Que de dégâts le coup d’Etat du 22 mars 2012 aura causés ! Point besoin de revenir sur les scènes de pillages, d’arrestations arbitraires de personnalités civiles et militaires et surtout l’épisode incendiaire des affrontements fratricides entre bérets rouges et bérets verts. Tous ces actes ont certainement entraîné le pays dans un gouffre tant au plan économique (matériels de bureau emportés dans plusieurs ministères) que diplomatique par la rupture de la coopération d’avec les partenaires techniques financiers.
Si on ajoute à ces préjudices, l’impact socio-économique du coup de force, on comprend que le Mali va certainement mettre beaucoup de temps avant de combler le recul ainsi entraîné. A titre illustratif, combien d’hôtels et autres entreprises ont mis la clé sous le paillasson dans cette crise ? Combien cela coûte-t-il comme manque à gagner à l’Etat malien en terme d’impôts et taxe ? On parle de plusieurs dizaines de milliards de nos francs. Ce qui entraîne, comme le disait le week-end dernier, le ministre chargé du Budget, Marimpa Samoura, un gouffre financier important se concrétisant par la réduction de certaines dotations budgétaires.
A titre d’exemple, le financement public des partis politiques, l’aide de l’Etat à la presse au compte de la loi des finances 2013 seront substantiellement revus à la baisse. Les dépenses non nécessaires, elles, supprimées. Ainsi, le trou abyssal provoqué dans plusieurs secteurs d’activités mettra du temps à être comblé. Même si les partenaires du Mali renouaient dans les prochains mois les liens de coopération avec le pays, les impacts négatifs de cette crise prendront du temps à être effacés. Comme le dirait l’autre ” c’est facile de détruire, mais il est difficile de construire”.
A propos de la libération des régions nord occupées par la pègre islamico-terroriste, il serait illusoire de penser que la reconquête de l’intégrité territoriale du Mali est pour demain. La voie de la négociation a peu de chance de succès. C’est par pure illusion que l’on rêve de voir des criminels, qui se sont emparés de vastes zones du territoire malien par les armes, refluer pour les beaux yeux de quelques négociateurs envoyés par le gouvernement ! C’est par le canon que le problème du septentrion malien sera réglé avant d’être consolidé par le dialogue. Et l’appui extérieur est nécessaire.
La lettre que le président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré vient d’envoyer au président en exercice de la CEDEAO pour requérir l’intervention de cette organisation pour aider le Mali dans la récupération des 2/3 de son territoire devrait intervenir plus tôt. Au plus fort moment de la contestation de cette sollicitation par quelques extrémistes. Cette demande va à présent enclencher le processus des sommets des chefs d’Etats majors, de rencontres des chefs d’Etat et de gouvernement pour enfin saisir le Conseil de sécurité des Nations Unies en passant par un mandat de l’Union africaine. Toutes ces procédures prendront encore le temps qu’il faut.
Pendant ce temps, il est probable que l’envahisseur se sentant menacé, essaie de se renforcer… Ce qui augure des combats intenses sur de vastes étendues désertiques où le MUJAO, AQMI et leurs alliés kamikases voudront jouer à la résistance, comme ils se plaisent à le diffuser dans des messages vidéo sur leurs sites d’information. Même si ce n’est pas de la mer à boire pour les troupes africaines appuyées par une aviation conséquente, il serait naïf de penser que ces combats seront comme le guerre des six jours entre Israël et les pays arabes. En clair, cette guerre ne sera pas une sinécure!
Par ailleurs, avec un rassemblement des forces politiques pour sortir le pays de la crise, l’autre mérite du gouvernement d’union nationale est d’amener, à des degrés divers, différents pôles politiques à la soupe. Lorsqu’on sait que la participation au gouvernement est un créneau pour les ministres de soutenir leurs partis politiques, il y a de quoi comprendre que les uns et les autres ne se pressent pas d’aller si vite au bout de cette période transitoire. Le temps va être mis à profit pour promouvoir des cadres des différentes formations politiques au sein des cabinets ministériels. Histoire d’aider les partis à… tenir durant cette période des vaches maigres et surtout de diminution du financement public des partis politiques. Dans ce contexte et, étant entendu qu’aucune formation politique n’est sûre de remporter les prochaines élections, une transition prolongée ne gênera pas grand monde au sein du microcosme politique. Ce qui conduit nécessairement à une période transitoire plutôt prolongée. Surtout que le débat sur le fichier électoral biométrique ou consensuel restera pour longtemps posé.
Bruno D SEGBEDJI
sanogo mort ou vif
Je pense très sincèrement que cette forme de transition qui n’a rien de constitutionnel prendra plus de temps que le journaliste a prévu. L’exemple de Gbagbo en CI est là pour l’illustrer à merveille. Quand on a le pouvoir par des voies détournées et quand on sait qu’on a pas d’assises réelles solides pour le garder après des élections “transparentes”, alors on joue la montre pourvu que ça dure. On ne sera pressé d’entreprendre quoi que soit, et on arguera toujours la stabilisation de la situation pour aller aux élections. Mais, c’était aussi le jeu qu’ ATT voulait mener, puisque déjà une bonne partie du septentrion était déjà partie avant sa chute.
Dans cette perspective, Aux ministres, ayant des penchants prédateurs, disons :”de grâce, les ressources sont insignifiantes, ayez pitié de ce pays meurtri”.
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