La coalition politico-religieuse qui réclamait jusqu’ici la démission du président et de son régime est revenue à de meilleur sentiment, du moins en apparence. En effet, depuis le passage d’une certaine mission de la CEDEAO, la fronde incarnée par Mohamoud Dicko a revu en baisse ses priorités en proposant dans un mémorandum rendu public le 1er juillet, lors d’un point de presse, un gouvernement de transition, assorti de certaines conditions, dont la dissolution de l’Assemblé nationale et le renouvellement intégral des membres de la Cour constitutionnelle. Et ce n’est pas tout. Si IBK reste à Koulouba, il sera selon l’esprit dudit mémorandum un Président honorifique dépourvu de ses prérogatives constitutionnelles. Et pour cause, tenez-vous bien. En plus de la mise en place d’un organe législatif de transition, le M5 réclame le privilège de choisir un Premier ministre sans possibilité au président de la République de le démettre de ses fonctions que dans les conditions prévues par la Charte de transition. Le premier ministre toujours selon le mémorandum du M5, nommera aux hautes fonctions nationales, notamment dans l’administration, au niveau de la justice, et des Forces armées et de sécurité. Voilà qui n’est pas acceptable aux yeux des partisans du régime IBK, notamment les deux pôles politiques de la majorité présidentielle (Ensemble Pour le Mali, Action Républicaine pour le Progrès) et la Convergence des Forces Républicaines (CFR). Ils ont réagit respectivement, à travers des communiqués de presse. Et pour cause, pour les acteurs du M5 qui menacent de battre le pavé à nouveau, ce mémorandum est à prendre ou laissé.
En effet, pour les Partis et Regroupements Politiques de la Majorité Présidentielle, présidé par Bokary Tréta, président du Rassemblement Pour le Mali, le mémorandum du M5 contient des propos inacceptables qui s’apparentent davantage à un schéma de conquête du pouvoir par des voies non constitutionnelles que de propositions réelles pouvant aboutir à l’apaisement du climat social et à une sortie de crise. En conséquence, ils ont réaffirmé leur soutien au Président et aux Institutions de la République tout en restant disponible au dialogue pour une sortie de crise.
L’ARP (Action Républicaine pour le Progrès) dirigée par Tièman_Hubert Coulibaly, président de l’UDD, a également privilégié le dialogue. Toutefois, il a qualifié les propositions du M5 « contraires aux valeurs de la République ». Et, il a mis en garde contre « toute action qui s’apparenterait à un pronunciamiento et une mise à bas de la République ».
Déjà engagée contre les revendications du M5, la Convergence des Forces Républicaines (CFR), a pour sa part dénoncé les propositions de Mohamoud Dicko et alliés sur fond de contradiction avec la démocratique, la constitution et les valeurs de la république. Ces propositions à ses yeux en effet, ne sont ni plus ni moins qu’une tentative déguisée de coup d’État et un appel à la violence. Réitérant son soutien indéfectible aux institutions de la République, le directoire de la CFP a au passage appelé ses militants et sympathisants à se tenir mobilisés pour barrer la route aux fossoyeurs, sans préciser la démarche à suivre.
Bill Carson