L’opposition ne décolère pas. Elle a organisé une nouvelle marche, le samedi 1er septembre 2018, à Bamako et à l’intérieur, ainsi qu’à l’extérieur du pays, pour contester les résultats de l’élection présidentielle. Aussi les manifestants réclament la libération de certains proches du candidat Soumaïla Cissé, interpellés en début de semaine. A cet effet, des centaines de milliers de personnes ont, de nouveau marché, dans les rues de Bamako, Kayes, Sikasso, Mopti, Ségou, Nioro du Sahel, Abidjan, Paris, New York… A Bamako, la marche a pris le départ à la Place de la Liberté pour prendre fin à la bourse du travail, en passant par le monument de l’Indépendance.
C’est une nouvelle démonstration de force que celle que s’est livrée l’opposition malienne, le samedi dernier, la mobilisation était forte encore. En effet, ils étaient plusieurs milliers de personnes à prendre part à cette marche. Outre la contestation de l’élection du Président de la République, les manifestants réclamaient aussi la libération de Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri, deux soutiens du candidat Soumaïla interpellés en début de semaine.
‘’IBK, voleur”, “Non au coup d’Etat électoral”, “Soumaïla Cissé, président”, scandaient les manifestants, qui ont marché sur plusieurs kilomètres.
Mountaga Tall, Choguel K Maïga, Me Mohamed Ali Batilly, Tièbilé Dramé, Dramane Dembélé, Konimba Sidibé, RAS bath, Abdoulaye Touré .., tous ces différents leaders de partis politiques et de la société civile qui se sont exprimés à la fin de marche sont formels. Le Mali ne peut plus marcher dans la tricherie, sur le vol des voix des citoyens dans les urnes, dans le bourrage des urnes à la place des déplacés, en fraudant, dans l’achat des voix, en intimidant le peuple par l’instauration d’un régime policier. Tous sans exception, fustigent les conditions de déroulement du scrutin présidentiel y compris l’ «émissaire» du Cherif du Nioro du Sahel.
Selon Soumaïla Cissé, la marche d’aujourd’hui est un signe de maturité du peuple malien « ce qu’on veut c’est de respecter la loi, de mettre nos votes à leur place, avoir un président dont on peut se glorifier d’avoir élu sans triche, vol, mascarades, bourrages d’urnes, etc. On n’est sur la voie de la vérité, c’est pourquoi nous défendons le droit ».
Il a par ailleurs déclaré que les deux militants de sa coalition, Paul Boro et Moussa Kimbiri, “arbitrairement arrêtés” ces derniers jours, avaient décidé “d’entamer une grève de la faim ce samedi, parce qu’ils n’ont pas été présentés au juge”.
Il appelle ses partisans à rester mobilisés pour leur libération: « Paul et Kimbiri sont en grève depuis ce matin, ils ont décidé que la loi s’applique à eux pour qu’ils soient libérés. Vous devez tous les soutenir pour cela. Vous devez tous faire en sorte, que nous soyons tous considérés comme des gens qui sont en grève de la faim. Le gouvernement, le président de la République et ceux qui ont “traficoté” les votes prennent la responsabilité totale et entière de ce qui peut arriver à Paul et à Kimbiri ».
Le chef de file de l’opposition a aussi lancé un appel à la communauté internationale. « Je voudrais dire à l’ensemble de la communauté internationale de faire attention à la colère du peuple. Un peuple en colère, c’est quelque chose de dangereux. Il faut l’écouter à temps », a lancé Soumaïla Cissé. Et le chef de file de l’opposition d’ajouter « le peuple malien est en colère! Il est en colère par ce qu’on a volé son vote. Il est en colère par ce que la fraude est devenue la règle dans notre pays. Il est en colère par ce que sa république est dévoyée. Il est en colère par ce que sa démocratie est en train d’aller à Vau-l’eau ».
Cette manifestation intervient alors que neuf candidats de l‘élection présidentielle ont annoncé l’introduction d’une requête auprès de la cour suprême. Dans ce recours ces candidats contestent la décision de la Cour constitutionnelle. Ils demandent à la Cour suprême de ne pas officier l’investiture du candidat Ibrahim Boubacar Keita.
A l’intérieur, comme dans plusieurs pays à l’étranger (France, Belgique, Etats-Unis, Côte D’Ivoire, Burkina Faso, Sénégal), les Maliens se sont mobilisés pour dénoncer les résultats de l’élection présidentielle et fustigés la complicité de la communauté internationale dans cette mascarade électorale. A Paris, la diaspora dénonce le président Emmanuel Macron, accusé de complicité…
Mémé Sanogo