démocratie. Et le second de manifester son ras- le bol dans une communication publiée dans le quotidien malien L’indépendant N° 2829 du vendredi 5 aout 2011. Pour Soumana Sako, « la procédure engagée par le Président de la République pour réviser la Constitution est antidémocratique ».

L’Assemblée Nationale du Mali, en sa séance plénière du mardi 2 aout 2011 a procédé par une majorité écrasante à l’adoption du projet de loi portant révision de Constitution : 141 sur les 147 députés de l’hémicycle ont voté pour, 3 ont voté contre et 1 abstention. Toute chose qui ne s’avère point surprenante. Au regard d’un pouvoir législatif plus enclin à se complaire que de jouer pleinement son rôle lui exigeant de contrôler l’Exécutif et s’opposer à ces projets de loi, lorsqu’il le faut.

Révision constitutionnelle, un putsch contre la démocratie
Pour le Docteur Oumar Mariko et ses 2 députés du Sadi : Moussa Combéré et Oumou Coulibaly, la partie n’est pas encore gagnée. Partie qui, ne sera peut être jamais gagnée. Sauf miracle, sinon, on pourrait dire déjà que les carottes sont cuites. Mais, le Sadi ne veut pas donner l’image d’un parti politique dont les cadres sont prêts des circonstances pour jeter leurs honneurs aux chiens. Avec une certaine liberté de ton, ces 3 opposants du Sadi sont à la fois décidés et déterminés. A la radio Kahyira, lieu qui abrite les conférences que le parti organise d’habitude, Oumar est monté sur ses grands chevaux. Histoire de démolir pièce par pièce un projet de révision constitutionnelle qu’il considère déjà comme « un coup d’Etat contre la démocratie ». Les députés, Sadi n’ont pas gardé leur langue dans la poche. Ils ne se sont pas non plus contentés de dénoncer le projet de révision constitutionnelle. Moussa Combéré et Oumou Coulibaly ont, au contraire, profité de l’occasion pour passer au crible certaines dérives autoritaires du régime du Président Amadou Toumani. 

Aussi le Dr Oumar Mariko, pourfendeur du régime de ATT et non moins candidat investi du Sadi aux élections présidentielles de 2012 a mis au cours de conférence de presse un accent particulier sur la situation chaotique que connaît le Groupe parlementaire Parena-Sadi. Groupe qui, s’est vu disloquer dès que le parti de Tièbilen Dramé(PARENA) a intégré le gouvernement de Madame Sidibé Mariame Khaïdama Sidibé. C’est dire que, le parti de l’Honorable Oumar Mariko n’est plus d’aplomb. Et pour cause : son parti n’a pas pu résister au vent de la transhumance politique avec le départ du député Mamadou Guido pour la Codem de Housseyni GUINDO (élu de la  capitale du Kénédougou). Donc, il s’avère impossible que ce petit parti fort de 3 députés seulement puisse animer un groupe parlementaire. La raison est toute simple. En effet, il faut 5 députés pour pouvoir le faire. 

D’autres sujets non moins brûlants ont été abordés par le Dr Mariko, au cours de la conférence de presse. En l’occurrence l’épineuse question des partants volontaires à la retraite et la situation dramatique des travailleurs de l’Huicoma qui traversent aujourd’hui encore des conditions de vie inadmissibles. Oui, le praticien Mariko est loin de s’ériger en  vendeur d’illusions. Comme l’écrivain français, Emile Zola dans Germinal, l’ancien leader estudiantin revendique et place toujours l’homme au centre de son combat politique qui cadre avec à la clé  la défense des libertés individuelles et collectives.

Quant à la révision constitutionnelle dont la loi a été votée au début de ce mois béni de Ramadan comme d’ailleurs celle du Code des personnes et de la famille renvoyé en seconde lecture par le Président de la République, l’élu de Kolondièba ne se perd pas en conjectures pour lâcher cette sentence. Pour lui, il s’agit d’un projet dont le dessein fantoche est bien connu. « Cette révision constitutionnelle ne peut être qu’un coup d’Etat la démocratie malienne », a-t-il martelé.

La procédure d’ATT est antidémocratique
De son côté, l’ancien premier ministre de la transition en 1992, le Dr Soumana Sako a lui aussi, réagi dans une communication écrite publiée vendredi dernier dans le quotidien l’Indépendant dans sa parution 2829. Zou pour les intimes, aujourd’hui porté à la tête de la Convention Nationale pour une Afrique Solidaire (C.N.A.S) ne cache en aucune manière son hostilité totale envers la révision constitutionnelle. Dr Sako, modèle de rectitude et de rigueur ignore tout de la langue de bois et n’est pas l’intellectuel habitué à négocier les principes. Selon lui, la procédure que le Président a appliquée est antidémocratique. Avant d’ajouter courageusement : « La désignation des experts au sein du Cari n’a obéit à aucun critère objectif de compétence, aucun des constitutionnalistes maliens connus et reconnus n’en faisait partie… », a-t-on noté dans l’article de Presse.

Innovations majeures
    Pourtant, au regard des insuffisances de la Constitution du 25 février 1992, quelques observateurs se montrent tout de même favorables quant au projet de révision. Dans cette nouvelle Loi fondamentale que le peuple attend de voir le sort qui lui sera réservé, figurent d’importantes innovations qui vont de la création du Sénat à la réorganisation de certaines institutions en République du Mali. En outre, la nouvelle Constitution donne d’amples précisions sur le statut de l’opposition et les différents Modes de scrutin. Signalons toutefois que l’article 30 est maintenu afin de limiter le pouvoir présidentiel à deux mandats de 5 ans chacun. Un autre point non moins important. C’est au chapitre de la Nationalité malienne pour les éventuels candidats à la Magistrature suprême que la future Constitution malienne, apportera quelques innovations ou modifications.

La facture est salée
Après 19 ans d’existence, la Constitution malienne votée au référendum du 12 janvier 1992 va connaître un autre lifting. Et la languissante question que l’on se pose est e savoir si le projet de révision réussira t-il à séduire la majorité des électeurs maliens appelés à se prononcer par référendum. En attendant la date et la tenue, rien de moins sûr au vu des débats houleux qui agitent la société civile et l’opposition politique. Sur toutes les lèvres les critiques vont bon train et le cercle des contestataires  s’élargit jour après jour.

Peut-on évoquer cette facture salée ? Ce deuxième référendum en plus des élections générales de 2012 de l’histoire de la démocratie malienne coûtera à l’Etat malien la bagatelle de 48 milliards de nos francs dont une dizaine pour la révision constitutionnelle. Et cela, en dépit du double soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie pour le toilettage du fichier et de l’Afrique du Sud qui a pris en charge la fourniture de matériel électoral de qualité. Le peuple tient à l’œil les prédateurs des finances publiques.
Par Moussa Wélé Diallo

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