Le gouvernement du Mali organise en 2012 les élections présidentielles et législatives. L’attente de notre Peuple est d’avoir, pour une fois, des élections propres, transparentes, crédibles et sincères. La CENI est chargée selon la loi électorale N 06-044 du 04 septembre 2006 de la supervision et du suivi des élections législatives, présidentielles, communales et des opérations référendaires.
Cette année, le Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales s’est engagé systématiquement dans des manœuvres visant à exclure les Partis Politiques de l’Opposition dans la mise en place de la CENI. Les preuves de cette exclusion nous ont été données le 04 aout 2011à travers le courrier N1898 MATCL/SG adressé au président du Parti SADI lui demandant de lui communiquer avant le 20 aout 2011 le nom d’un représentant de son parti devant siéger au sein de la CENI.
Cette correspondance est survenue suite au constat d’échec des négociations entre la majorité et l’opposition par rapport à l’interprétation du partage équitable des dix sièges revenant aux partis politiques.
Nous rappelons que le 31 juillet 2011, l’opposition, à travers une correspondance adressée au Ministre de l’Administration Territoriale avait établi la responsabilité de la majorité dans l’échec des discussions en ne voulant pas se départir de sa conception mécanique de la répartition équitable en maintenant sa position de 9 sièges pour la majorité et 1 pour l’opposition. L’Opposition a rappelé au Ministre que malgré la justesse de ses arguments elle avait accepté de faire des concessions douloureuses pour sortir de l’impasse délibérément créée par la majorité.
Malheureusement ses efforts se sont heurtés à l’intransigeance de la majorité qui ne voulait rien céder. C’est pour cette raison qu’elle a maintenu sa liste devant siéger à la CENI, déjà déposée dans les délais le 15 juillet 2011. Par la même occasion elle a rappelé au Ministre que la majorité n’ayant pas déposé sa liste le 15 juillet 2011 était frappée de forclusion conformément à l’article 7 de la loi électorale.
Notre grande surprise a été de constater qu’au lieu de prendre ses responsabilités comme il l’avait pourtant promit le 28 juillet 2011, en tranchant le différent entre l’opposition et la majorité, en appliquant l’esprit et la lettre de la loi électorale, le Ministre Kafougouna KONE avait déjà pris « ses responsabilités». Il s’agissait visiblement de créer la division entre SADI et les autres partis de l’opposition, allant même jusqu’à agiter le fait qu’il y’avait d’autres listes de l’opposition déposées sur sa table. Déjà, l’opposition avait senti le coup que préparait le Général Kafougouna, le Parti SADI a répondu à sa correspondance le 04 aout 2011 en exprimant son étonnement de voir le Général Kafougouna Koné imposé le même quota (9/1) que la majorité, ce qui entachait gravement sa crédibilité.
Le débat télévisé du 14 août 2011 a relancé la question de la répartition au sein de la CENI à travers l’implication de la société civile pour un règlement politique de la crise. Cette implication, vivement souhaitée par l’opposition a même obtenu la bénédiction du Ministre de l’Administration Territoriale qui a annoncé publiquement qu’il attendait leurs conclusions pour mettre en place la CENI.
Contre toute attente, le Ministre de l’Administration Territoriale n’a pas attendu les résultats de cette médiation de la société civile. Il a décidé de faire passer en contrebande un projet de texte lors du Conseil des Ministres du mercredi 7 septembre 2011 portant mise en place de la Société civile. Le Ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales a pris sur lui la responsabilité d’écarter l’opposition de la CENI en octroyant les dix sièges à la majorité gouvernementale en violation flagrante de la loi et de la volonté notre Peuple.
Ce que l’opposition malienne exige, c’est le respect de la loi en son article 4 qui stipule que les dix membres seront désignés par les partis politiques suivant une répartition équitable entre les partis de la majorité et ceux de l’opposition. La loi ne dit nulle part que le Ministre de l’Administration peut de son propre chef fabriquer un représentant de l’opposition. Cependant, le Général Kafougouna Koné s’est permis de mettre le nom d’un certain Moussa Konaté sur la liste des membres de la CENI, un des ses hommes de main, transhumant politique de haut niveau ayant trainé sa bosse au Parti Ecologiste pour l’Intégration (PEI), puis au Parti Ecologiste du Mali, ensuite au PSD avant d’atterrir au PDES dont il est coordinateur à Lakamané dans la région de Kayes. Il faut préciser qu’il est le Représentant permanent du Général Kafougouna Koné à la CENI. A cet égard, son état de service est édifiant. A tous les coups d’Etat planifiés par le pouvoir pour exclure l’opposition à la CENI, on le voit sortir du chapeau de Kafougouna Koné. C’est ainsi qu’il a été membre de la CENI en 2007 et en 2009. Il est incontestablement la carte maitresse de Kafougouna Koné dans sa stratégie de provocation policière et d’infiltration des structures indépendantes comme la CENI. Au regard de son parcours, il n’est pas étonnant de constater que le Ministre de l’Administration Territoriale viole allègrement l’article 6 de la loi électorale qui stipule que les choix des membres de la CENI doit respecter les critères de probité et de bonne moralité.
Allons-nous accepter encore une fois une CENI sans les Partis de l’Opposition ? Une CENI dans laquelle la société Civile n’est que l’ombre d’elle-même, car le bureau a été mis en place par la majorité avant la fin des négociations entreprises par la société civile et avant même la prise du décret !
Nous prenons le Peuple malien à témoin et informons l’opinion internationale que cette démocratie est gravement menacée par le Gouvernement et sa majorité.
Compte tenu de tout ceci et du fait que l’opposition malienne est le seul espoir pour notre Peuple de sortir du complot élaboré par ceux qui nous gouvernent et ceux qui les soutiennent, les partis politiques de l’opposition déclarent :
1- La crise actuelle et toutes celles qui seront provoquées cette année préélectorale sont consciemment orchestrées, alimenté et entretenues par le Gouvernement et les Partis qui le soutiennent. Le Peuple malien doit réussir la présente mobilisation pour remettre l’opposition dans ses droits car cette première tentative est le test initial auquel le gouvernement soumet le Peuple comme la répétition générale de ce qui se prépare autour du fichier électoral, du referendum, des cartes d’électeurs et des élections générales. Nous devons réussir cette première mobilisation ou nous mettre à genoux !
2- la CENI ne peut être prise en otage par la majorité et son gouvernement. Nous voulons contribuer à rendre les élections de 2012 transparente. Notre démocratie mérite véritablement d’être exemplaire en organisant des vraies élections et éviter le passage de témoin dans des conditions sombres. Nous devons redorer l’image de la politique et des hommes politiques combien ternie par toutes ces années « par terre » ;
3- L’exécutif actuel et sa majorité ont d’autres priorités : chacun souhaite être le mieux placé pour gagner dans la fraude et la confusion qui caractérisent les élections maliennes. Les autorités préfèrent distraire la classe politique sérieuse et créer en même temps les conditions idoines de la fraude à grande échelle favorisée par les élections précipitées, chaotiques car organisées sur la base d’un fichier taillé sur mesure pour rééditer les fraudes scandaleuses de 1997, 2002, 2004, 2007 et de 2009. Nous ne laisserons pas l’argent, l’intimidation, les jeux d’influence et le chantage primer sur la transparence et la crédibilité des élections.
4- Le Ministre de l’Administration Territoriale doit mettre l’intérêt de la Démocratie et de notre pays au dessus des intérêts partisans et claniques. Il doit appliquer la loi 06-044 du 04 septembre 2006 dont l’esprit et la lettre imposent une représentation équitable entre la majorité et l’opposition.
5- la CENI n’est pas le lieu pour récompenser ceux qui ont voté les reformes constitutionnelles inopportunes.
6- Le problème de la représentation de l’Opposition à la CENI ne sera pas réglé par la création d’une opposition sur mesure créé de toute pièce et qui ne représente que le Ministre de l’Administration Territoriale. Cette manœuvre combien de fois utilisée au Mali ne passera pas cette fois-c i ! Cette tentative permettra au gouvernement et aux partis la majorité d’avoir dix (10) représentants à la CENI contre 5 de la Société Civile qui sera réduite à sa plus simple expression au cours des prises de décision.
7- Les voies de recours existantes seront sollicitées. Nous mettrons dans cette bataille toute notre énergie et notre détermination pour que le Mali approfondisse sa démocratie et fasse échec aux comploteurs.
Bamako, le 11 septembre 2011
Les Partis Politiques de l’Opposition :
UNPR, BARA, CNU, ADCAM, SADI, CD, MPLO,RJP