Crise politique au Mali : L’opposition empêchée une fois de plus de manifester

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Somaila Cissé lors de la conférence nationale

Le grand rassemblement populaire du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), de la Coalition des Forces patriotiques (COFOP) et de l’Adema Association prévu, le samedi 15 décembre 2018 dans l’après midi à la Place de la liberté de Bamako, n’a pas pu se tenir. Si, le 8 décembre dernier, les manifestants ont pu se rassembler et on été, par la suite, réprimés, cette fois-ci, le samedi 15 décembre 2018, ils n’ont pas pu se rassembler à cause de l’impressionnant dispositif sécuritaire qui était déployés dans les grandes artères du centre ville de Bamako. Du 2 juin au 15 décembre, cela fait au moins la quatrième fois que l’opposition a été empêchée de manifester. Cette interdiction de manifester a été dénoncée par les opposants.

Le samedi dernier, aux environs de 15 heures, on apercevait un impressionnant dispositif sécuritaire au niveau du monument de l’indépendance,  au niveau de la bourse du travail et au niveau de la place de la liberté de Bamako. Ces forces de l’ordre ont décidé d’empêcher le grand rassemblement populaire du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), de la Coalition des Forces patriotiques (COFOP) et de l’Adema Association contre les « dérives » du régime en place. «Les forces de sécurité nous empêchent de manifester parce qu’elles savent que la vérité est de notre côté. On a quitté derrière le fleuve pour venir manifester. Mais une fois arrivées au niveau du Pari Mutuel Mali (PMU-Mali), les forces de l’ordre sont venues nous chasser d’ici. Or tout le monde sait que la démocratie a été acquise au prix du sang au Mali », c’est la voix de détresse d’une manifestante, Nana Alassane Maïga qui a accepté de nous donner ses impressions sous un hangar près du PMU-Mali à 200 mètres du lieu de Rassemblement. Au moment de notre échange où elle étalait ses mésaventures, elle nous suggère  de ne pas porter le gilet de presse au risque d’attirer la foudre des forces de l’ordre. Sous le même hangar, aux environs de 18h, un autre manifestant précise qu’à force d’interdire systématiquement les manifestations, la pagaille risque d’éclater un jour. Furieux de cette attitude des forces de l’ordre, le chargé de communication du chef de file de l’opposition, Nouhoum Togo a fait savoir que cette interdiction de manifestation par les forces de l’ordre est une déception dans un pays comme le Mali. Avant d’ajouter que deux manifestantes ont été arrêtées au niveau du grand marché de Bamako. « La logique pour eux, c’est de faire la répression, c’est de créer les conditions pour violenter les gens. On se trouve dans une situation où on est en train de paralyser la démocratie », a-t-il dit. Avant de signaler que les lieux de regroupement (palais de la culture, champ hippique etc.) ont été pris en otage par les forces de l’ordre. Mais, Nouhoum Togo persiste et signe qu’ils vont maintenir la pression. « Nous allons continuer à manifester », a-t-il dit. A l’allure où vont les choses, Nouhoum Togo craint que les résolutions de la concertation nationale prévue pour janvier prochain ne soient imposées à la population malienne. A signaler que du 2 juin 2018 à nos jours, cela fait au moins la quatrième fois que l’opposition a été empêchée de manifester. Le 2 juin 2018, la marche organisée par l’opposition républicaine et démocratique et la Société civile pour exiger la transparence et la crédibilité de l’élection présidentielle du 29 juillet, a été réprimée dans le sang à Bamako. Une trentaine de manifestants avaient été blessés. Le 16 novembre 2018, le meeting du FSD et de la COFOP a été dispersé par les forces de l’ordre à l’aide des gaz lacrymogènes. Il y a eu des blessés dont un député et des interpellations. Le 8 décembre 2018, la marche de l’opposition a été réprimée. Il y a eu également des blessés et des interpellations. Le 15 décembre 2018, le rassemblement de l’opposition a été carrément empêché.

A rappeler que dans leur communiqué de presse en date du 12 décembre 2018, le FSD, la COFOP et l’Association ADEMA invitaient leurs militants, sympathisants et l’ensemble des forces vives du pays à participer au rassemblement populaire le samedi 15 décembre 2018 à partir de 15h à la Place de la Liberté de  Bamako. Le communiqué de presse précise les thèmes du rassemblement du 15 décembre qui sont entre autres : la défense des libertés de réunion et de manifestation ; l’abrogation de l’Arrêté « illégal et anticonstitutionnel » du 4 décembre ; la ferme condamnation des violences policières ; la dégradation de la situation au centre du Mali (au moins 1200 morts en deux ans) ; l’opposition à la division et à la déstabilisation du pays par les projets de “découpage territorial” ; la dénonciation de l’insécurité grandissante ; la cherté de la vie et les difficultés financières de l’État, résultats de la gabegie et de la mauvaise gouvernante ; l’incapacité des « autorités de fait » à relever les défis, et enfin, pour dénoncer « l’insouciance d’État ».

Aguibou Sogodogo

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