Crise sécuritaire dans le Sahel : Soumaïlou Boubeye Maïga diagnostique le cas du Mali

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L’ancien ministre de la défense et ancien Directeur de la sécurité d’Etat, Soumeylou Boubeye Maiga a animé une conférence à la maison de la presse pour éclairer les hommes de médias sur les enjeux sécuritaires et géopolitiques de la crise que traverse notre pays. C’était le samedi 6 août 2016.

Durant une heure, l’expert en sécurité a tenté détaillé les causes tout en proposant des solutions concrètes à la crise que traverse le sahel dont notre pays fait partie.

Sur le plan sécuritaire, il révèle que le problème est transnational, car il s’agit de l’ensemble des pays du sahel. L’instabilité dans cette zone est causée par les trafiquants de drogue, de cigarettes, d’une part. D’autre part, il a cité la suppression des intérêts occidentaux.

Aussi, il a précisé que la drogue à elle seule a fait 9.000.000 d’euros de bénéfice en 2012 et plus de 84.000.000 d’euros pour la cigarette l’année passée. Et ce sont les mêmes soient disant rebelles et djihadistes qui font ces sales affaires d’où leur riposte au retour de l’Etat.

S’agissant de l’intérêt des occidentaux, il est inutile de rappeler que notre pays regorge d’énormes ressources minières et énergétiques. L’ex ministre des affaires étrangères précise que plus de 33% du gaz européen et 20% du pétrole utilisés par les Américains proviennent de l’Afrique. Toutes ces puissances étrangères se positionnent au nord du Mali, en attendant la phase de production. Et si nos pays tentent de menacer ces intérêts, ils font sortir discrètement leur griffe en provoquant des conflits internes. Ce qui sous-entend qui nous devons accepter de partager ces ressources pour notre sécurité car le pays seul ne peut pas maitriser la zone, dira-t-il.

Pour montrer que le contrôle du nord nous échappe, l’ex directeur de la sécurité d’Etat souligne qu’entre 2008 et 2011, il y a eu 38 enlèvements d’occidentaux dans le sahel dont deux sur le territoire malien. Mais, il se trouve que tous ces otages ont fini par atterrir au nord du Mali.

A propos de l’anarchie au nord causée par les rebelles, l’ex ministre de la défense accuse l’Etat de n’avoir pas donné un agenda précis pour le retour de l’administration après la signature de l’accord.

Réagissant à l’application de l’accord dans cet état actuel, il n’est pas optimiste : « Je ne pense pas qu’on pourrait mettre en œuvre l’accord s’il n y a pas un contrôle effectif de l’Etat sur l’ensemble du territoire. » Et pour ce retour de l’Etat, il préconise la présence de toutes les composantes de l’administration pour reconquérir le cœur des populations.

Quant à la défaite de l’armée à Nampala, Boubeye est formel : « Il ne s’agit pas d’un déficit d’hommes, ni d’équipements non plus ; car, après le départ des assaillants avec certains de nos matériels, d’énormes matériels étaient toujours dans le camp ».

Il pointe le doigt sur la stratégie. En 2012, 2013, l’armée était dans une posture défensive pour investir pour les zones occupées par les forces françaises, tchadiennes etc.. Maintenant que ces dernières sont parties, l’armée malienne doit être offensive et savoir être plus mobile pour anticiper. Il estime que c’est la mauvaise stratégie qui a causé le massacre de de Nampala ; car les militaires occupaient seulement la caserne. Ils ne bougeaient pas car ils n’ont pas une mission de mobilité dans la zone.

Toujours à propos de l’accord, l’ex dira que nous avons un accord pour la paix et non un accord de paix. En cet état, il l’appelle plutôt un accord cadre qui devait être soumis à un débat à l’assemblée afin d’en faire une loi cadre.

Selon lui, le document est à amender. Et s’il doit avoir des autorités intérimaires, SBM souhaite que cela soit sur tout le territoire national. Dans le cas échéant, il propose qu’elles soient remplacées par des collèges transitoires.

Pour le président du parti ASMA-CFP, le nouveau découpage territorial privilégie les communautés au détriment des territoires. Ce fait engendrera  une inégalité dans la représentativité à l’Assemblée en cela que les textes en vigueur prévoient un député pour une population de 60000 habitants ou du moins un député pour chaque cercle. Il donne un exemple en citant Koumèlba qui sera érigé en cercle avec 1000 habitants. Cette localité aura un (01) député comme Kangaba qui a plus de 98000 habitants. Il souhaite que la représentation à l’assemblée prenne en compte l’importance de la population.

A la question de savoir s’il faut négocier avec Iyad comme l’avait suggéré un parti politique, le conférencier est clair : «  Négocier avec quelqu’un, c’est le légitimer ». En d’autres termes, ce serait de légitimer, de valoriser le terrorisme.

 

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