Quoiqu’orgueilleuses, certains nationalistes prétendus sont obligés, par faiblesse, d’avaler leur chapeau de révolté, pour tendre la main. Elles sont dans ce schéma,assujetties aux règles dictées par ceux qui leur donnent. Cettesentence sied bien au Président Ibrahim Boubacar qui, après avoir incongrument tout tenté, s’estretrouvé dans une situation financière ne lui permettant guère de tenir tête à Paris qu’il aurait préféré bouder dans d’autres circonstances.
Après les discours, c’est un IBK bien conscient de la position stratégique que détient la France dans le dossier malien après avoir orchestré une crise de toutes pièces. Notamment, quand il s’est agi de demander des résolutions au niveau du conseil de sécurité pour le Mali, c’est Paris qui est allé devant. Quand il s’est également agid’organiser une conférence de donateurs en main 2013 en faveur du Mali à Bruxelles, c’est Paris encore en tête.
Le concernant, avant de parvenir au pouvoir, Ibrahim Boubacar Keïta que les Maliens prenaient pour un homme à poigne, paraissait nationaliste autant que ses prédécesseurs.L’on se rappelle de sa mélancolie face au déploiement en vue des forces étrangères sur le sol malien au lendemain du putsch de mars 2012. Etait-il véritablement sincère ? Rien n’est moins sûr, car24 mois après son accession au pouvoir, IBK dont le discours varie en fonction de l’auditoire peine à prendre ses responsabilitéspour se fixer un cap assez clair.
Mais tout ceci peut bien avoir une explication : En venant aux affaires, celui qui est élu pour sortir son pays de la crise avait déjà des atouts qu’il a préférédélaisser pour se « frayer le chemin », selon sa propre expression. Non seulement il trouvait toute la communauté internationale (à commencer par la diplomatie sous régionale) autour du dossier Mali, mais aussi, la transition qui venait de lui laisser la placeétait parvenue à un accord qui permit de tenir des élections et de déployer l’armée maliennedans des zones septentrionales du pays autrefois. En outre, une conférence de donateurs tenue à Bruxelles en 2013 avait permis à la transition de léguer au régime qui venait de s’installer une pluie d’argent à s’en servir pour remettre le pays sur les rails.Il faut dire qu’à cestade, les indicateurs laissaient les Maliens sentir le cauchemar s’estomper en attendant la finalisation du processus par les nouvelles autorités. Et avec pour missions, réconcilier les Maliens, ramener la paix définitive et orienter le pays vers un développementharmonieux.
Fier de son plébiscite ( ?), tout autonome avec un pays largement assisté, le Président Keïta décide dès son installation de redresser la barre du navire Mali avecune stratégie particulière. Autrement, fermer les yeux sur le climat dans lequel il est élu pour renforcer les acquis et suivre la voie tracée par son prédécesseur, IBK décide de délocaliser le processus des pourparlers inter maliens. Une situation qui a froissé la diplomatie sous régionale qui vit en cela, un souhait d’IBK de lui retirer les mérites de bon médiateur. Dans la sous-région, certains chefs d’Etat se méfient de l’homme et modèrent leur engagement autour du dossier qui chutera, contre le gré de Paris, entre les mains algériennes.
Concernant les 3.2 milliards d’euros promis par les bailleurs de fonds, ce fut un désaveu. Les bailleurs de fonds décidèrent cependant, face aux folles dépenses orchestrées par le régime, de financer directement des projets à travers le pays.Pour les partenaires, le mode de Gouvernance instauré par le régime ne leur offre aucune garantie pour virer des fonds colossaux dans les caisses de l’Etat malien.
Assailli par l’option adoptée des partenaires, le Président Keïta a plus d’une fois tenté de résister. En prélude, il met la France en cause pour avoir refusé le redéploiement avant dialogue d’importantes unités de l’Armée à Kidal. Les lendemains ne lui seront pas faciles avec des révélations que des médias français feront sur ses relationsoccultes avec une mafia corse. En plus, après son refus de retourner à Ouagadougou,sur le plan diplomatie, c’est le ministre français des Affaires étrangères qui l’accusera de n’avoir « rien fait pour ramener la paix dans le nord du Mali ». Entre Bamako et Paris, les relations tournent à la méfiance. Pis, lorsque Moussa Mara effectuait sa visite risquée à Kidal, c’est avec un « oui » probablement acquis de Paris qui voyait en l’initiative, la volonté malienne de récupérer la région sans engager des pourparlers tel que prévus dans l’accord préliminaire.
A la signature de l’accord d’Alger à Bamako, Paris n’a daigné envoyer ni son ministre des affaires étrangères ni celui de la Défense. C’est une secrétaire d’Etat qui représentera Paris.
Cinq mois après la signature de l’accord d’Alger, Paris qui ne veut pas froisser Alger, n’accorde manifestement pas grand crédit à leur document.A l’épreuve, Bamako est en mal de mettre son accord en œuvre, pour faute de moyens. Il s’agit en clair d’un accord qui prévoit d’importants projets de développement du nord du Mali avec du début à la fin, des reformes intentionnelles et administratives à entreprendre.Chose qui rend Bamako nécessiteux et oblige son homme fort à oublier ses grands discours de révolutionnairetenus durant les 24 derniers mois. Au terme, c’est un IBK presque désavoué à Bamako qui se retrouve à Paris. L’occasion sera aussi pour lui, de tendre une énième fois, la main à Pari et à ses amis européens, américains t asiatiques. Mais, une chose est claire : Paris qui ne veut pas d’une autre crise au Mali, tente de donnerune énième fois, un coup de pouce au Président malien.L’occasion lui permettre de se rapprocher de Paris après une longue période de mini crise. Ce sera également la dernière chance pour IBK, dont le mythedu personnage s’effondre de jour en jour
HABI SANKORE
Source : LESOFT