Crise sécuritaire du Mali : L’ADPS récuse le médiateur burkinabé

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Hier matin, le regroupement sociopolitique, Adps, a animé une conférence de presse au cours de laquelle il s’est prononcé sur plusieurs sujets dont la médiation dans la crise institutionnelle et sécuritaire, les négociations en cours à Ouaga entre le médiateur et des groupes armés criminels, lés élections en cours de préparation, et les concertations nationales.

Blaise Compaoré, président du Burkina Faso

Au siège du parti CNAS (Convention nationale pour une Afrique solidaire), l’Adps (Alliance des démocrates patriotes pour la sortie de crise) a animé une conférence de presse sur la situation générale du pays. Au présidium, Edmond Dembélé, secrétaire politique de la Cnas et principal conférencier, Nouhoum Sarr, président du parti Front africain du développement, et Ibrahim Timbo, président de l’Association jeunesse avenir du Mali. L’Adps, ce regroupement politique fort d’une vingtaine de partis politiques et associations, hausse le ton à un moment crucial de l’histoire du Mali pour se prononcer sur les crises institutionnelles, politiques et sécuritaire que traverse ce pays. Aussi, cette rencontre avec la presse était-elle pour lui l’occasion de faire des propositions pour un règlement durable de ces différentes crises. Mais d’emblée, le regroupement de Soumana Sako récuse le médiateur désigné par la Cédéao, à savoir le président burkinabé. Il est reproché à Blaise Compaoré de rouler contre les intérêts du peuple malien, en essayant notamment de «remettre en selle les séparatistes du Mnla et les terroristes d’Ançardine, face masquée d’Aqmi » Or, les éléments du Mnla sont ceux-là mêmes qui, le 17 janvier, ont pris les armes contre leur mère patrie en s’alliant avec des groupes terroristes étrangers. Le Mnla est constitué essentiellement de déserteurs et de criminels qui ont « sur la main le sang de centaines de civils et militaires » et sur la conscience des crimes de guerre comme la destruction de sites culturels et de symboles historiques. Selon le conférencier, depuis le début de sa prétendue médiation, le président burkinabé n’a eu de cesse à travestir la nature de la rébellion armée menée par un groupuscule minoritaire présentée comme un conflit opposant les populations du nord du Mali à celles du sud. Ce n’est pas le moindre mal car Blaise Compaoré s’évertue également à se substituer aux autorités nationales légitimes et à imposer un schéma institutionnel violant la Constitution de la République du Mali. Cette complicité avec les groupes armés, Mnla et Ançardine, selon le conférencier, fait du médiateur « le commandant en chef des forces armées rebelles menaçant l’intégrité territoriale et l’unité nationale », qui veulent remettre l’unicité du pays par des formules comme la fédération, la confédération ou l’indépendance. Une crainte fondée sur le fait que le ministre burkinabé des affaires étrangères est celui-là même qui a piloté le processus ayant abouti à la scission du Soudan. Les pouvoirs publics doivent donc, estime l’Adps, récuser le médiateur burkinabé car il n’est pas question de négocier avec le Mnla et Ançardine pas plus qu’avec le Mujao ou Aqmi.
Que faut-il donc faire ?
Le conférencier a rappelé que son regroupement a été le premier à proposer un schéma concret de sortie de crise. En effet, dès le 26 mars, soit quatre jours après le coup d’Etat qui a renversé le pouvoir d’ATT, l’Adps a proposé l’organisation d’un congrè extraordinaire du peuple malien, chargé de baliser une transition saine et apaisée. Aujourd’hui encore, il se propose de convier toutes les forces vives de nation, sans exclusive, à participer à une table ronde destinée à réfléchir sur les voies et moyens d’une sortie durable de crise. L’Adps a déjà commencé les consultations avec les autres regroupements sociopolitiques et les acteurs majeurs de la société civile et compte tenir la table ronde au cours des premiers jours du mois de décembre.
L’Adps s’est également prononcée sur les élections que certaines puissances occidentales, pour des raisons connues d’elles seules, veulent imposer aux autorités et les concertations nationales prévues pour la semaine prochaine. Sur le premier point, l’Adps s’oppose fermement à toute idée visant à organiser des élections générales avant la libération des régions occupées. En tenant ces scrutins, les autorités reconnaitraient et entérineraient de jure la partition du pays, et donneraient encore plus de temps aux hordes criminelles de s’incruster. Il n’est donc pas question de tenir des élections sans les populations du nord. C’est pour cette même raison que, sur le second point non plus, l’Adps n’est pas d’accord avec la tenue de concertations nationales telles que concoctées par le gouvernement, c’est-à-dire des assises sans les populations du nord qui ont aussi leur mot à dire sur la gestion du pays.
Au cours des débats qui ont suivi avec les journalistes, le conférencier a maintenu la position de son regroupement, à savoir non au médiateur burkinabé, non aux négociations avec les groupes armés criminels, non à des élections sans les régions sous occupation de bandes criminelles, non à des concertations « nationales » sans les populations du nord. En revanche, il convie toutes les forces vives de la nation à la table ronde que son regroupement projette d’organiser.
Sera-t-il entendu dans un pays où les responsables ne perdent jamais une occasion de se s’opposer ?
Cheick Tandina

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2 COMMENTAIRES

  1. Je demande aux frères maliens de s’ouvrir au dialogue. Car la guerre n’a jamais profité à personne. Si le MNLA et Ansardine à un moment de l’histoire reconnaissent qu’ils sont maliens comme vous aussi,il ya lieu de les accepter. On dit que l’enfant égaré qui retrouve le chemin de son domicile est synonyme de joie. C’est difficile on le sait tous mais acceptez de pardonner. Regradez autour de nous comment la paix est dificile à reconstruire. Le pésident du Faso milite pour cette paix très chère à rechercher. Lui qui a eu à jouer la médiation, connaît comment il est important de se parler que de s’entre tuer. On vous aime, ne laissez pas la vengeance prendre le dessus. Un burkinabè qui vous aime.

  2. Crise, nation et pouvoir: le Mali qui s’affaisse.

    Au moment où le combat de coq s’estompe entre le Mnla et le Mujao à Ménaka, Romano Prodi, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Sahel estime à septembre 2013 la date d’une éventuelle intervention militaire étrangère au Mali.

    Diversion ou réelle estimation?

    En tout cas, ce délai grand format contraste avec les accélérations des événements politiques, diplomatiques et militaires des dernières semaines qui se sont achevés à Abuja le 11 novembre 2012 par l’adoption d’un “concept d’opération” devant être défendu à l’Onu par les pays africains en faveur d’une action militaire étrangère au nord du Mali.

    Par ailleurs l’union européenne, en posant quatre conditions au Mali, pour reprendre la plénitude de sa coopération avec le Mali, emboîte le pas aux États-Unis d’Amérique pour ce qui est le respect de la légalité constitutionnelle au Mali.

    Elle posent comme conditions, entre autres, l’organisation des élections et la mise à l’écart des putschistes du 22 mars dans l’exercice du pouvoir transitoire pour bénéficier de la plénitude de l’aide européenne.

    Les maliens à travers CMD et ses gouvernements de copains familiaux, Dioncounda Traoré et les membres du Cnrdre ne cessent de défier américains et européens pour saboter chaque jour la légalité constitutionnelle au Mali et faire la promotion de l’illégalité militaire et civile à travers la carte blanche donnée à l’organisation illégale qu’est le Cnrdre, ses membres et ses partis et associations politiques supporteurs, dans la conduite des affaires de la transition politique au Mali.

    Leur dernière trouvaille, ce sont les “concertations nationales” ou sa mascarade qu’ils veulent substituer à notre constitution pour diriger le Mali dès le 26 novembre 2012, au moment même ou tout le monde s’active pour aider le Mali, malgré la panne de légalité constitutionnelle déjà inquiétante dans le pays.

    C’est un véritable pied de nez à tous ceux qui aspirent à voir un Mali démocratique.

    Du coup notre pays, avec les souffles du chaud et du froid des dirigeants de la transition politique, n’est plus crédible au yeux de nos partenaires européens et américains.

    C’est pour cela qu’ils nous la jouent eux aussi à l’envers, en nous imposant la négociation contre nature avec les criminels du Mnla, qu’ils savent non sérieux et non crédibles également.

    Mais entre nous quelle est la différence entre non crédible et non crédible?

    Franchement rien!

    Donc le Mnla requinqué par ces appels à négociation a commis l’erreur aussi arrogante que fatale de s’attaquer au Mujao, c’est à dire son grand frère et le résultat n’est pas du tout beau à voir: un véritable carnage à Ménaka, un peu comme Aguelhoc élevé à la puissance deux.

    Blaise Compaoré se prend trop au sérieux avec ces guignols du Mnla crime, qui deviennent du coup ses enfants adoptifs un peu trop gâtés.

    CMD le grand troubadour de la transition qui rêve de diriger le Mali comme président après l’avoir fait comme premier ministre “pleins pouvoirs nuls”, multiplie les contradictions et les voyages inutiles pour finalement revenir à la cage négociation avec le Mnla et Ansardine (après tant de crimes abominables de ces deux organisations criminelles), c’est à dire exactement au même stade où se trouvaient ATT et son régime juste avant le coup d’état qui les ont balayés le 22 mars 2012.

    22 mars 2012, 22 novembre 2012, cela fait 8 mois jour pour jour que le Mali tourne en rond sans avoir ni une orientation claire sur la conduite de la transition politique incrédule (qu’on n’aurait j’aimais entammé simplement en refusant le coup d’état stupide, inutile et dangereux pour notre pays) ni une vision claire pour régler le problème du nord (guerre ou négociation même l’Onu ne le sait plus malgré l’activisme de François Hollande, car le Romano Prodi le prédit pour septembre 2012 si jamais guerre il y aura).

    Mais le Mali a perdu entre temps et bêtement, sa démocratie, sa stabilité politique, sa cohésion sociale et son dynamisme économique, le pays qui était à genou s’affaisse maintenant sur lui même comme un loup servier s’écroule sous les balles de chasseurs professionnels.

    Chaque jour que Dieu fait, les populations du nord du Mali souffrent en majuscule alors que Bamako et ses responsables politiques et militaires brillent en minuscule par une incrédule irresponsabilité qui me laisse pantois.

    Ainsi va le pays de Soundiata Keita et de Modibo Keita.
    Quel gâchis!

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