Crises au Mali : L’orgueil mal placé de la COPAM et de ses alliés

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Les islamistes qui occupent les régions du Nord du Mali « ne font pas dans la dentelle » : depuis l’invasion et le contrôle de ces zones, ils coupent des mains accusées d’avoir chapardé ovins ou volailles, lapident des femmes suspectées d’avoir commis l’adultère, égorgent des couples constitués en union libre. Et tout cela se déroule sous l’œil des caméras du monde entier.

Younouss Hamèye Dicko,(C) président par intérim

A côté de ces amabilités, les coups de cravache administrés aux alcooliques  et autres habitués des débits de boisson relèvent de la plaisanterie. Même les destructions répétées des mausolées et des lieux saints appartenant au patrimoine mondial de l’UNESCO sont devenus anecdotiques. En réalité, ces intégristes qui promènent sous leurs djellabas des kalachnikovs aussi longues que leurs barbes et dont les responsables viennent des oueds oubliés de l’Algérie, sont en train d’humilier le peuple malien et de narguer les Africains en installant, au milieu du Sahara, l’enfer tel que l’ont décrit les livres saints.

 « Seuls les imbéciles ne changent pas », disait l’autre

La crise malienne était confrontée à un orgueil mal placé de bien de Maliens, notamment la COPAM et ses alliés. Heureusement que la plupart des Maliens  sont revenus sur leur position initiale den refusant toute intervention extérieure dans leur pays. Mais rien n’est encore gagné si l’on s’en tient à la marche de protestation de « la bande à Mariko » (la COPAM) se tenant les bras et hurlant toute leur haine face à la CEDEAO : « Nous n’avons pas besoin de la CEDEAO ici !  Nous ne voulons voir aucun soldat de la CEDEAO dans notre pays ! Qu’ils libèrent nos armes bloquées dans les ports de la sous-région et nous combattrons ! ». Mais pourquoi aime-t-on  tant le ridicule en Afrique? Malgré tout, les Maliens sont restés  bras croisés, soulevant des débats stériles, sans queue ni tête,  et prétendant à la souveraineté jusqu’à ce que les Islamistes prennent le contrôle d’une grande partie du pays (pas seulement le Nord, comme on a tendance à le croire), détruisent des mausolées, coupent des mains et des pieds et se mettent à présent à fusiller de prétendus « criminels » ainsi condamnés avant tout procès. Et c’est alors à ce moment seulement que ces mécontents de la COPAM vitupèrent contre la CEDEAO ! Ceux qui ont été formés avec l’argent des contribuables maliens pour se battre et protéger le pays ont fui et déserté les casernes dès les premières rumeurs annonçant l’arrivée des « fous de Dieu ». Les professionnels de l’armée, hauts gradés, officiers et sous-officiers se sont dès lors terrés Dieu sait où,  laissant dans le désarroi total de pauvres soldats qui n’ont eu d’autre choix que de prendre leurs jambes à leur cou. Et maintenant, ils osent protester contre la venue des « étrangers » des pays de la CEDEAO, donc des frères africains ! Ne les reconnaissent-ils plus? A quoi sert alors de faire partie d’une organisation sous-régionale comme la CEDEAO si elle ne peut aider un de ses pays membres qui traverse une grave crise,  ne serait-ce que pour limiter les dégâts déjà énormes causés par ceux qui ne sont guidés que par leurs seuls intérêts égoïstes ? A quoi cela sert-il de se dire voisins, pays frères, amis, Africains si on laisse brûler la case voisine sans intervenir ? Par nature, un feu se propage très rapidement. Doit-on attendre donc que ces « fous de Dieu » envahissent d’autres pays de la sous-région pour réagir ? Que vient faire cette notion d’orgueil et de fierté foireuse dans une situation de vie ou de mort ? Si ces opposants à toute intervention extérieure étaient lucides, ils auraient trouvé une solution avant même que cette crise ne nous tombe dessus.

Lorsque des vies humaines sont en danger que des êtres humains meurent de faim, de maladies et d’exactions de toutes sortes, il n’y a plus de temps à perdre en discours stériles et inutiles : il faut tout simplement réagir aussitôt, après, on verra. Lorsqu’un feu se déclare, on court chercher de l’eau pour l’éteindre tout de suite avant qu’il ne se propage, et on ne réfléchit pas au coût de cette eau. Si « l’incendie » (crise) qui ravage actuellement le Mali peut être éteint par de « l’eau » venant du Niger et des autres pays voisins, alors, laissez passer les « pompiers », chers frères et sœurs maliens. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’à elle seule, la CEDEAO ne peut rien : d’ailleurs, elle avait déjà déposé les armes avant même de les prendre. D’atermoiements en tergiversations à propos des moyens dont elle disposerait pour équiper et mobiliser les troupes (on a entendu nos différents responsables demander l’aide de la France), il est probable que depuis la dernière Assemblée générale de l’ONU, une intervention se fera sous le mandat de l’ONU avec une aide logistique de la France et des États-Unis. Propulsés au devant de la scène publique par la médiocrité du régime ATT, la COPAM et ses alliés sont plutôt préoccupés par la course au pouvoir et la plupart de ses cadres influents se livrent plutôt entre eux à une bataille féroce tout en donnant l’air de coexister pacifiquement. En fait, rien ne les intéresse si ce ne sont les rentes, prébendes et autres avantages liés à la jouissance du pouvoir. Les images macabres de mains et de pieds coupés, de femmes lapidées et d’hommes égorgés peuvent leur arracher de temps à autre des « larmes de crocodiles », mais ils sont à mille lieux de s’en soucier. En réalité, tous s’entendent pour ne rien faire.

Brandie au départ comme un impératif non négociable, la reconquête des territoires perdus est devenue accessoire. Déclarée incontournable il y a quelque temps, la guerre relève désormais de la « solution ultime ». D’ailleurs, pour justifier l’éternité que prend le déclenchement de cette action, le triumvirat en branle (Sanogo-Mariko-Younouss) affirme que le pays n’a nullement besoin de troupes étrangères pour reconquérir le Nord et que forts de leur connaissance du terrain, les braves soldats maliens n’ont besoin que d’appui et de logistique de la communauté internationale pour faire le travail. Mais tout le monde sait, à commencer par eux-mêmes, qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’une rhétorique sahélienne car l’armée malienne, déséquilibrée, mal entraînée et humiliée par les rebelles, n’a que son corps d’élite pour être à même d’apporter une réponse conséquente à la crise. Mais cette élite est faible en nombre et est essentiellement composée de Bérets rouges, les para-commandos longtemps chouchoutés par l’ancien Président et aujourd’hui tombés en disgrâce. Accusés d’avoir orchestré une tentative de contrecoup d’Etat, ils continuent d’être traqués et massacrés. Ces parachutistes éliminés, il ne reste désormais que des fantassins sur le terrain qui sont déterminés à défendre les avantages qu’on leur avait octroyés. Dans ce cas, on ne peut guère compter sur leur patriotisme pour aller au front. Et  pourquoi le feraient-ils d’ailleurs ? Depuis neuf mois, les choses sont restées en l’état : sous l’impulsion de leurs chefs, ils participent aux différents « business » qui alimentent désormais l’économie de la guerre. Dans cette logique, la présence d’une armée étrangère au Mali ne serait que catastrophique : non seulement elle risque de tout mettre à nu, mais aussi  de provoquer la fin du statut quo. Or une telle perspective n’est pas inscrite dans l’agenda élastique des prétendus « maîtres  incontournables » de Bamako, calculateurs, égoïstes et complices du massacre d’un peuple qui, depuis des décennies, était déjà le souffre-douleur des différentes politiques dites de développement.

Jean Pierre James

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