Crise socio-politique : À présent, que doit faire IBK ?

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«Il ne faut être ni maître, ni esclave, ce peuple un jour brisera ses fers et reprenant tous ses droits écrits dans les lois de la nature, apprendra à ses tyrans ce que peut l’union d’un peuple trop longtemps opprimé et éclairé par une saine philosophie.» (Olympe de Gouges).

S’il y a aujourd’hui l’unanimité des Maliens autour d’une question au Mali, c’est bien celle de la gouvernance catastrophique d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

En effet, après le presque plébiscite de l’homme lors de l’échéance électorale de 2013, l’espoir de tout un peuple s’est émoussé au fil des ans quant à la gestion de ses affaires par celui qu’il croyait être l’homme de la situation. Bien de gens espéraient trouver en IBK la solution à leur désespoir résultant de la gestion calamiteuse des affaires du Mali par les ‘’démocrates’’ qui avaient remué ciel et terre, interrogé mages, devins, jeteurs de cauris pour que le général Moussa Traoré démissionne. Celui-ci, au lieu de démissionner, a préféré s’accrocher à son fauteuil qui devenait de plus en plus inconfortable à occuper. La suite n’a échappé à personne: Moussa Traoré est tombé, le 26 mars 1991.

Immédiatement, le vent de la démocratie a soufflé à toutes les portes et fenêtres de chaque Malien sans pour autant toucher à son mieux-être. Hélas ! Cet espoir fut de courte durée au regard du premier quinquennat du président Alpha Oumar Konaré.

Au second et dernier mandat de celui-ci, en ‘‘démocrate bon teint’’, il a enfermé tous les politiciens dénonçant sa gestion parcimoniale de nos affaires. En lieu et place des responsables du Collectif des partis politiques de l’opposition (COPPO), voilà un candidat sorti de terre pour amuser la galerie et accompagner Alpha Oumar Konaré à l’élection présidentielle de 1997. C’était Mamadou Maribatrou Diaby (paix à son âme). La leçon qu’on a tirée de la gouvernance d’Alpha Oumar Konaré est qu’il a trahi le peuple malien en l’engageant sur la voie de la farce démocratiste au lieu de servir honorablement le Mali en reconnaissant que plus de 220 Maliens sont morts pour l’avènement de la démocratie pluraliste.

Pour dire sans ambages que la démocratie est très mal partie avec Alpha Oumar Konaré. Le corollaire de cette gestion calamiteuse était que le peuple malien a regretté la chute de Moussa Traoré, non pas parce que celui-ci était bon (tout sauf cela) mais parce que Alpha Oumar Konaré a déçu et trahi le cri de cœur des masses réunies dans le mouvement ‘’démocratique’’ de 1991.

Quelles furent les clauses entre Alpha O. Konaré et Amadou Toumani Touré (ATT), en 2002 ? Il faut être dans les secrets des diables et des sorciers pour les connaître. On savait une seule chose: le tour de passe -passe entre les deux hommes consistant pour ATT à rendre le pouvoir à Alpha Oumar Konaré à la fin de la transition avant de le reprendre en 2002. La seule certitude à l’époque pour tout observateur averti, c’était qu’après Alpha c’est bien ATT qui sera le locataire de Koulouba.

Comme par effet d’entraînement, la gestion des affaires de la nation par ATT a tout simplement surpris et déçu l’écrasante majorité des Maliens qui disaient qu’ils étaient prêts à mourir pour cet homme.

Pour triste mémoire, vingt-trois (23) jeunes du Mouvement Citoyen sont allés se tuer dans un accident de circulation pendant qu’ils revenaient de l’inauguration du pont de Wabaria (Gao). Allez savoir si les veuves de ces jeunes ont reçu des logements sociaux promis par ATT ! C’est bien cette déception populaire qui expliquait en quoi le coup de force contre le régime conteur du général était salutaire.

En effet, à la tête de soldats patriotes, le capitaine Amadou Haya Sanogo a chassé du pouvoir le Général. Malheureusement (comme si un mauvais diable avait maudit le Mali), celui-ci n’a pas pu engager ce que le peuple attendait de lui: la traque de la classe des politiciens pourris et souillés par les actes dont ils ont fait montre. Par l’appui de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Sanogo est tombé dans le trou que ces politiciens ont creusé devant lui.

Sans savoir qu’IBK en qualité d’homme politique est forgé par le même moule de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour solidarité et la justice (ADEMA-PASJ), le capitaine Sanogo et compagnons ont secoué tous les cocotiers pour qu’il soit aux affaires. On peut même dire sans risque de se tromper que sans eux, Ibrahim Boubacar ne serait pas à Koulouba.

Le premier mandat d’IBK à la tête du pays a démontré à la face du monde que cet homme ne peut opérer le moindre changement souhaité par son peuple. Pendant ce temps de pilotage à vue, le religieux a progressivement pris place sur le terrain de la politique et cela de façon ouverte. Cela se comprenait aisément au regard du rendement peu honorable des ‘’démocrates’’ qui ont vite fait d’oublier que des enfants du Mali sont morts pour l’avènement de la démocratie multipartiste à l’avantage de tous.

Aujourd’hui, dans une union hétéroclite, des politiciens s’associent avec des religieux pour dire à IBK de rendre sa démission. Mais à qui ? Ils n’en ont pas dit le moindre mot. En tout cas pas à la Cour constitutionnelle ou à l’Assemblée nationale dont ils réclament la dissolution.

En tout état de cause:

  1. IBK n’a plus rien de patriotique à proposer à son peuple puisqu’en d’autres temps, il en avait les occasions à foison.
  2. Ces politiciens et ces religieux sont absolument comptables de la faillite du président IBK. À la lumière de ce bric-à-brac politico-religieux, il faut dire qu’il est question de tout sauf de l’intérêt supérieur du peuple travailleur du Mali.

Tirant les enseignements de l’histoire du Mali, il convient de rappeler Olympe de Gouges qui disait: «Il ne faut être ni maître, ni esclave, ce peuple un jour brisera ses fers et reprenant tous ses droits écrits dans les lois de la nature, apprendra à ses tyrans ce que peut l’union d’un peuple trop longtemps opprimé et éclairé par une saine philosophie».

Les politiciens maliens dans leur écrasante majorité ont montré à notre peuple qu’ils se battent pour la défense de leurs intérêts privés égoïstes aux dépens de ceux de ce peuple laborieux.

Par ailleurs, il y a le risque fort que les religieux qui se battent sur le terrain politique travaillent pour l’islamisation de nos affaires contre tout caractère laïc de notre État quand bien même la fidélité à Dieu et à l’islam reste discutable dans notre pays, hormis le fanatisme religieux.

Que doit faire à présent le président IBK ?

– Doit-il démissionner pour satisfaire à la demande du Mouvement du 5 juin 2020 avec à sa tête Mahmoud Dicko qui du religieux s’est retrouvé sur le terrain politique.

– Ou alors, doit-il rester à l’écoute de l’Assemblée nationale et de l’autre aile puissante de la religion qui ne s’est pas octroyé le droit de demander au président de rendre sa démission ? À noter ici qu’au-delà de l’Assemblée nationale qui a déclaré son soutien à IBK et du bloc du Chérif Ousmane Madani Haïdara, des voix s’élèvent de l’intérieur et de l’extérieur pour leur soutien aux institutions de la République, au président IBK et donc à la légalité constitutionnelle. Sont de ceux-là des partis politiques de la mouvance présidentielle et l’amicale des anciens responsables et sympathisants de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (AEEM).

À ce jour, en dépit du dialogue recommandé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour une sortie de crise, le Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) n’entend qu’une seule chose: la démission d’IBK avec un cheveu dans la soupe. Le Chérif de Nioro, M’Bouillé Haïdara, s’oppose à ce choix.

Si rien n’est fait de plus, la prochaine étape sera la désobéissance civile que pourrait décréter le M5-RFP.

En tout état de cause, si Ibrahim Boubacar Keïta devrait rendre sa démission, le M5 doit dire au peuple qui va gérer la transition sachant que c’est plus la misère des Maliens que leur amour pour l’Imam Mahmoud Dicko ou pour ces politiciens qui les a poussés dans la rue. Mieux, le Mouvement du 5 juin n’a pas dit ce qu’il fera pour sortir le Mali du marasme multidimensionnel dans lequel il est plongé. C’est bien là un grand questionnement.

Si le président doit rester en poste, il doit se convaincre que la façon dont il gérait le pays est révolue et qu’il faut désormais servir le peuple au lieu de continuer à le distraire. Dans cette foulée, le président Ibrahim Boubacar Kéita doit éviter que le couteau soit sous sa gorge pour bien faire comme ce fut l’exemple de l’article 39 pour l’application duquel les enseignants se battent depuis le début de l’année scolaire 2019-2020.

Que Dieu sauve le Mali pour le bien-être socio-économique, politique et culturel des masses laborieuses !

Fodé KEITA

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