Crise sociopolitique au Mali : Le diagnostic de Moussa Sey Diallo de l’Urd

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Dans une de ses réflexions intitulées : “Le Mali, un pays dans un perpétuel recommencement”, Moussa Sey Diallo, conseiller communal élu sur la liste Urd en commune I du district de Bamako, a posé un diagnostic sans complaisance de la situation sociopolitique de notre pays.

Selon le conseiller communal, Moussa Sey Diallo, les Maliens parlent de paix, d’union et de cohésion sans y croire réellement. Et cela depuis l’indépendance de notre pays. “Lorsque l’Us-Rda est arrivée au pouvoir, sa politique a exclu tous ceux qui n’étaient pas avec elle. Les militants du Psp ont été bannis, combattus. Mais eux aussi étaient dans une posture d’affrontement. Personne n’a œuvré dans le sens de l’union sacrée sincère pour bâtir réellement une nation forte. Chacun croyait l’autre incapable”, a-t-il rappelé.

Et de poursuivre qu’à l’avènement du régime militaire en 1968, tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec les militaires ont été combattus y compris ceux qui ont été cooptés par eux et qui se sont mués et se sont tus. En 1991, les pères de la démocratie ont affronté avec acharnement les partisans de l’ancien régime. Et ceux qui avaient pu se refaire sous le nouveau régime n’ont jamais su assumer leur passé. “Au Mali on saute toujours d’un point à un autre. On ne mesure jamais les conséquences. On ne résout jamais les problèmes. Chacun se conforme ou se repositionne, pour juste pouvoir survivre. Alors, de conformisme en repositionnement, on enfonce avec certitude la patrie”, a laissé entendre Moussa Sey Diallo.

A ses dires, les années de l’indépendance été les meilleures et celles-ci n’ont-elles pas eu des insuffisances ? ” Cela personne ne le diagnostiquera. Elles l’ont été, c’est tout, rien à retenir, avançons, c’est du passé. Les militaires ont réussi à redorer le respect du Malien. Comment l’ont-ils réussi ? On en parle chaudement, en bon supporter, dans les grins, et voilà c’est dit “, s’est-il interrogé.

Pour lui, la démocratie est une déchéance totale dit-on au Mali, mais on oublie volontairement qu’elle a apporté la liberté d’expression, le multipartisme, l’alternance au pouvoir. Il ajoutera qu’elle est à parfaire et à faire évoluer. ” Mais non, on ne pense pas à cela, on la rejette brutalement et l’ont choisi l’inconnu. C’est cela le Malien. Ils parlent tous ensemble, croyant être ensemble. Malheureusement, ils ne s’entendent point parce que personne n’écoute personne “, a-t-il déploré.

A le croire, le président Modibo Keïta a été un des célèbres pères fondateurs de l’unité africaine et il a été même le leader qui a inventé la désignation “les non-alignés” sur la scène internationale, mais pourtant il est mal connu internationalement, et même peu cité dans les discours. “Amadou Hampathé Bah a été un grand penseur malien, qui est souvent pris comme sénégalais. Une fois même le président IBK a été obligé d’appeler la radio RFI pour faire comprendre qu’une citation célèbre de l’écrivain était bel et bien malienne. Le Bogolan malien est aujourd’hui attribué plus à la Côte d’Ivoire. Le Dabléni est plus connu comme Bissap. Le Mafê, est plus utilisé que le tigadêguê à travers le monde. Actuellement, le dozo est plus prononcé que le donso sur les médias internationaux”, a précisé l’élu communal.

De son analyse, le Mali n’a plus aucune hauteur, aucune influence et aucune grandeur, il est devenu un symbole de déchéance et de perturbation. Pourtant, dit-il, les Maliens se vantent encore d’être les dignes héritiers de “nobles bâtisseurs d’empires”, un peuple qui ne se connait même plus.

Et d’ajouter que des populations qui formaient presqu’une nation ont vu celle-ci se fragmenter parce que la religion ne fédère plus les Maliens et les passerelles sociales se sont effritées.

En effet, il précisera que les Sarakolé se cramponnent entre eux, sans véritablement résoudre leurs problèmes endogènes, les Malinkés et les Bambaras continuent de minimiser les Peulhs et tous ces autres du nord sans aucune raison et sans pouvoir se comprendre. Ainsi, les Peulhs se croient parfaits et plus nobles en ne se basant que sur du superflu. Aussi, dit-il, le Sonrhaï se recroqueville et pense que tout peut se gérer avec et dans sa communauté. Et, les Tamasheq se croient exceptionnels et veulent que tous travaillent pour leur seul bonheur ; les Dogons qui étaient parmi les ethnies les plus sages, les plus pacifistes se sont transformés en une communauté belliqueuse, constamment énervée. En conséquence, les Maliens ont décidé de disloquer leur patrie parce que quelques individus trouvent leur compte dans cette cacophonie.

“Quand les autres valorisent leur nation, modernisent leur pays, renforcent leur union pour mieux rentrer dans la mondialisation pour pouvoir convenablement tenir, et pour y trouver leur part, le Malien casse son collectif, parce que chacun veut sa part individuelle. Le Malien dévalorise le savoir, désacralise le respect, et démystifie le patriotisme. Les Maliens s’excluent, s’affaiblissent et affaissent leur pays. Cela fait mal, mais c’est cela qui se fait, malheureusement au vu et au su de tous les Maliens”, a-t-il conclu.

                          Boubacar PAÏTAO

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